Skepta se lance dans la peinture et s’associe à Sotheby’s pour une vente aux enchères
Jusqu’au 13 septembre, le rappeur Skepta met en vente chez Sotheby’s sa première peinture Mama Goes to Market (2021). Inspirée de son enfance au Nigéria, la première peinture du rappeur et producteur de musique est intégrée à une sélection spécialement curatée par le maître du grime britannique, dans un mélange de style évoquant l’énergie de son pays natal.
Après avoir conquis les mondes de la musique et de la mode, le rappeur et producteur Skepta, de son vrai nom Joseph Olaitan Adenuga, s’attaque à celui de l’art contemporain. C’est en 2021, après s’être mis à la peinture pendant la pandémie, qu’il signe sa première – et pour l’instant seule – toile à la peinture à l’huile : Mama Goes to Market. À l’époque, c’est pour pallier à la frustration et à la peur que sa fille River ne puisse jamais découvrir les odeurs et couleurs de son Nigéria natal, qu’il décide de créer cette scène aux motifs vibrants et aux couleurs tendres. À gauche, un femme vêtue d’un costume traditionnel porte sur son dos un bébé et semble tout droit sortie de ses souvenirs d’enfance. Véritable déclaration d’amour au Nigéria, Mama Goes to Market est aussi une œuvre collaborative. Souhaitant retranscrire fidèlement la scène, il était inconcevable pour l’artiste de laisser le mur du fond vierge. Un an après, il demande à l’artiste graphite Chito, ayant collaboré avec Givenchy, d’y intégrer un dessin. La toile sera aussi taguée par l’artiste nigérien Slawn et le DJ et producteur de jungle et de drum’n’bass britannique Goldie. En résulte une scène de marché débordante de vie, mise en vente chez Sotheby’s jusqu’au 13 septembre et estimée entre 40 000 et 60 000 livres.
Pour l’occasion l’artiste Skepta a été convié à curater une sélection d’une dizaine d’œuvres d’artistes contemporains, parmi lesquelles un tag du DJ Goldie, une cartographie cosmique et mystérieuse aux couleurs intenses du peintre américain et ivoirien Ouattara Watts ou encore une toile représentant un visage de femme noire se confondant avec une sculpture, signée de la peintre et écrivaine britannique Lynette Yiadom-Boakye. C’est l’occasion pour l’artiste, fasciné par l’œuvre du peintre norvégien Edvard Munch, de dévoiler un goût pout l’art, qui l’anime depuis toujours.“I live and breathe art in everything I do, everything I think,” (“Je vie et je respire art dans tout ce que je fais, tout ce que je pense”) révèle l’artiste dans une interview publiée dans Sotheby’s Magazine.
Drake, Kanye West, A$AP Rocky, Pop Smoke, Flatbush Zombies : le rappeur et producteur britannico-nigérian Skepta a collaboré avec les plus grands noms de la musique. Pierre angulaire du grime — son underground mêlant hip-hop, UK garage et drum’n’bass et né à Londres au début des années 2000 —, l’artiste s’est progressivement imposé comme une figure majeure du panorama du rap britannique. Après avoir gagné en 2016 le prestigieux Mercury Price pour son quatrième album Konnichiwa, il décide de lancer en 2017 son label de mode, Mains. Fasciné par la culture urbaine, il y propose un vestiaire streetwear sobre et élégant, redonnant ses lettres de noblesse au tracksuit anglais. Lors de ses performances scéniques, il travaille une scénographie immersive et visuelle révélant la profondeur de ses paroles, abordant parfois frontalement des questions politiques. Skepta est ainsi un artiste complet, dont l’univers puissant et engagé intègre, aujourd’hui, le monde de l’art contemporain.
Contemporary Curated par Skepta, jusqu’au 13 septembre à Sotheby’s Londres.