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Timothée Chalamet mène-t-il vraiment une double vie de rappeur ?
L’acteur américain Timothée Chalamet est-il réellement le rappeur masqué EsDeeKid ? La rumeur enfle sur les réseaux sociaux, alors que le comédien se trouve en pleine promotion du film de Josh Safdie Marty Supreme, qui sortira au cinéma le 18 février 2026.
par Alexis Thibault.

Timothée Chalamet est-il vraiment le rappeur EsDeeKid ?
La superstar Timothée Chalamet traverse une période de surexposition médiatique. Il est actuellement en pleine promotion de Marty Supreme (2026), nouveau long-métrage de Joshua Safdie dans lequel il incarne Marty Mauser, joueur de ping-pong à l’ambition démesurée. À ses côtés : Gwyneth Paltrow et Tyler, The Creator.
Et les réseaux sociaux en ont profité pour trouver leur nouveau roman-feuilleton… Et si l’acteur américain de 29 ans se cachait derrière EsDeeKid, rappeur britannique masqué qui électrise la scène underground depuis plusieurs mois ? Mêmes yeux, même foulard, mêmes mains… Plusieurs “indices” abondent en effet sur la toile… Mais la rumeur se nourrit surtout de ce que l’on sait réellement de l’acteur. Adolescent, Timothée Chalamet rappait déjà sous l’adorable pseudonyme de Lil Timmy Tim.
À la télévision, notamment dans un sketch aux côtés de l’humoriste Pete Davidson, il a également manifesté une certaine aisance rythmique. Ajoutons sa proximité notoire avec Kid Cudi, Steve Lacy ou The Weeknd, et ce faisceau de signes rend l’hypothèse séduisante pour un public avide de scoops.
Ce nouvel alias de Timothée Chalamet est-il probable ?
Hollywood a produit des artistes capables d’habiter deux industries : Jamie Foxx, Will Smith, Childish Gambino. Autant d’exemples où l’acteur et le musicien coexistent dans une même chair. Timothée Chalamet possède, lui aussi, le profil et la curiosité nécessaires pour emprunter une voie similaire. Mieux encore : l’idée qu’il puisse rapper anonymement lui offrirait une échappatoire à son statut de star, l’occasion d’explorer une création affranchie de son propre visage.
Mais les obstacles demeurent sérieux. L’accent scouse très spécifique d’EsDeeKid, propre aux habitants de Liverpool et du Merseyside, reste difficile à reproduire sans faille. S’ajoutent des conflits d’agenda entre concerts et engagements promotionnels et, surtout, une signature vocale qui s’écarte nettement du timbre de l’acteur. Tout porte à croire que l’on se trouve moins face à une enquête que devant une projection collective.

La grande histoire de l’anonymat dans la musique
Si cette stratégie d’effacement volontaire ne date pas d’hier (on pense à Donald Glover abandonnant son nom civil pour se glisser derrière Childish Gambino), elle retrouve aujourd’hui une certaine vigueur. Une manière pour certains artistes d’échapper à la tyrannie de la célébrité, de ne pas contaminer leurs nouveaux projets avec l’ombre déformante de leur propre notoriété. Ainsi, Sault, mystérieux collectif britannique, pousse cette logique. Aucun visage, aucune interview, seulement des disques. Autour gravitent des noms : Cleo Sol, Chronixx et Little Simz.
L’anonymat dans la musique, loin d’un caprice, devient, dès les années 70, un véritable outil esthétique. Dans l’underground new-yorkais, certains DJ laissent circuler des maxis sans crédits, comme si seule importait la vibration nocturne des clubs et la syntaxe des boîtes à rythmes. La disco puis la house prolongent cette tradition de l’effacement : des voix samplées sans origine, des producteurs cachés derrière des labels, une musique qui appartient d’abord à celles et ceux qui la dansent. L’auteur s’efface au profit de la communauté.
Se cacher, un rituel sacré chez les rappeurs
Dans le rap, l’alias est rapidement devenu langage à part entière. D’autant que, dans les années 80, le rap radicalise encore ce double jeu. Les premiers collectifs privilégient ainsi la force du groupe à la signature individuelle. Public Enemy brouille les hiérarchies internes du Bomb Squad, le Wu-Tang Clan multiplie les pseudonymes comme autant de références shaolin, MF DOOM érige la disparition en chef-d’œuvre à travers son masque de super-vilain. L’anonymat devient une façon d’être encore plus présent. Et l’artiste échappe alors aux assignations raciales, médiatiques ou marchandes.
Il en va de même pour Burial, dont l’effacement constitue un véritable vocabulaire sonore. Des crépitements, des voix-fantômes, et Londres en filigrane. Ou pour Vladimir Cauchemar, squelette baroque et beatmaker, qui s’approprie la logique du masque cérémoniel. Rappelons aussi que Frank Ocean fut Lonny Breaux et que Flying Lotus a longtemps circulé entre identités parallèles, jusqu’à l’avatar rap Captain Murphy, figure psychédélique de cartoon.
Mais l’anonymat engendre souvent un excès d’interprétations qui nourrit autant la réception que la musique. En d’autres termes, disparaître, c’est aussi amplifier le mystère qui entoure le projet et attirer un public désireux de résoudre l’énigme…
Marty Supreme de Josh Safdie, au cinéma le 18 février 2026.