Les grandes expositions de la rentrée, de Nicolas de Staël à Ser Serpas
Ser Serpas à la Bourse de commerce, Nicolas de Staël au musée d’Art moderne, ou encore le corps photographié dans la collection du Centre Pompidou… Découvre les grands rendez-vous artistiques de la rentrée, à ne pas manquer.
Par Matthieu Jacquet.
1. La première exposition personnelle de Ser Serpas à la Bourse de commerce
De ses sculptures constituées de rebuts trouvés dans la rue à ses peintures prenant l’empreinte de corps hors des normes, les œuvres de Ser Serpas portent les traces de présences humaines fugaces. Lauréate du prix Reiffers Art Initiatives cette année, la jeune artiste américaine expose à la Bourse de commerce une série de pièces inspirée du film Les Autres (2001), d’Alejandro Amenábar, et de ses fantômes. Une proposition au diapason des expositions de Lee Lozano, Mira Schor et bientôt Mike Kelley, présentées simultanément dans l’institution parisienne, participant toutes d’une déconstruction des mythes américains qui ont tant façonné les imaginaires occidentaux.
Ser Serpas, “I fear (J’ai peur”), du 20 septembre 2023 au 22 janvier 2024 à la Bourse de commerce, Paris 1er.
2. Le corps photographié sous toutes les coutures dans la collection du Centre Pompidou
Si, avec ses 40 000 tirages, le Centre Pompidou dispose de l’une des plus grandes collections de photographies au monde, le distributeur de cinéma et fondateur des salles MK2 Marin Karmitz a lui aussi acquis au fil des décennies une quantité considérable de clichés. L’exposition ”Corps à corps” croise ces deux riches collections autour d’une même thématique : le corps et ses représentations aux 20e et 21e siècles, dans laquelle on trouve, entre autres, des œuvres de Man Ray, de Berenice Abbott, d’Andy Warhol, mais également réalisées par des artistes plus contemporains tels que Douglas Gordon, Valérie Jouve ou encore SMITH.
“Corps à corps. Histoire(s) de la photographie”, du 6 septembre 2023 au 25 mars 2024 au Centre Pompidou, Paris 4e.
3. L’œuvre surréaliste de Rebecca Ackroyd au macLyon
En 2019, à l’occasion de la Biennale de Lyon, les usines Fagor accueillaient une scène aux airs post-apocalyptiques : l’intérieur d’un avion décomposé et fragmenté, comme après un crash, le tout dans un même matériau orange et translucide. Cette création in situ de l’artiste britannique Rebecca Ackroyd a séduit l’équipe du macLyon, qui l’expose à nouveau quatre ans plus tard dans l’un de ses étages. En complément, la plasticienne dévoile dans cette exposition personnelle des dessins inédit au pastel sur papier, compositions surréalistes où d’immenses yeux écarquillés semblent observer cet ensemble à la frontière du rêve.
Rebecca Ackroyd, “Vitesse d’obturation”, du 22 septembre 2023 au 7 janvier 2024 au macLyon, Lyon 6e.
4. La rétrospective de Nicolas de Staël au musée d’Art moderne
Ses paysages abstraits à base d’aplats colorés, épaissis par l’application de la peinture sur la toile suivant la technique de l’impasto, ont fait sa notoriété durant l’après-guerre. Nicolas de Staël (1914-1955) est à l’affiche d’une grande rétrospective au musée d’Art moderne de Paris, explorant en quelques 200 œuvres (tableaux,dessins, gravures, carnets…) un travail captivant, interrompu par la disparition tragique de l’artiste français à l’âge de 41 ans.
Nicolas de Staël, du 15 septembre 2023 au 21 janvier 2024 au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, Paris 16e .
5. L’exposition de la 24e édition du prix Fondation Pernod Ricard
Depuis 1999, le prix Fondation Pernod Ricard représente un soutien fidèle à la jeune scène artistique française. Investissant aussi bien la peinture que la vidéo, la sculpture et l’installation, les projets des six finalistes de sa 24e édition – Ethan Assouline, Sophie Bonnet Pourpet, Anne Bourse, Pol Taburet, Eden Tinto Collins et Ana Vaz – sont réunis dans l’espace de la fondation sous le commissariat de Fernanda Brenner, qui voit dans chacun de leurs modes d’expression l’ombre des fantômes. Suite au verdict du jury, rendu lors de la soirée du 20 octobre, le lauréat verra l’une de ses œuvres acquises par le Centre Pompidou et bénéficiera d’un soutien pour réaliser un projet à l’étranger.
24e Prix Fondation Pernod Ricard, “Do You Believe in Ghosts?”, du 12 septembre au 28 octobre à la Fondation d’entreprise Pernod Ricard, Paris 8e .
6. Le jeune artiste français Ndayé Kouagou au Frac Île-de-France
Récemment exposé à la fondation Louis Vuitton, Ndayé Kouagou utilise frontalement, de ses vidéos à ses performances, le langage pour interroger plutôt que de répondre. Inspiré aussi bien par le format des contenus partagés sur les réseaux sociaux tels que Tumblr et TikTok que par les codes du marketing, le jeune artiste français présente ainsi au Frac Île-de-France des films, espaces d’ateliers ou encore tableaux reliés par un même fil rouge : les mots.
Ndayé Kouagou, “A Change of Perspective”, du 21 septembre 2023 au 18 février 2024 au Frac Île-de-France – Le Plateau, Paris 19e.
7. De Lene Adler Petersen à Adam Christensen : la sexualité et ses tabous au Bicolore
Le 29 mai 1969, l’artiste danoise Lene Adler Petersen fait grand bruit en s’introduisant complètement nue, dans l’enceinte de la Bourse de Copenhague avec une croix chrétienne à la main devant les yeux ébahis des professionnels de la finance. Résolument subversive, cette performance sera suivie le lendemain par la décriminalisation de la pornographie au Danemark, qui deviendra le premier pays à la légaliser. Deux événements concomitants qui ont inspiré la commissaire Anya Harrison : dans l’exposition “X · A Capital desire”, celle-ci réunit les œuvres d’artistes contemporains tels que Nina Beier ou Adam Christensen, dont la représentation explicite ou suggérée de la sexualité interroge notre relation à des tabous encore bien ancrés.
“X · A CAPITAL DESIRE”, du 16 septembre au 12 novembre 2023 au Bicolore de La Maison du Danemark, Paris 8e.
8. L’exposition de Paz Errázuriz, photographe des marginalisés
Malades mentaux, mendiants, prostituées ou encore travestis… Depuis les années 70, Paz Errázuriz sonde le Chili à la rencontre des populations mises au ban de la société voire stigmatisées, dont elle dresse le portrait dans ses photographies. Un travail de terrain au long cours imprégné par l’histoire politique du pays et notamment ses changements de régime, de la dictature de Pinochet à la démocratie. Dans cette grande exposition consacrée à l’artiste née en 1944, la Maison de l’Amérique latine revisite cette œuvre documentaire riche et puissante à travers une centaine de tirages réalisés au fil des trois dernières décennies,
Paz Errázuriz, “Histoires inachevées”, du 8 septembre au 20 décembre 2023 à la Maison de l’Amérique latine, Paris 7e.
9. “Après l’éclipse” : dix nouveaux talents de la scène française aux Magasins généraux
Pour la nouvelle exposition collective des Magasins généraux, les commissaire Anna Labouze et Keimis Henni présentent dix jeunes artistes issus de la scène française. Dans leurs pratiques pluridisciplinaires se croisent les sujets des quartiers populaires, les conditions d’existence les populations immigrées ou métissées, les relations aux racines mais aussi les contre-cultures. On y découvre par exemple une vidéo de Christelle Oyiri autour du genre musical du coupé-décalé, un triptyque sur tissu dans lequel la peintre Neïla Czermak Ichti rend hommage à sa famille, ou encore un film de Valentin Noujaïm, explorant les dessous underground de La Défense.
“Après l’Eclipse”, jusqu’au 22 octobre 2023 aux Magasins généraux, Pantin.