Qui est l’artiste Marcos Ávila Forero, 21e prix Fondation d’entreprise Pernod Ricard ?
En octobre dernier, la Fondation d’entreprise Pernod Ricard dévoilait le 21e lauréat de son célèbre prix récompensant un jeune artiste basé en France. Celui-ci revenait au Colombien Marcos Ávila Forero pour un projet sensible et engagé, dont trois œuvres viennent de rejoindre la collection du musée national d’Art moderne.
Par Matthieu Jacquet.
C’est au cours d’une chaleureuse soirée que l’artiste Marcos Ávila Forero a été accueilli au Centre Pompidou. Hier soir, l’institution parisienne célébrait l’entrée officielle de trois de ses œuvres dans la collection du musée national d’Art moderne, présentée jusqu’au 4 janvier prochain dans le cadre de l’exposition collective “Global(e) resistance”. Une tradition annuelle qui a lieu pour la vingt-et-unième fois depuis la création en 1999 du prix de la Fondation d’entreprise Pernod Ricard. Pour chacune des éditions, dix artistes basés en France et âgés de moins de 40 ans sont choisis et exposés par la fondation dans son espace, avant que ne soit récompensé parmi eux un lauréat dont une œuvre sera acquise par le musée français. En octobre dernier, la promotion 2019 du prix se dévoilait dans les anciens espaces de la Fondation d’entreprise Pernod Ricard avant leur récent déménagement : on y trouvait notamment Kapwani Kiwanga, Gaëlle Choisne, Paul Maheke et surtout le Colombien Marcos Ávila Forero, dont le travail a remporté l’adhésion des jurés du prix.
En 2012, Marcos Ávila Forero se rend dans un bidonville au nord de son pays d’origine. Sur place, il fait la rencontre de nombreux paysans contraints d’y vivre pour échapper aux conflits internes à la Colombie, laissant ainsi leurs terres et leurs domiciles derrière eux. Ces récits douloureux de déracinement, l’artiste décide de les pérenniser dans la création en invitant les familles qui le souhaitent à les écrire sur des sacs de jute. Une fois photographiés, leurs sacs sont détricotés et convertis en chaussures traditionnelles paysannes – une manière de les incarner dans un objet doté d’un symbole puissant. Cet engagement assumé et cette manière poétique de mobiliser les habitants de son pays composent indéniablement les atouts de l’œuvre de Marcos Ávila Forero, toujours essentiels à ses divers projets. Si le pays de l’artiste reste le lieu principal de ses investigations, il s’est aussi aventuré en Amazonie, au Japon, ou encore à la frontière du Maroc et de l’Algérie, toujours habité par une volonté de traduire par l’image, la vidéo ou encore la sculpture les tensions et les traumatismes ancrés dans ces régions et leur population.
Ce sont donc trois des œuvres de l’artiste réalisées avec les familles colombiennes qui prennent actuellement place dans la collection permanente et l’exposition “Global(e) resistance” du Centre Pompidou, proposant à travers une soixantaine d’artistes non-occidentaux des expressions contemporaines de la résistance. Quant à la Fondation d’entreprise Pernod Ricard, elle ouvrira dès février prochain les portes de sa nouvelle adresse parisienne dans le quartier Saint Lazare, avec une exposition conçue par l’artiste Bertrand Dezoteux. De septembre à décembre 2021 y seront ensuite présentés les neufs artistes finalistes de la 22e édition du prix, choisis par la commissaire Lilou Vidal : Meris Angioletti, Carlotta Bailly-Borg, Minia Biabiany, Gina Folly, Renaud Jerez, Boris Kurdi, Tarek Lakhrissi, Ghita Skali et Adrien Vescovi. Le nom du nouveau lauréat sera annoncé à cette occasion.