17 oct 2024

Art Basel Paris : rencontre avec l’artiste ultra pop Jamian Juliano-Villani

Née en 1987, Jamian Juliano-Villani, déjà présente dans les collections du Whitney et du Guggenheim, se fait l’écho du monde contemporain dans ses œuvres figuratives aux couleurs saturées, immergées dans la pop culture et la société de consommation. Alors qu’elle donne, à l’occasion de Art Basel Paris, une conférence aux Beaux-Arts le 17 octobre 2024 à 19h, l’artiste se confie à Numéro sur son parcours, ses sources d’inspiration et ses projets.

Propos recueillis par Nicolas Trembley.

Jamian Juliano-Villani, Upon recommendation of the Faculty (2019). Acrylique sur toile, 182,8 x 152, 4 cm. Courtesy of Massimodecarlo.
Jamian Juliano-Villani, Upon recommendation of the Faculty (2019). Acrylique sur toile, 182,8 x 152, 4 cm. Courtesy of Massimodecarlo.

L’énergie de Jamian Juliano-Villani semble sans limites, tout comme la culture de la consommation, qu’elle parodie dans ses peintures. Produites selon ses instructions dans des ateliers chinois, ses œuvres voyagent dans un univers figuratif ultra pop dans lequel on croise des références élastiques qui vont de Mike Kelley à la bande dessinée. L’image sous toutes ses formes constitue le cœur de la matrice créative de cette artiste qui secoue le monde de l’art américain.

À New York, où elle travaille, elle a ouvert un lieu d’exposition-galerie qui emprunte son nom à un pub imaginaire, ‘Flaherty’s, qu’elle dirige avec l’artiste Billy Grant et une amie. Nous l’avons rencontrée alors qu’elle prépare à Paris un projet à l’occasion d’Art Basel Paris avec Pourquoi Paris, une structure fondée par la curatrice Julie Boukobza.

Interview de l’artiste Jamian Juliano-Villani

Numéro : Quel a été votre parcours ?

Jamian Juliano-Villani : Je viens du New Jersey, un État de la côte est coincé entre New York et le Connecticut. Mes parents voulaient que je fasse mes études dans une université publique du coin, et c’est comme ça que j’ai atterri à Rutgers, à la Mason Gross School of the Arts, où Allan Kaprow a enseigné et développé le mouvement Fluxus. D’autres artistes qui m’ont influencée sont aussi passés par l’école : Roy Lichtenstein, Robert Smithson, William Pope.L, Alice Aycock et tant d’autres. J’ai eu l’occasion également de donner un coup de main au Brodsky Center, où j’ai rencontré John Yau, qui ma initiée à l’écriture. Le Zimmerli Museum, au sein de l’université Rutgers, a eu une très grande influence sur moi. Il réunit la plus grande collection d’art non conformiste soviétique au monde.

Vous souvenez-vous de votre première rencontre avec l’art ?

Non, je ne m’en souviens pas.

Quelles sont vos principales sources d’inspiration ? Y a-t-il des sujets qui vous captivent particulièrement ?

Pour qu’un sujet me captive, il faut surtout que je m’en sente proche. J’ai tendance à préférer les récits très personnels, mais cela peut se manifester sous n’importe quelle forme.

Outre votre activité d’artiste, vous dirigez également une galerie, O’Flaherty’s. Pourquoi et comment êtes-vous impliquée dans cette structure ?

La galerie O’Flaherty’s est née d’un constat : pour produire une exposition qui corresponde réellement à ses attentes, un artiste a besoin de l’appui d’un autre artiste. Je gère ce lieu avec Billy Grant, qui est lui aussi artiste. Nous sommes amis depuis plus de dix ans.

Quelle est, à vos yeux, l’importance de l’atelier ? Comment s’organise votre travail ?

L’atelier est extrêmement important pour moi. J’ai en effet une galerie, mais ce n’est pas un lieu consacré à mon travail artistique. J’ai un appartement, que je partage avec Billy, mais le temps que j’y passe n’est pas non plus un temps où je m’isole. L’atelier est donc le seul endroit où je me retrouve seule, où je peux “contrôler” le monde qui m’entoure.

Quand savez-vous qu’une œuvre est achevée, et d’ailleurs, que signifie ce mot pour vous?

Ça, c’est la seule question à laquelle je n’ai pas de réponse.

“Il faut toujours penser aux corps et à la relation qu’ils auront avec l’œuvre – à la manière dont les gens vont aborder celle-ci.”

Jamian Juliano-Villani

La scénographie et l’architecture du lieu d’exposition sont-elles importantes pour vous ?

Il faut toujours penser aux corps et à la relation qu’ils auront avec l’œuvre – à la manière dont les gens vont aborder celle-ci.

Où voudriez-vous que s’inscrive votre travail ? Dans quelle histoire en particulier ?

Je ne tiens pas du tout à l’inscrire où que ce soit – en tout cas pas dans l’histoire. L’enjeu, c’est d’abord celui d’une expérience.

Vous sentez-vous proche d’une communauté ou d’un mouvement?

À l’adolescence, je me sentais des affinités avec le courant de rock progressif R.I.O., rock in opposition. C’était avant tout un mouvement musical et j’étais trop jeune pour y participer, mais j’étais fan. Maintenant, mon truc, ce serait plutôt les vrais orchestres.

Y a-t-il des choses dont vous aimeriez faire prendre conscience à travers votre pratique artistique ?

Que l’on fait de l’art tous les jours, partout – sans même s’en rendre compte.

Vous avez plusieurs projets à Paris. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Ce que je peux vous dire, c’est que je vais faire un portrait de David Beckham dans un garage et en très bonne compagnie, pendant la Art Week.

Conférence de l’artiste aux Beaux-Arts de Paris le 17 octobre 2024 à 19h.