Maquillage gore et zombies 2.0 : 6 expositions à voir dans les galeries en novembre
Le glamour monstrueux d’Aïda Bruyère chez Pact, les zombies de Kevin Bray chez Spiaggia Libera ou encore la fascinante histoire des Piers à la New Galerie… Découvrez 6 expositions à ne pas manquer dans les galeries parisiennes.
Par Matthieu Jacquet.
1. Les monstres de beauté d’Aïda Bruyère à la galerie Pact
Fascinée par la féminité et ses multiples modes d’expression dans notre société contemporaine, Aïda Bruyère utilise ses attributs – vêtements, maquillage, mais aussi danses twerk et dancehall – comme des armes, faisant des femmes de véritables guerrières contemporaines. Dans son installation in situ réalisée pour la galerie Pact, la jeune artiste française envahit les murs de papiers-peints rose ornés de lettres rouges sanglantes et dégoulinantes, de mains géantes aux ongles menaçants, mais aussi de peintures délicates d’yeux fardés. Enfin, au centre de ce décor, une vidéo montre l’artiste en gros plan en pleine session maquillage, transformée par un filtre vert. Autant d’images qui poussent les codes du glamour à l’extrême au point de le rendre monstrueux.
“Aïda Bruyère. Red Liptstick Monsterz”, jusqu’au 17 novembre 2023 à la galerie Pact, Paris 3e.
2. Les fragments d’histoire de Zuzanna Czebatul à la galerie Sans titre
Sculptures publiques, colonnes ioniques, tapis d’époque… en isolant et réinterprétant des icônes de l’histoire de l’art, Zuzanna Czebatul pose sur elles un regard de biais qui interroge leur usage et leur valeur. À la galerie Sans titre, cette passionnée d’architecture basée à Berlin s’est cette fois-ci intéressée à la tapisserie, art séculaire dont elle met en exergue la représentation des corps autant que le sens de la narration. Accrochées aux murs, ses nouvelles œuvres textiles se concentrent ainsi sur des détails de tapisseries anciennes qui, par ces effets de “zoom” et parties isolées, altèrent complètement la lecture de l’œuvre originale. Au sol, l’exposition se complète par des sculptures en béton aux formes douces et imbriquées qui, par leur couleur et motifs marbrés, évoquent les parterres d’églises et autres lieux sacrés.
“Zuzanna Czebatul. The Lunatic Fringe”, jusqu’au 2 décembre 2023 à la galerie Sans titre, Paris 3e.
3. La fascinante histoire des Piers new-yorkais à la New Galerie
Construits jadis pour accoster les cargos à Manhattan, les Piers qui jalonnent le Lower East Side de New York ont vu leur usage changer lorsque dans les années 70 et 80, abandonnés par le transport portuaire, ils ont accueilli tout une activité souterraine. Squats, espaces de drague et de rencontres sexuelles pour la communauté gay, ou encore de création artistique… Pendant plusieurs années, ces bâtiments vides et insalubres ont inspiré de nombreuses figures de l’époque, de Keith Haring à Jean-Michel Basquiat. À travers des photographies et films de Gordon Matta-Clark, Marion Scemama et David Wojnarowicz, ou encore Vito Acconci, la New Galerie réveille l’énergie de ces lieux très confidentiels, détruits au fur et à mesure par la ville américaine.
“Piers Remix 2023”, jusqu’au 15 décembre 2023 à la New Galerie, Paris 3e.
4. Les zombies 2.0 Kevin Bray à la galerie Spiaggia Libera
Images modélisées en 3D puis imprimées sur affiche, films d’animation projetés en mapping sur des volumes générés par des machines… Par ses supports comme ses médiums, Kevin Bray brouille les frontières entre le domaine réel et le domaine virtuel, dans lesquels se déploie son imaginaire foisonnant. Rappelant les formes de sculptures archaïques, totems et autres bas-reliefs ancestraux, ses compositions intègrent des éléments de la culture populaire, cartoons, dessin anatomiques ou encore personnages de jeux vidéos pour générer d’étranges chimères, ultra contemporaines. Dans les nouvelles œuvres présentées par l’artiste français à la galerie Spiaggia Libera, ces créatures hybrides se croisent autour d’une même figure : celle du zombie, comme transition entre le monde des vivants et le monde des morts, mais aussi entre le monde physique et le monde numérique.
“Kevin Bray. Death Jam and Living Juice”, jusqu’au 25 novembre 2023 à la galerie Spiaggia Libera, Paris 3e.
5. Le jardin abandonné de Wilfrid Almendra à la galerie Ceysson & Bénétière
Malgré la diversité de leurs formes et de leurs sujets, les sculptures de Wilfrid Almendra convergent vers un même but : mettre le banal, le familier, voire le rebut et le laid au cœur d’une réflexion sur le corps et la nature. En somme, accorder aux éléments sans valeur qui peuplent notre quotidien le rôle principal. En atteste sa nouvelle exposition à la galerie Ceysson & Bénétière, où l’artiste confirme son intérêt marqué pour l’univers agricole et les économies alternatives. Ici, des vêtements froissés laissés sur le coin d’une chaise s’avèrent être des sculptures solides, là, des limaces bleu Klein envahissent les cimaises, tandis que des structures en verre contenant des mauvaises herbes s’apparentent à des fragments de serre détruite – composant, dans l’espace de la galerie, les ruines d’un jardin abandonné.
“Wilfrid Almendra. Labor Trouble”, jusqu’au 2 décembre 2023 à la galerie Ceysson & Bénétière, Paris 4e.
6. Le monde absurde et faussement réaliste de Tony Matelli à la galerie Andréhn-Schiptjenko
Il y a trois ans et demi, au sortir du premier confinement, des plantes et fleurs diverses avaient discrètement poussé sous les murs blancs de la galerie Andréhn-Schiptjenko, dans le quartier du Marais. Criante de réalisme, cette installation de Tony Matelli résonnait particulièrement avec le contexte de l’époque. Pour sa nouvelle exposition personnelle dans la galerie parisienne, le sculpteur américain présente une nouvelle série de fleurs en bronze – lys, tulipes, tournesols – plus vraies que nature, cette fois-ci sous forme de bouquets retournés et mis sur socle, ainsi détournés de leur fonction originelle. Un corpus inédit que l’artiste complète par des peintures et une sculpture hyperréaliste à son effigie, autoportrait caractéristique de son humour absurde où l’homme décuple son propre visage.
“Tony Matelli. Displacement Map”, jusqu’au 25 novembre 2023 à la galerie Andréhn-Schiptjenko, Paris 3e.