8 mar 2024

Comment le portrait de Lady Diana par Andy Warhol est devenu culte

Dès l’annonce de ses fiançailles avec le prince Charles en 1981, Lady Diana captive le monde entier. À commencer par l’artiste Andy Warhol qui, hypnotisé par son visage, réalise une série de quatre portraits de la princesse. Alors que l’un d’entre eux vient d’être adjugé 2,8 millions d’euros à la maison Phillips, retour sur l’histoire de ce tableau devenu culte.

Lady Diana, icône du pop art ?

 

Le 24 février 1981, le nom jusqu’alors peu connu Diana Spencer est sur toutes les lèvres. Alors que la jeune Britannique officialise ses fiançailles avec le prince Charles, son image se diffuse sur les écrans de télévision aux quatre coins de la planète, événement médiatique qui ne manque pas d’attirer l’attention du peintre américain Andy Warhol, père du pop art, alors au sommet de sa gloire. Fasciné par les icônes populaires de son temps, ce dernier décèle immédiatement le potentiel de la jeune princesse qui attire les regards. À partir d’une photographie officielle capturée par Lord Snowdon en mai 1981 au château d’Highgrove, Warhol décide l’année suivante de tirer son portrait, selon sa technique de la sérigraphie (technique industrielle utilisée pour imprimer des publicités). 

 

Si sur le cliché original, Diana prend la pose dans un ensemble vert, assise aux côtés de son fiancé, le prince Charles, le peintre américain décide de retirer son futur mari de l’image pour ne se concentrer que sur son visage. De ce portrait individuel (dont il réalise également un pendant pour Charles la même année), il décline quatre œuvres, chacune dans une couleur différente : vert d’eau, rose, lilas, et un bleu ciel percutant assorti à la couleur ses yeux et de sa large robe en taffetas satinée de la princesse. Passée sous le marteau à la maison Phillips hier soir, cette dernière version a été adjugée non moins de 2,8 millions d’euros.

Le génie de Warhol est d’avoir perçu la force et la fragilité qui s’affrontaient déjà dans la personnalité de Diana” – Nathalie Zaquin-Boulakia

 

Warhol comprenait la force des images et l’attrait de la célébrité mieux que quiconque, commente Nathalie Zaquin-Boulakia, directrice régionale France et Senior International specialist dans l’art du 20e siècle et art contemporain de la maison Phillips. Son génie est d’avoir perçu la force et la fragilité qui s’affrontaient déjà dans la personnalité de Diana”. En effaçant son époux Charles de l’image, Warhol concentre en effet l’attention sur cette princesse en devenir, de sa somptueuse robe à son visage, traversé d’une expression troublante, à la fois sûre d’elle et terrifiée. Par ce recadrage, la bague de fiançailles est également encore plus visible, symbole royal qui causera sa célébrité mais aussi sa perte. 

 

Avec ce portrait, l’artiste associe Diana au groupe restreint des icônes telle que Marilyn Monroe mais aussi Jacky Kennedy”, icônes qui font aujourd’hui partie du panthéon de Warhol – sa Shot Sage Blue Marilyn atteignant les 195 millions d’euros chez Christie’s en 2022. À l’image des portraits de ces deux personnalités incontournables du 20e siècle, la princesse Diana se retrouve d’ailleurs elle aussi plongée dans un fond coloré.

 

Seule représentation de Lady Di par Warhol – à l’exception d’un dessin au crayon –, cette série de quatre portraits semble regrouper tout ce qui l’a toujours fasciné : la célébrité, le glamour, mais aussi le caractère iconique d’une personnalité éminemment populaire. De la même manière que les photographies de la princesse inonderont la presse au cours de la décennie 1980, ce portrait fera également le tour du monde – et nourrira un nouvel intérêt du peintre pour la royauté. En 1985, deux ans avant sa mort, Andy Warhol réalise ainsi les portraits des reines Ntfombi Tfwala du Swaziland (Royaume d’Eswatini), Beatrix des Pays-Bas, Margrethe II du Danemark et… d’Elizabeth II du Royaume-Uni, contribuant à les faire entrer dans la légende.