3 avr 2025

PAD Paris : qui sont les lauréats de l’édition 2025 ?

Aux abords du jardin des Tuileries, le PAD Paris, ouvert jusqu’au 6 avril 2025, dévoile la fine fleur du design. Numéro revient sur les lauréats des Prix de cette nouvelle édition, entre créations contemporaines surprenantes et décorations de stand fascinantes.

  • Par Camille Bois-Martin.

  • La galerie du Passage, lauréate du Prix du stand

    À la fin de la première journée d’ouverture du PAD Paris, ce 2 avril, les directeurs de la galerie du Passage sont encore en train de repenser l’agencement de leur stand. Pourtant, celui-ci vient d’être récompensé, dans l’après-midi, du Prix du stand par le jury. Disposés dans un espace rectangulaire, les meubles, décorations et peintures de l’artiste Richard Peduzzi façonnent une petite bulle aux couleurs vibrantes qui attirent immanquablement le regard des visiteurs.

    Des motifs cubiques de ses tapis peints accrochés aux cimaises en passant par la géométrie des motifs des chaises et des lampes, tout ici se répond. “L’idée était montrer le travail de Richard Peduzzi comme une œuvre entière, explique Antonine Catzeflis, directrice de la galerie du Passage aux côtés de Pierre Passebon. Nous avions été stupéfaits par son exposition au Mobilier national [présentée fin 2024], et quelle meilleure façon de le représenter à l’international que de l’exposer au PAD ?

    Sur le stand récompensé se croisent ainsi des pièces créées par l’artiste français de 82 ans pour le Mobilier national (des tables) autant que des créations achetées pour la galerie et d’autres (des lampes) conçues pour la Villa Médicis à Rome. “Nous avons imaginé l’agencement de sorte qu’il n’y ait plus de notions de meubles, de dessins ou d’objets concrets, et que le visiteur pénètre un ensemble cohérent, total, témoin de toutes les qualités et les savoir-faire mobilisés par Richard.”

    Richard Peduzzi à la galerie du Passage, stand 72 au PAD Paris.

    La chaise longue de Tom Dixon, lauréate du Prix du design contemporain

    Au sein de l’espace de la galerie Romain Morandi, une pièce détonne. Cette chaise longue en fonte perforée d’une multitude de trous, signée Tom Dixon (né en 1959), cohabite avec des chaises en bois de Josef Hoffmann (1870-1956), un canapé en velours de Jasper Morrison (né en 1959), et une série de pièces design issues de tous les mouvements qui ont marqué le 20e siècle. “Nous travaillons sur les ruptures majeures qui ont animé l’histoire des arts décoratifs, de la Sécession viennoise à l’École d’Amsterdam. En résumé, avant 1925 et après 1975”, nous explique Romain Morandi, fondateur éponyme de la galerie exposée au PAD Paris cette année. Parmi toutes les créations exposées, c’est donc celle de Tom Dixon qui a retenu l’attention du jury de cette nouvelle édition pour le Prix du design contemporain.

    “Elle est datée de 2008, donc il y a déjà presque une vingtaine d’années. Mais elle reste très contemporaine car elle mobilise des problématiques tout à fait actuelles : elle pose d’abord la question de la durabilité par sa matière, qui est pensée pour résister sur un millénaire.Également celle de la transmission culturelle, car elle a été conçue pour le château de Sudely, en Grand-Bretagne, dont tout le mobilier historique avait disparu.” Imaginée aussi bien pour l’extérieur que pour l’intérieur, cette chaise pèse non moins de 400 kilos. Elle est donc impossible à déplacer, voire indestructible, sans être démontée.

    Sa surface patinée traduit également les techniques mobilisées lors de sa conception, comme la fonte et les trous découpés au chalumeau – une technique utilisée dans la fabrication des sous-marins. “Je trouve que cette chaise a aussi une dimension presque romantique, poursuit le galeriste. En dépit de son aspect industriel, elle évoque ces murs de pierres recouverts de lierre que l’on retrouve dans les jardins anglais. On l’imagine assez bien face à un lac, mangée par la nature environnante.” Une vision contemplative, qui séduira assurément les visiteurs et les collectionneurs…

    La chaise longue de Tom Dixon, galerie Romain Morandi, stand 10 au PAD Paris.

    Le Prix historique attribué au lit à baldaquin de Maria Pergay

    Trônant au bord d’une allée du PAD Paris, un large lit à baldaquin convoque autant de rêveries que de fascinations. En acier brossé, son cadre se décore délicatement de rideaux beige. Tandis que le matelas et ses oreillers, parfaitement tirés au millimètre près, évoquent le décor d’une somptueuse chambre d’hôtel de luxe. Lauréat du Prix historique, ce meuble, signé de la designer Maria Pergay (1930-2023) et exposé devant un mur rouge profond à la galerie Meubles et Lumières, renferme une histoire fascinante.

    En 1971, la créatrice française se trouve en Iran (plus précisément à Persépolis), à l’occasion des festivités du 2 500e anniversaire de la fondation de l’Empire perse. Elle se voit alors confier la réalisation d’un lit qui serait la pièce centrale de la chambre d’une certaine Farah Pahlavi, impératrice d’Iran, au sein de la nouvelle “cité des tentes”. Mais la tâche, de taille, demandait à la fois une touche de modernité et un certain classicisme. Notamment pour ne pas rompre avec l’harmonie de la décoration de la pièce, composée d’un bureau et d’un miroir de l’époque de Louis XIV et de tables basses en plexiglas transparentes de l’Atelier A.

    Maria Pergay imagine alors ce lit à baldaquin imposant, que la forme en X et le métal chromé dote d’un style très contemporain. Le succès retentissant de ce projet offre à la designer une solide réputation et lance ainsi sa carrière en Hexagone, comme à l’étranger.

    Le lit à baldaquin de Maria Pergay, galerie Meubles et Lumières, stand 61 au PAD Paris.

    PAD Paris, du 2 au 6 avril au jardin des Tuileries, Paris Ier.