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18 oct 2024

Les expositions à voir ce week-end pendant Art Basel Paris

Alors que la Semaine de l’art bat son plein et que la foire Art Basel Paris donne son coup d’envoi, tour d’horizon des expositions à ne pas manquer dans la capitale française, d’“Arte Povera” à la Bourse de commerce à Martine Syms à Lafayette Anticipations, en passant par la rétrospective d’Olga de Amaral à la Fondation Cartier.

Alighiero Boetti, Autoritratto (1993-1994). Bronze coulé, système de fontaine et élément chauffant électrique, 200 × 88,4 × 49,5 cm. Pinault Collection. © Adagp, Paris, 2024.

L’Arte povera en majesté à la Bourse de commerce

En 1967 émerge l’Arte povera, mouvement artistique italien s’élevant contre la mondialisation et la surconsommation en créant des œuvres à base de matériaux naturels, voire périssables, et de techniques artisanales. Très présent dans la collection de François Pinault, qui l’affectionne tout particulièrement, le mouvement fait l’objet à la Bourse de commerce d’une grande exposition composée de treize galeries monographiques dédiées à ses grands représentants – Giovanni Anselmo, Mario et Marisa Merz, Pino Pascali, Giuseppe Penone ou encore Michelangelo Pistoletto… –, où l’on (re)découvre nombre de leurs chefs-d’œuvre historiques . À ces pièces incontournables viennent s’ajouter des œuvres plus récentes, s’inscrivant dans l’héritage de ce courant majeur de l’art.

Arte povera, jusqu’au 20 janvier 2025 à la Bourse de commerce, Paris 1er.


Tom Wesselman, Mouth #2 (1966). Liquitex et huile sur toile mise en forme, 99,1 x 200,7 cm. © Primae / David Bordes. © Adagp, Paris, 2024.

Tom Wesselmann et le pop art à la Fondation Louis Vuitton

On le connaît pour ses nus féminins colorés érotiques et ses natures mortes découpées dans l’acier, mêlant photos de fruits et de légumes aux publicités de produits industriels, pour poser un regard aussi mordant qu’amusé sur la société de consommation et les représentations de la féminité. Tom Wesselmann (1931-2004) est l’une des figures emblématiques du pop art, célébrée cet automne à la Fondation Louis Vuitton. L’occasion pour le musée parisien de donner un coup de projecteur plus large sur ce mouvement en exposant aussi des œuvres d’autres artistes liés à son histoire, de Marcel Duchamp jusqu’à Mickalene Thomas, en passant, évidemment, par Andy Warhol et Jasper Johns

“Pop Forever, Tom Wesselmann &…, du 17 octobre 2024 au 24 février 2025 à la Fondation Louis Vuitton, Paris 16e.

Myriam Mihindou, La Robe envolée, Casa África (Las Palmas de Gran Canaria, Espagne) (28 juin 2008). Vidéo, 20 mn
Courtesy de l’artiste & galerie Maïa Muller (Paris) © ADAGP, Paris, 2024.

L’œuvre hypersensible de Myriam Mihindou au Palais de Tokyo

Une fresque monumentale de Malala Andrialavidrazana, une installation immersive de Julian Charrière, un focus sur la scène artistique lituanienne ou encore la question de la mémoire diasporique vue par onze jeunes artistes afrodescendants… Au Palais de Tokyo, la programmation de cet automne s’annonce riche et variée, et se complète par la plus grande exposition de Myriam Mihindou à ce jour.

À 60 ans, l’artiste pluridisciplinaire franco-gabonaise s’est fait en effet assez discrète dans les musées français, bien qu’elle ait présenté il y a quelques mois une exposition saisissante au musée du Quai Branly. Cette nouvelle proposition permet de se plonger dans ses œuvres hypersensibles aux multiples supports, de ses sculptures de mots, traduisant son goût pour le langage, à ses assemblages de papiers cousus et épinglés, en passant par ses vidéos intimes et ses sculptures en savon. Autant de pièces qui, bien que parfois datées de plus de vingt ans, abordent les sujets très contemporains du soin, de la réparation et de la mémoire des corps opprimés.

“Myriam Mihindou. Praesentia”, et toutes les expositions d’automne, jusqu’au 5 janvier 2025 au Palais de Tokyo, Paris 16e.

Apichatpong Weerasethakul, On Blue (2022). © Kick the Machine Fims, 2022.

Le cinéma hanté d’Apichatpong Weerasethakul au Centre Pompidou

En un quart de siècle, le cinéaste et plasticien thaïlandais Apichatpong Weerasethakul a su nous faire décoller du sol avec sept longs-métrages, dont la Palme d’or cannoise en 2010 avec Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures), et de multiples installations qui le placent au croisement de l’art contemporain et du cinéma le plus audacieux. D’une douceur extrême, toujours prompt à la rêverie, son travail est aussi hanté par les ténèbres et compose un monde à la fois accueillant et inquiétant. Le Festival d’automne lui rend hommage à Paris au Centre Pompidou (durant le mois d’octobre 2024) avec une rétrospective de ses films, une exposition et une performance en réalité virtuelle.

“Apichatpong Weerasethakul. Particules de nuit”, jusqu’au 6 janvier 2025 au Centre Pompidou, Paris 4e.

Olga de Amaral, Bruma T (2014). Lin, gesso, acrylique, papier japonais et bois 205 x 90 x 190 cm © Olga de Amaral, Courtesy Lisson Gallery.

Olga de Amaral à la Fondation Cartier : la rétrospective d’une grande figure de l’art textile

Figure majeure de l’art textile, Olga de Amaral s’imprègne, dès les années 50, des techniques de tissage traditionnelles de son pays, la Colombie, pour réaliser de grandes compositions colorées à base de fils de lin et d’or. Un travail saisissant jouant avec la lumière, l’espace, la couleur mais aussi la texture, auquel l’artiste, aujourd’hui âgée de 93 ans, s’applique depuis six décennies. La Fondation Cartier invite à le découvrir à travers près de quatre-vingt pièces dans une scénographie originale de l’architecte Lina Ghotmeh. Il s’agit également de la dernière exposition de l’institution parisienne dans son bâtiment historique du boulevard Raspail, avant d’emménager dans ses nouveaux quartiers près du Palais Royal fin 2025.

Olga de Amaral, du 12 octobre 2024 au 16 mars 2025 à la Fondation Cartier, Paris 14e.

Chantal Akerman © Adagp, Paris, 2024.

Le cinéma précurseur de Chantal Akerman au Jeu de paume

En 2022, à la surprise générale, le film Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles de Chantal Akerman (1950-2015) devenait le meilleur film de tous les temps – d’après le sondage effectué tous les dix ans par la revue britannique Sight and Sound auprès d’un large panel de critiques de cinéma du monde entier. Une consécration posthume pour la cinéaste belge, incarnant le renouvellement du septième art dans les années 70. Son riche héritage est désormais célébré au sein d’exposition très attendue au Jeu de paume, où ses films sont présentés en regard de ses installations vidéo, et accompagnés d’un riche programme de lectures, de performances et d’événements.

“Chantal Akerman. Travelling” , exposition jusqu’au 19 janvier 2025 au Jeu de paume, Paris 1er.

Martine Syms, The African Desperate [still] (2022). © Martine Syms. Courtesy the Artist and Sadie Coles HQ, London, and Bridget Donahue, New York.

Martine Syms transforme Lafayette Anticipations en concept store

Martine Syms, qui a grandi à deux pas d’Hollywood, puise dans l’industrie du divertissement et les médias sa matière première. Exploration de l’inconscient collectif d’une humanité ultra connectée, ses vidéos et installations évoquent également sa propre expérience de femme noire dans les milieux créatifs. Pour son exposition d’ampleur à Paris, l‘artiste américaine s’empare de la Fondation Lafayette Anticipations et la transforme en concept store. Entre décor de cinéma, supermarché et collage multimédia, ce parcours interactif nous plonge dans son esprit vivace et mordant à travers des vidéos et des photos réalisées ces quinze dernières années, mais aussi grâce à nombre d’objets produits pour l’occasion.

« Martine Syms. Total”, du 16 octobre 2024 au 9 février 2025 à Lafayette Anticipations, Paris IVe .

Barbara Chase-Riboud, Standing Black Woman of Venice X, Vijja (BBBA) (1969-2020). Bronze, 245,2 x 45,8 x 68,5 cm. Courtesy de l’artiste et Hauser & Wirth © Barbara Chase-Riboud.

Barbara Chase-Riboud célébrée dans 8 musées parisiens

Avec ses sept décennies de carrière, Barbara Chase-Riboud est sans aucun doute une artiste majeure de sa génération, à la fois inclassable et précurseure. Pourtant très discrète – peu savent qu’elle vit en France depuis bientôt soixante ans –, l’Américaine à la fois poète, sculptrice et romancière connaît cet automne une rétrospective aussi importante qu’originale à Paris, puisque déployée dans non moins de huit musées parisiens, du Louvre au Centre Pompidou en passant par le musée d’Orsay.  Chacun expose un fragment de son œuvre en dialogue avec ses collections et son histoire. Ainsi, le Palais de la Porte Dorée présente deux de ses fameuses sculptures mêlant bronze moulé et fils de soie dans son Salon des laques typique du mouvement Art déco, qu’elle adore, tandis que le musée Guimet accueille une composition monumentale rouge et dorée, inspirée par les bouddhas croisés lors de ses voyages en Chine.

“Barbara Chase-Riboud. Quand Un Nœud est Dénoué, Un Dieu est Libéré”, rétrospective présentée jusqu’à janvier 2025 au musée d’Orsay, au Palais de la Porte Dorée, au musée du Louvre,à la Philharmonie de Paris, au Centre Pompidou, au musée du quai Branly- Jacques Chirac, au musée Guimet et au Palais de Tokyo.

Miu Miu Women’s Tales #26 : Antoneta Alamat Kusijanovic, Stane (2023). Capture du film. © Brigitte Lacombe.

Les films poétiques de Miu Miu au Palais d’Iéna

Depuis 2011, Miu Miu soutient la création artistique à travers son programme “Women’s Tales” en invitant deux fois par an une cinéaste à réaliser un court-métrage pour dévoiler sa vision de la féminité. De Zoe Cassavetes à Laura Citarella, en passant par Agnès Varda et Chloë Sevigny, de prestigieux noms se sont succédé pour faire rayonner ce projet, auquel Miu Miu consacre désormais une exposition au palais d’Iéna.
Présentée dans le cadre du programme public de la foire Art Basel Paris, celle-ci invite les visiteurs à se plonger dans ces dizaines d’univers accompagnés par une scénographie interactive et des performeurs,le tout orchestré par l’artiste Goshka Macuga et Elvira Dyangani Ose, directrice du MACBA à Barcelone.

Miu Miu : “Tales & Tellers”, projet présenté du 16 au 20 octobre au palais d’Iéna, 9, place d’Iéna, Paris XVIe .