Les expositions à ne pas manquer en novembre : Peter Doig au Musée d’Orsay, Julien Creuzet…
La star de la peinture Peter Doig au musée d’Orsay, la jeune artiste Josèfa Ntjam à la Fondation Pernod Ricard… Découvrez les expositions à ne pas manquer en novembre.
Par Matthieu Jacquet.
1. La 26e édition de Paris Photo
Rendez-vous incontournable de la photographie, Paris Photo revient au Grand Palais Éphémère pour présenter sa 26e édition. Cette année, la foire d’envergure internationale réunit 191 galeries et éditeurs provenant d’une vingtaine de pays, de la Hongrie à l’Afrique du Sud, dont un tiers de galeries françaises. Comme de coutume, l’événement accueillera les projets de seize photographes émergents dans son espace Curiosa, et inaugurera un secteur digital dédié à l’art numérique, montrant la porosité entre la photographie et les innovations informatiques depuis le 20e siècle.
Paris Photo, du 9 au 12 novembre 2023 au Grand Palais Éphémère, Paris 7e.
Les mythologies de Josèfa Ntjam à la Fondation Pernod Ricard
Entre la science-fiction et les rites ancestraux, la culture post-Internet et la faune sous-marine, les films, sculptures, photomontages et installations de Josèfa Ntjam composent un monde hybride où se déploient ses mythologies afrofuturistes. À la Fondation Pernod Ricard, l’artiste française crée un parcours immersif guidé par des avatars inspirés de personnalités réelles, qui préparent les visiteurs à une hypothétique révolte.
“Josèfa Ntjam : Matter Gone Wild”, du 14 novembre 2023 au 27 janvier 2024 à la Fondation Pernod Ricard, Paris 8e.
Julien Creuzet, futur représentant de la France à la Biennale de Venise, au Magasin
Dans quelques mois, Julien Creuzet représentera la France lors de la soixantième Biennale d’art de Venise avec un projet inédit. Une consécration pour l’artiste, dont l’œuvre pluridisciplinaire explore avec poésie les relations entre la France métropolitaine et les Caraïbes, les migrations à travers l’océan Atlantique et les imaginaires hybrides aux confins des cultures. Avec les deux commissaires de son projet pour le Pavillon français Céline Kopp et Cindy Sissokho, l’artiste présente au Magasin, à Grenoble, un préambule composé de vidéos et de sculptures, incluant les œuvres de cinq artistes invités.
“Julien Creuzet : Oh téléphone, oracle noir (…)”, jusqu’au 26 mai 2024 au Magasin CNAC, Grenoble, magasin-cnac.org
Peter Doig, une star de la peinture au musée d’Orsay
Star de la peinture figurative comptant comme l’un des artistes vivants les plus chers du monde, Peter Doig se distingue depuis trois décennies par ses larges toiles dépeignant des paysages luxuriants presque idylliques, principalement inspirés par ses vingt années passées sur l’île de Trinité. L’artiste d’origine écossaise, qui conserve malgré sa notoriété une grande discrétion, se prête jusqu’à janvier au jeu de la carte blanche offerte par le musée d’Orsay à un artiste contemporain. Dans son exposition personnelle, le peintre dévoile une sélection de ses peintures en dialogue avec une douzaine d’œuvres piochées parmi les collections permanentes de l’institution parisienne, signées Gauguin, Courbet, Manet ou encore le douanier Rousseau.
“Peter Doig : Reflets du siècle”, jusqu’au 21 janvier 2024 au musée d’Orsay, Paris 7e.
L’odyssée sonore de Tarek Atoui à l’IAC
Passionné de musique, Tarek Atoui fait le pont entre les mondes matériel et sonore à travers des installations, performances et objets de son invention. À l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne, l’artiste et compositeur d’origine libanaise présente sa première exposition monographique en France, expérience multisensorielle dans laquelle les visiteurs sont invités à utiliser leurs oreilles autant que leurs yeux et leurs mains. On y rencontre des créations inédites comme plus anciennes explorant les modes de circulation du son, ainsi que des instruments imaginés par l’artiste.
“Tarek Atoui : The Drift”, jusqu’au 28 janvier 2024 à l’IAC — Institut d’art contemporain, Villeurbanne.
La face cachée du nucléaire vue par Théodora Barat
En attestait encore le film Oppenheimer sorti cet été, la mise au point de la bombe atomique fait depuis la Seconde Guerre mondiale la fierté des États-Unis. Mais quelles conséquences son élaboration a-t-elle eu sur le continent ? Ces dernières années, la réalisatrice française Théodora Barat a voyagé dans le désert des Four Corners – situé au croisement de l’Utah, Nouveau-Mexique, Arizona et Colorado – pour explorer les territoires affectés par l’exploitation de l’uranium et rencontrer leur population, souvent amérindienne. Diffusé sur trois écrans à L’Espace Le Carré, à Lille, son film met en regard le mythe et la propagande construits autour des prouesses nucléaire avec les témoignages de ceux qu’elles ont affectés, et les stigmates invisibles mais indélébiles laissés sur cette région.
“Théodora Barat. Proving Ground / Ground Zero”, jusqu’au 23 décembre 2023 à L’Espace le Carré, Lille.
Le monde fantastique tissé par Delphine Dénéréaz à la Collection Lambert
Dauphins à foison, plantes exotiques, fontaines jaillissantes, temples rose poudré ou encore Cadillac fuchsia… Le paysage déployé par Delphine Dénéréaz à la Collection Lambert a un nom : “Delfunland”, pur produit de l’imaginaire de la jeune artiste dans laquelle elle invite désormais les visiteurs de son exposition personnelle. Pendant des semaines derrière son métier à tisser, cette virtuose du textile a créé de toutes pièces les tapisseries qui composent aujourd’hui ce décor fantastique. Une porte d’entrée déroutante dans un univers aux portes du kitsch, mêlant canons de l’histoire de l’art classique et pop culture, qui célèbre également un savoir-faire séculaire : le tapis de lirette, technique de tissage à partir de bandes usagées dans laquelle la Française est passée maître.
“Delphine Dénéréaz. Bienvenue à Delfunland”, jusqu’au 28 janvier 2023 à la Collection Lambert, Avignon.
Le détective audio Lawrence Abu Hamdan expose au Frac Franche-comté
Lauréat du Turner Prize en 2019, l’artiste jordanien Lawrence Abu Hamdan étudie depuis une dizaine d’années l’impact de la politique sur les individus à travers un médium dans lequel il est passé maître : le son. Pour sa première exposition personnelle en France, celui qui se qualifie de “détective audio” présente une série de vidéos et d’installations qui témoignent de ses investigations, des traumatismes sonores laissés par la guerre à sa lutte acharnée pour le droit d’asile au Royaume-Uni.
“Lawrence Abu Hamdan. Aux frontières de l’audible”, du 19 novembre 2023 au 14 avril 2024 au Frac Franche-comté, Besançon.
Les plages de Méditerranée vues par Paul Rousteau et huit peintres à la villa Noailles
Alors que l’hiver approche à grands pas, les couleurs chaudes de l’été et de la mer baignée par le soleil semblent déjà bien loin. On pourrait bien, toutefois, les retrouver du côté de Hyères et son historique villa Noailles à travers l’exposition du photographe Paul Rousteau. Durant les cinq dernières années, le jeune homme a passé ses étés à immortaliser la ville méditerranéenne, ses plages et sa région, très fréquentée par les familles en villégiature. Afin de nourrir sa pratique et compléter son projet, le Parisien s’est entouré de huit peintres français – au rythme de deux chaque été – parmi lesquels que Jean Claracq, Diane Dal-Pra ou encore Jules Magistry, qui ont eux aussi cherché à capturer cette atmosphère estivale si particulière. On découvre aujourd’hui le fruit de ce travail collectif centré sur une région inspirante.
“Paul Rousteau. Paul, la plage et les peintres”, jusqu’au 10 mars 2024 à la villa Noailles, Hyères.
La rétrospective pas comme les autres de Matthieu Laurette au MAC VAL
La carrière de Matthieu Laurette débute de manière originale, lors de sa participation à un jeu télévisé en 1993 où le Français déclare vouloir être artiste. Depuis, l’homme occupe dans le monde de l’art une place à part, périphérique, qui lui permet de poser sur cet écosystème, mais aussi sur les médias de masse et la société de consommation, un regard critique pour le moins caustique. On découvre dans sa rétrospective au MAC VAL de nombreux exemples de ces mises en abyme, telles que des restitutions de ses actions médiatisées visant à exploiter toutes les opérations marketing des supermarchés pour manger et vivre gratuitement, ou bien des dizaines de lettres rejetant ses candidatures à diverses opportunités professionnelles, envahissant les murs du musée.
“Matthieu Laurette : Une rétrospective dérivée (1993-2023)”, jusqu’au 3 mars 2024 au MAC VAL, Vitry-sur-Seine.
La photographie étrange de Torbjørn Rødland au Consortium
Photographe norvégien, Torbjørn Rodland maîtrise avec brio cet art de l’uncanny, sentiment d’inquiétante étrangeté créé par ses images, parfois dérangeantes, où le réel sort légèrement du cadre de l’ordinaire. Habitué à mettre en scène des personnages de tous âges et horizons différents dans ces situations aux portes de l’absurde, l’artiste présente au Consortium, à Dijon, une sélection d’œuvres récentes incarnant les différentes étapes de la vie de l’être humain. Un parcours qui, assez logiquement, débute avec un nourrisson pour finir avec l’image d’un vieillard, entrecoupé de clichés étonnants d’adolescents et d’adultes.
“Tørbjørn Rødland : Oh My God You Guys”, jusqu’au 31 mars 2024 au Consortium, Dijon.
Sarah Brahim, cheffe d’orchestre des corps à la Fondation Bally
Six mois après son inauguration au bord du lac de Lugano, la Fondation Bally présente sa deuxième exposition, consacrée à l’artiste saoudo-américaine Sarah Brahim. Performeuse, chorégraphe et vidéaste, mais aussi sculptrice textile, la jeune femme déroule sur deux étages une proposition inédite centrée sur le corps et rythmée par six installations vidéo où se croisent mouvements, respirations, contacts physiques et silences. Une progression puissante au fil des salles et des œuvres, partant du contact le plus primaire avec le monde matériel pour aboutir vers l’élévation du corps et de l’esprit.
“Sarah Brahim : Sometimes we are eternal”, jusqu’au 28 avril 2024 à la Fondation Bally, Lugano (Suisse).