3 mai 2023

BAD+ : 3 parcours artistiques au cœur des vignobles bordelais

Sous le soleil de Bordeaux, les grappes de raisins mûrissent et les œuvres d’art fleurissent. Pour sa seconde édition, BAD+ Art Fair revient aux abords de la Garonne du 5 au 7 mai. Du Hangar14 en passant par une dizaine de vignobles, la foire girondine met en avant l’art, le design et le patrimoine vinicole de la région à travers une sélection de galeries pointues mais aussi de projets artistiques présentés dans des domaines de renom. Loin des pavés de pierre du centre-ville, voyage en trois châteaux où art et vin ne font qu’un. 

1. Les projections lumineuses de Michel Verjux au château Chasse-Spleen 

 

Depuis quelques années, le château Chasse-Spleen regroupe une collection d’art contemporain à l’image de son domaine situé au cœur du Médoc : fertile. Des caves au parc viticole à la chartreuse du 18e siècle siècle, les œuvres envahissent les lieux tout autant qu’elles leur donnent – à raison – le titre de centre d’art. La liste d’artistes est longue, des plafonds du chai investis de triangles rouges en verre signés du Suisse Felice Varini en 2016 à l’immense paire de bottes installée à l’entrée par Lilian Bourgeat, en passant par le verre de cristal moulu d’Ann Veronica Janssens exposé dans les salles de la collection permanente. À ce parcours s’ajoute une installation temporaire signée du Français Michel Verjux et inaugurée à l’occasion de BAD+ Art Fair, qui explore un des leitmotivs du travail du plasticien : la lumière. Dans la chartreuse, il projette des spots lumineux qui mettent en scène l’espace immaculé et soulignent le statut de “visiteur” des invités du château Chasse-Spleen. Que sont-ils venus voir ? Un vignoble ou une exposition ? Autant de questions à méditer en arpentant cette riche collection, un verre de Moulis-en-Médoc à la main…

 

“L’avantage de la clarté” par Michel Verjux, du 4 mai au 1er octobre 2023 au château Chasse-Spleen, 32 chemin de la Razé, Moulis-en-Médoc.  

2. Le chai du château de Malengin-château des Laurets sublimé par les amphores kaléidoscopiques des frères Quistrebert

 

C’est un des plus grands domaine viticole de Gironde : les 90 hectares du château de Malengin et du château des Laurets (réunis en seul domaine depuis 1842) se visitent autant pour leur savoir-faire que pour leurs actualités culturelles. Racheté par la famille Rothschild en 2003, l’endroit cultive son vin en amphores, selon une technique antique et rare sur le territoire, remplacée au fil du temps par les traditionnels cuves et fûts en bois, béton ou inox. Inspirés par ce dispositif, le duo d’artistes Florian et Michael Quistrebert ont imaginé une installation lumineuse et colorée qui épouse la forme des amphores conservées dans le chai des châteaux. Depuis une quinzaine d’années, les deux frères explorent la lumière, et la manière dont elle influence notre perception : rose éclatant, bleu profond, vert clair, jaune solaire, la palette chromatique vive qu’ils déploient dans leurs œuvres amplifie l’intensité de la lumière et l’impact produit sur nos sens. Dans les sous-sol du domaine viticole bordelais, le visiteur se retrouve ainsi plongé dans une ambiance hypnotique, entouré d’une multitude de taches de couleurs projetées sur les murs, le plafond, le sol et deux amphores XXL. Quelque part entre une nuit en discothèque ou une vision kaléidoscopique, l’immersion du visiteur est totale, magnifiant le caractère exceptionnel de ces châteaux. 

 

Installation permanente “Vortex” par Florian et Michael Quistrebert au château de Malengin-château des Laurets, Puisseguin-Saint-Émilion, Montagne-Saint-Émilion. 

 3. Carte blanche à Barthélémy Toguo au château Fleur de Lisse  

 

Pour visiter le château Fleur de Lisse, il faut s’aventurer dans l’est de la région bordelaise, à Saint-Hippolyte. Une excursion d’autant plus conseillée au moment où la propriété a donné carte blanche à Barthélémy Toguo, qui inaugure, à l’occasion de BAD+, une exposition polymorphe – à l’image de son travail. L’artiste franco-camerounais, devenu au cours de la dernière décennie une figure centrale de la scène contemporaine, a, comme le duo des frères Quistrebert, jeté lui aussi son dévolu sur l’amphore. La particularité, ici, est que le chai du domaine, percé de vitraux colorés, est baigné d’une lumière diffuse qui, couplée à son architecture en dôme et les deux petits degrés de température ambiante, confère au lieu une atmosphère presque sacrée. Au sol, une multitude de lézards en porcelaine turquoise jonchent les allées remplies de tonneaux de vin (rappelant son travail à manufacture de Sèvres), elles-mêmes entourées d’amphores en terre cuite délicatement peintes par Barthélémy Toguo. Le thème de ses dessins ? Le vivant, sujet cher au plasticien qui l’explore ici au travers des motifs de la terre, de l’eau et de l’homme, tout en s’inspirant de l’histoire des vignobles bordelais. Les grappes de raisin cultivées au château Fleur de Lisse se retrouvent mêlées, dans l’imaginaire de l’artiste, à un large poisson dont les nageoires s’enroulent autour d’une amphore, ou à une silhouette humaine traversée de sarments jusque dans la gorge. Métaphore d’une nature qui se reconnecte à l’homme… à travers une gorgée de Saint-Émilion grand cru.  

 

“Chronique du vivant” par Barthélémy Toguo, du 5 mai au 30 septembre 2023 au château Fleur de Lisse, Lieu-dit Gaillard, Saint-Hippolyte. 

 

BAD+, deuxième édition du 5 au 7 mai 2023 au Hangar 14, Bordeaux. 

Parcours privé Entre’vues sur réservation.