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Quand la joaillerie associe le macabre au précieux
Alors qu’Halloween approche à grands pas, l’imaginaire gothique s’invite dans les ateliers des joailliers où l’horreur se métamorphose en sublime. Ainsi, les mythes les plus sombres inspirent les maisons et créateurs contemporains, entre collaboration inédite de Tiffany & Co. avec Netflix, réinterprétation de l’univers de Frankenstein signée Homer et bijoux talismans de Maria Nilsdotter.
Par Louise Menard.

Une haute joaillerie qui flirte avec le gothique
La sortie dans quelques jours du film Frankenstein, présenté à la Mostra de Venise 2025 est sur toutes les lèvres. Et ce n’est pas seulement en raison de la relecture contemporaine de ce chef d’œuvre de l’horreur par le réalisateur mexicain Guillermo del Toro, ni de la performance habitée de Jacob Elordi.
Pour la première fois, Tiffany & Co., déjà familière du septième art depuis sa participation à Mort sur le Nil (2022), collabore avec Netflix. En effet, la maison de joaillerie new-yorkaise prête à la production par moins de 27 pièces, allant de bijoux spécialement imaginés pour le film, à des parures d’une valeur inestimable exhumées des archives.
Parmi elles, le collier “Scarabée”, dessiné en 1914 sous la direction de Louis Comfort Tiffany (fils du fondateur), une pièce rare que l’on découvrira bientôt au cou de Mia Goth dans le rôle d’Elizabeth Lavenza. Composée de 12 couples d’insectes en verre soufflé à la main, cette création aux reflets bleus irisés, contribue à la beauté purement visuelle du film. Et elle magnifie les silhouettes romantiques imaginées par la costumière Kate Hawley, tout en rendant hommage à l’immense héritage de la maison joaillière.




Les bijoux Frankenstein par la marque joaillière de luxe de Frank Ocean, Homer
Dans un registre complètement différent, le roman de Mary Shelley a inspiré récemment la dernière collection d’Homer, marque de joaillerie fondée par Frank Ocean en 2021. Aux côtés de l’artiste new-yorkais Barry Kieselstein-Cord, connu pour son attrait assumé pour le mysticisme et l’étrange, l’artiste imagine une collection de haute joaillerie puisant dans l’univers de Frankenstein.
Une ligne où le cœur et les vis sont des motifs récurrents, reflets de la complexité de la créature, partagée entre une vulnérabilité touchante et une difformité troublante. Qu’il s’agisse alors d’un pendentif en or minutieusement poli et porté au bout d’une chaîne volumineuse à une paire de boucles d’oreilles alliant or blanc et diamants, en passant par une bague façon chevalière en argent poncé, Homer signe ici des bijoux à la fois poétiques et inquiétants, dignes de l’esprit d’Halloween.


Mercredi Addams inspire la joaillerie
Le lexique du gothique s’invite aussi cette année du côté de la joaillerie fine. En témoignent les serpents et lapins en diamants noirs de la créatrice japonaise Mio Harutaka ainsi que la nouvelle collection de Maria Nilsdotter. La créatrice suédoise, dont les bijoux ne cessent d’enrichir un cabinet de curiosités sombre et romantique, s’approprie la figure de Mercredi Addams. Cette fillette macabre aussi brillante qu’effrayante, tout droit sortie de l’imagination de l’illustrateur Charles Addams dans les années 1930.
Repris en 1991 par le réalisateur Barry Sonnenfeld dans son film culte La famille Addams, le personnage de la jeune héroïne au teint blafard est ensuite emprunté par Tim Burton. Portée par la coqueluche de la Gen Z, Jenna Ortega, la série Netflix Mercredi (2022-2025) se hisse alors parmi les plus gros succès de la plateforme. Propulsant de fait l’aînée de la famille au rang d’icône mondiale.
“J’ai toujours été fascinée par Mercredi Addams et son univers étrangement tordu et à travers cette collection, je voulais explorer ce qu’est la beauté lorsque l’on laisse parler les ombres. J’ai ainsi imaginé une capsule emplie de reliques et de trésors poétiques”, confie Maria Nilsdotter.
Résultat ? Des bijoux-talismans reprenant donc les codes emblématiques du conte. Parmi les parures les plus remarquables, un collier fait d’un entrelacement de chaînes d’argent et de perles noires, semblable à une toile d’araignée opulente et clin d’œil à l’un des passe-temps favoris de la jeune Mercredi Addams. Célébrant la beauté dans ce qu’elle a de plus dérangeant, Maria Nilsdotter révèle des pièces à l’aura délicieusement angoissante.

