PAD Paris : les nouvelles galeries design à découvrir
De retour du 2 au 6 avril au jardin des Tuileries, le salon du PAD Paris reçoit quinze nouveaux exposants, dont la galerie burkinabée Maison Intègre, la mexicaine Unno Gallery et la londonienne Sarah Myerscough, qui présenteront des trésors du design venus du monde entier.
Par Matthieu Jacquet.
© Matilde Travassos.
Lampe sculpturale Écho, imaginée par Brendan Ravenhill pour Maison Intègre. Bronze à la cire perdue.
© Matilde Travassos.
Maison Intègre : le savoir-faire burkinabé en majesté au PAD Paris
Année après année, le PAD a su accueillir des galeries défendant des artistes issus des quatre coins du monde. Et si l’Europe occidentale (France, Royaume-Uni, Italie) et les États-Unis occupent toujours une place de choix dans la sélection du salon international d’art et de design, un continent bénéficie cette année d’une visibilité plutôt rare dans les stands de sa 27e édition parisienne : l’Afrique, grâce à la première participation de Maison Intègre, basée entre Paris et Ouagadougou.
Depuis 2017, sa fondatrice Ambre Jarno s’est donné pour mission de valoriser les savoir-faire au Burkina Faso en produisant des meubles et des objets suivant une technique ancestrale locale, le bronze à la cire perdue. Régulièrement, elle invite des designers à imaginer une collection de pièces qui seront ensuite fabriquées par des artisans locaux à l’aide de métaux recyclés et de matériaux naturels. Ainsi, Maison Intègre emploie aujourd’hui une quinzaine de Burkinabés sur place, et a même créé sa propre fonderie il y a trois ans pour centraliser et autonomiser sa production. Un autre aspect essentiel de sa démarche est le dialogue avec la culture ouest-africaine et la mise en avant de son patrimoine. Dans le cadre de leur collaboration avec la structure, les designers sont invités à rester au Burkina Faso et à s’inspirer aussi bien des architectures que des objets usuels de la région.
Au PAD Paris, Maison Intègre présente une sélection de ses pièces phares, à l’instar de sa remarquable lampe Y imaginée par Noé Duchaufour-Lawrance. Pour définir la forme élémentaire en fourche de cette lampe d’environ 1,75 m de hauteur, qui rappelle les baguettes de sourcier, le designer s’est inspiré des échelles faites en une pièce de bois utilisées par plusieurs peuples du Mali. Autre création marquante, la petite lampe Écho signée Brendan Ravenhill, qui joue elle aussi avec les qualités esthétiques du bronze. De loin, la lumière de l’ampoule sur sa surface dorée concave suggère la présence d’une flamme incandescente.
© Anwyn Howarth.
© Claudia Revidat.
Sarah Myerscough : une référence londonienne du design
Cette 27e édition du PAD Paris est aussi marquée par l’arrivée d’une galerie déjà familière de sa programmation londonienne : Sarah Myerscough. Lors de ses précédentes participations au salon, elle a remporté deux fois le très convoité prix du Design contemporain (en 2019 et 2023), mais aussi le prix du Stand (2019), grâce notamment au travail de plusieurs virtuoses du bois tels que John Makepeace, Nic Webb et Ernst Gamperl. Depuis sa création en 1998, et à travers la trentaine d’artistes et designers qu’elle représente, la galerie met en effet un point d’honneur à révéler des manières originales de s’emparer des matériaux
Ainsi est-ce le cas des surprenants vases à base de carton et d’argile compressés de Luke Fuller, des sculptures de Mayumi Onagi, réalisées grâce à la traditionnelle technique de laque japonaise urushi, des lampes d’Ori Orisun Merhav, qui mêlent verre soufflé et impression 3D, ou encore du saisissant meuble Black Sheep Cocoon Cabinet de Marlène Huissoud. Pour le réaliser, la designer française a fixé sur du bois de chêne des centaines de cocons de vers à soie à l’aide d’une résine de miel. Autant de pièces dont la texture singulière ne manquera pas d’attiser la curiosité des visiteurs du salon.
Unno Gallery : zoom sur la jeune scène latino-américaine
Parmi les nouveaux venus de cette édition, la Unno Gallery mettra, quant à elle, un coup de projecteur bienvenu sur l’autre côté de l’Atlantique. Basée à Mexico, celle qui se définit comme une “plateforme” plutôt que comme une galerie s’applique depuis six ans à défendre les jeunes designers latino-américains en construisant une véritable communauté créative et en soulignant un patrimoine commun, au-delà des frontières. Deux talents prometteurs seront à découvrir sur son stand.
Le Mexicain C. S. Nuñez d’abord, dont les objets de décoration reprenant des formes ancestrales ont séduit les deux fondatrices d’Unno il y a quelques années, ainsi que la Colombienne Andrea Vargas Dieppa, saluée pour sa capacité à s’emparer de l’héritage artisanal de son pays en lui apportant un regard neuf. En atteste, par exemple, sa collection de miroirs octogonaux Time Further, dont toute l’originalité réside dans les différents cadres proposés. En bois, en corne ou en fragments de coquillage, ces derniers sont conçus par des artisans qui mobilisent des techniques séculaires locales. “Chacune des pièces d’Andrea raconte une histoire, ajoutent les deux galeristes. Elles nous parlent de nature, d’artisanat, des liens invisibles entre le passé et le présent.”
Lampe, bureau et chaise en bois de platane de la collection Platane, imaginée par Corpus Studio pour Mono Editions.
© Mathilde Hiley.
© Mathilde Hiley.
Mono, une maison d’édition écoresponsable
Autre entrée remarquée dans la foire, celle de la maison d’édition parisienne Mono. Lors de son lancement en 2022, sa ligne directrice était très claire : “Une collection, un matériau, un architecte.” Saison après saison, sa fondatrice Laetitia Ventura invite donc un nouvel architecte ou un collectif à créer une série de pièces à partir d’une seule matière choisie, dans une logique de production écoresponsable et “zéro déchet”. Imaginée par le duo Corpus Studio, sa dernière collection dévoilée en septembre dernier est ainsi intégralement produite en bois de platane, dont les qualités esthétiques et fonctionnelles s’illustrent aussi bien dans des sièges, des bureaux et des tables basses que dans des lampes de diverses hauteurs. Au PAD Paris, Mono Editions partagera son stand avec la galerie Victoria Poniatowski Design, qui défend depuis plusieurs années son goût pointu pour les arts décoratifs sur un site Internet bien fourni.
PAD Paris, du 2 au 6 avril au jardin des Tuileries, Paris Ier.