11 nov 2025

11 expositions à voir pendant Paris Photo

En marge de la foire Paris Photo, organisée au Grand Palais du 13 au 16 novembre 2025, de nombreuses institutions et galeries parisiennes présentent le travail de grands talents de la photographie, contemporaine comme historique. Tour d’horizon en 11 expositions à découvrir dans la capitale, des polaroids de Nobuyoshi Araki au musée Guimet au dialogue émouvant entre Donna Gottschalk et Hélène Giannecchini au Bal.

  • Par Matthieu Jacquet

    et Camille Bois-Martin.

  • Publié le 11 novembre 2025. Modifié le 13 novembre 2025.

    Tyler Mitchell à la Maison Européenne de la Photographie

    Âgé de 30 ans, Tyler Mitchell est-ce que l’on appelle un jeune prodige de la photographie. Révélé en 2018 grâce à ses portraits de Beyoncé, le New-Yorkais s’est distingué depuis à travers ses clichés élégants et touchants des populations afro-américaines, qui séduisent aussi bien les magazines que les musées. La Maison européenne de la photographie (MEP) accueille cet automne sa première exposition institutionnelle en France.

    Tyler Mitchell, ”Wish This Was Real”, jusqu’au 25 janvier 2026 à la Maison Européenne de la Photographie, Paris 4e .

    Les polaroïds de Nobuyoshi Araki au musée Guimet

    Depuis les années 70, Nobuyoshi Araki compose des clichés comme les artistes gravaient des shunga au 19e siècle : les images du Japonais sont explicites, voire pornographiques, et racontent les désirs de leur auteur autant que de la société. Si l’on connaît bien ses photographies de bondage, le musée Guimet dévoile une exposition surprenante uniquement rythmée de polaroïds, réalisés par l’artiste nippon dans un geste quasi quotidien entre 1997 et 2024.

    “POLARAKI – Mille polaroids d’Araki Nobuyoshi”, jusqu’au 12 janvier 2026 au musée Guimet, Paris 16e.

    Donna Gottschalk et Hélène Giannecchini au Bal

    Photographe et activiste américaine née en 1949, Donna Gottschalk a documenté l’intimité et le quotidien de la communauté lesbienne à New York, à l’heure de la naissance des luttes pour les droits LGBTQ+ dans les années 70 et 80. Écrivaine et critique d’art française née en 1987, Hélène Giannecchini découvrira ce travail bien après sa réalisation.

    Présentée au Bal depuis plusieurs mois, l’exposition “Nous autres” est née de la rencontre entre les deux femmes, la première ayant offert à la seconde l’accès à ses archives jamais montrées en Europe. Pour l’occasion, Hélène Giannechini accompagne ces images de textes nourris par leurs échanges et leur complicité.

    Donna Gottschalk et Hélène Giannecchini avec Carla Williams, “Nous autres”, jusqu’au 16 novembre 2025 au Bal, Paris 18e.

    La 9e édition du salon approche

    Pour sa 9e édition, le salon A ppr oc he, organisé à l’espace Le Molière à Paris, présente quatorze expositions personnelles – dont huit séries inédites, présentées par des galeries françaises et internationales. Au sein de cette riche programmation se croisent les portraits du Français Vincent Lemaire, les tirages argentiques lumineux de phytoplancton d’Anna Katharina Scheidegger et les photographies sculpturales de Daphne van de Velde.

    Salon Approche, du 13 au 16 novembre 2025, Le Molière, Paris 1er.

    Sibylle Bergemann à la Fondation Henri Cartier-Bresson

    Réputée pour ses portraits, ses photographies de mode et d’architecture, Sibylle Bergemann (1941-2010) a capturé sous de nombreux angles les transformations de l’Allemagne d’après-guerre, de sa société à sa capitale, qui l’a vue naître. La Fondation Cartier-Bresson expose l’un de ses projets les plus mémorables : Le Monument, une série entamée en 1975 et achevée en 1986, retraçant l’édification du monument en hommage à Marx et Engels à Berlin-Est (dans l’ex-RDA), qui témoigne – exclusivement en noir et blanc – de ce moment si particulier de l’histoire allemande.

    Sibylle Bergemann, “Le Monument”, jusqu’au 11 janvier 2026 à la Fondation Henri Cartier-Bresson, Paris 3e.

    Felipe Romero Beltrán dans le Studio de la MEP

    Photographe à suivre, Felipe Romero Beltrán s’intéresse aux questions liées aux migrations et aux territoires qu’il explore dans des clichés teintés d’un regard critique sur le monde d’aujourd’hui. Présenté cette semaine à Paris Photo sur le stand partagé des galeries Hatch et Klemm’s, le trentenaire colombien dévoile simultanément au Studio de la MEP sa série Dialect, documentant le quotidien de jeunes Marocains dans un centre pour migrants de Séville entre 2020 et 2023.

    Une belle visibilité en France qui s’étend jusqu’au Carré d’art de Nîmes, où l’artiste inaugurait il y a quelques jours l’exposition Bravo : on y découvre sa série éponyme réalisée autour du fleuve qui sépare le Mexique et les États-Unis, zone symptomatique d’une politique frontalière de plus en plus violente.

    Felipe Romero Beltrán, “Dialect”, jusqu’au 7 décembre 2025 à la Maison Européenne de la Photographie – Studio, Paris 4e.

    Luc Delahaye au Jeu de Paume

    Né à Tours en 1962, Luc Delahaye forge sa renommée au gré de ses voyages à travers le monde. Photoreporter de guerre dans les années 90, il s’applique depuis 25 ans à une pratique plus documentaire et artistique. Ses photographies, présentées pour la plupart en grand format au sein du Jeu de Paume, résultent de prises longues ou de compositions assemblées sur ordinateur, et couvrent les conflits qui meurtrissent notre société contemporaine, de la guerre d’Irak à celle d’Ukraine, de Haïti à la Libye, des conférences de l’OPEP à celles de la COP…

    Luc Delahaye, “Le bruit du monde”, jusqu’au 4 janvier 2026 au Jeu de paume, Paris 1er.

    Jo Spence à la galerie Treize

    En 1982, Jo Spence est diagnostiquée d’un cancer du sein. Huit ans plus tard, elle apprend qu’elle est atteinte d’une leucémie (dont elle décèdera en 1992). Des maladies difficiles et invasives, qui transforment ainsi progressivement son corps – et, inconsciemment, son esprit. La Britannique entame alors ce qu’elle nomme sa “photothérapie”, usant de la photographie comme d’un outil thérapeutique, pédagogique et politique qui lui permet de maîtriser son identité physique comme psychique. Avec son appareil, elle compose une œuvre intime et sensible, exposée pour la première fois en France à la galerie Treize.

    Jo Spence, un projet de Georgia René-Worms en collaboration avec Gallien Déjean et Emmanuel Guy, jusqu’au 22 novembre 2025 à la galerie Treize, Paris 11e.

    Kourtney Roy à la galerie Les filles du calvaire

    Sur les murs de la galerie Les filles du calvaire, des vêtements rétro aux couleurs vives vibrent devant des paysages urbains ou historiques. Signées Kourtney Roy, ces images sont toutes des autoportraits de l’artiste canadienne, réalisés au cours de résidence artistique à Naples. Au sein de son univers cinématographique, elle s’inspire du néoréalisme et des comédies populaires italiennes et compose des clichés fantasques et mordants, à l’esthétique vintage séduisante.

    Kourtney Roy, “La Volpina”, jusqu’au 20 décembre 2025 à la galerie Les filles du calvaire, Paris 3e.

    L’histoire du photomontage politique à la Contemporaine

    Inventé par les artistes du mouvement constructiviste russe en 1917, le terme de “photomontage” possède aujourd’hui une conation plurielle, profondément lié à la politique. Puisant dans sa riche collection de presse illustrée et d’affiches, la Contemporaine propose un accrochage en deux périodes (de 1914 à 1939, puis de 1939 à 1991) et explore les pratiques artistiques de retouche et de manipulation des images, instrumentalisées à des fins de propagande, en France comme à l’international, de la Première Guerre mondiale aux premiers balbutiements de Photoshop.

    “Couper, coller, imprimer : le photomontage politique au 20e siècle”, exposition du 19 novembre 2025 au 14 mars 2026 à La Contemporaine, 184 Cr Nicole Dreyfus, 92000 Nanterre.

    Morgane Ely à la galerie Prima

    C’est au Japon, lors de ses études, que Morgane Ely apprend à maîtriser ce qui deviendra sa technique fétiche : la gravure sur bois, issue de l’estampe traditionnelle. Depuis, la jeune artiste française, lauréate du prix Villa Noailles des Révélations Emerige en 2023, creuse pendant des heures, voire des semaines, le bois pour y faire apparaître trame par trame des images glanées sur internet, entre capture de films et icônes de la pop culture. Un travail que l’on découvre dans sa première exposition personnelle à la galerie Prima, avec un nouveau corpus inspiré des cartes postales de Japonaises en tenues traditionnelles, rappelant la longue – et persistante – histoire de l’exotisation du pays par le regard occidental.

    Morgane Ely, “Hostess and guests”, jusqu’au 15 novembre 2025 à la galerie Prima, Paris 3e.