9 fév 2022

Quel est le nouveau projet étonnant de Solange ?

Depuis la création en 2013 de sa plateforme créative Saint Heron, la chanteuse Solange ne cesse de multiplier les projets visant à mettre en avant les artistes de couleur, de ses compilations musicales à ses conférences en passant par des expositions. En ce mois de février, elle inaugure sa première résidence à New York, qui ouvre pendant un mois les portes d’un atelier de céramique à quatre jeunes artistes noires ou métis familières du médium.

Il serait bien dommage aujourd’hui de réduire Solange à sa carrière dans la musique. Depuis une dizaine d’années, la sœur de Beyoncé ne cesse de s’impliquer dans différents domaines de création, affirmant indéniablement son statut d’artiste totale doublé d’un engagement concret auprès des personnes de couleur. En 2013, la chanteuse américaine fondait Saint Heron, une communauté en ligne devenue depuis une véritable agence créative et une plateforme qui serait le porte-voix des artistes noirs et métis, longtemps invisibilisés et lésés dans la plupart des champs artistiques. À travers une compilation musicale réunissant des artistes comme Kelela et Sampha, l’organisation de rencontres entre des plasticiens comme Arthur Jafa et des écrivains comme Rachel Kaadzi Ghansah, ou encore la mise en place d’expositions physiques ou numériques et la diffusion en ligne de films d’artistes, l’activité de Saint Heron n’a cessé de se développer et se diversifier. Dernier projet en date: le lancement à New York d’une résidence d’artistes femmes consacrée à la céramique. Initiée en ce mois de février, celle-ci bénéficie du soutien de Women in Motion, le programme d’accompagnement des femmes artistes lancé par le groupe Kering en 2015.

 

À l’image de nombreuses actions de Saint Heron, l’idée de cette résidence naît du constat d’une inégalité : la très faible présence de femmes de couleur dans le domaine de la céramique. Afin de leur consacrer des espaces d’apprentissage et de production, l’agence artistique donne pendant un mois à ses résidentes l’accès libre à Clayworks on Columbia, un atelier de poterie dans le quartier de Brooklyn, dont elles pourront utiliser les espaces de travail, les machines et outils, mais qui leur permettra aussi de collaborer avec l’équipe de production. Autant de ressources matérielles et humaines que les artistes peinent aujourd’hui à trouver, même dans les grandes villes, faute de moyens financiers et d’opportunités – car la céramique demande beaucoup d’espace et les fours sont coûteux.

 

Pour la première édition de la Saint Heron Ceramics Residency, quatre artistes ont été sélectionnées : Armina Howada Mussa, Dina Nur Satti, Lalese Stamps et Kenya Cree. Toutes sont jeunes, noires et ont une pratique originale du médium, que celle-ci s’inspire des rituels liés à la terre au Sahara ou fasse référence à l’expérience des femmes queer aujourd’hui. Suivant le programme de mentorat mis en place par Saint Heron, ces talents prometteurs seront accompagnés par deux céramistes plus établies, Tracie Hervy et Anina Major. “Ce groupe a été constitué suivant notre admiration pour ces artistes et leurs démarches”, explique Shantel Aurora-Passe, editorial manager de Saint Heron, au magazine Surface. Nous sommes familières de leur travail, nous le prenons en compte, l’adorons, il nous touche et nous voulons célébrer tout haut tout ce qu’il signifie pour nous”. Une manière très concrète de donner à ces femmes confiance dans leur pratique, dans la logique d’empowerment chère à Solange et l’équipe de Saint Heron, tout en réhabilitant la pratique de la céramique hors des espaces institutionnels, pour tisser des liens avec son histoire séculaire et foisonnante.