Actrice

Jenna Ortega

Elle traverse nos imaginaires comme une silhouette gracile, à la fois gothique et solaire. Jenna Ortega, que l’on pensait figée dans le moule Disney, a déjoué les pronostics. Elle s’impose aujourd’hui comme l’incarnation vibrante d’une jeunesse insaisissable et hybride. Sa performance dans le rôle culte de Mercredi Addams, pour la série Netflix, l’a propulsée au rang d’icône contemporaine.

Publié le 2 juin 2025. Modifié le 11 juin 2025.

Les débuts de Jenna Ortega

Désormais visage phare de la jeune garde hollywoodienne, Jenna Ortega a d’abord fait ses armes sur les plateaux codifiés de Disney Channel. Dans Harley, le cadet de mes soucis, elle esquisse déjà une présence singulière, échappant à l’innocence lisse des productions pour adolescents. Toutefois, c’est The Fallout, drame introspectif et brutal, qui fait basculer sa carrière dans une zone plus crue. Ainsi, elle s’affranchit de son passé de « child star » pour s’enfoncer dans des rôles psychologiques.

Scream 6 et la relecture des mythes

Dans Scream 6, Jenna s’infiltre dans la mythologie horrifique avec une aisance déconcertante. En digne héritière du « final girl trope », elle module la peur avec subtilité, entre cris contenus et révolte sourde. Le genre horrifique, loin d’être un simple passage, devient pour elle un territoire d’expression, à la fois féministe et déroutant.

The Fallout, Yes Day : entre chaos et lumière

Quoique The Fallout plonge dans les abîmes d’un trauma collectif, l’actrice y incarne une adolescence blessée mais incandescente. Yes Day, à l’inverse, dévoile une fantaisie familiale bienveillante. Cette tension entre noirceur et légèreté esquisse les contours d’une carrière qui refuse le manichéisme.

Mercredi Addams ou l’art du dédoublement

Lorsque Tim Burton convoque Jenna Ortega pour incarner Mercredi, la greffe est évidente. Dorénavant, la série Mercredi Netflix s’impose comme un phénomène, reconfigurant les codes de la teen série gothique. Jenna, entre ironie mordante et regard fuyant, s’y révèle en performeuse du paradoxe. La famille Addams, réinventée, devient miroir dystopique d’une génération en déséquilibre.

Ainsi donc, son Mercredi ne se contente pas de hanter : elle pense, elle juge, elle résiste. La performance de Jenna Ortega ne tient pas seulement à son regard fixe ou à ses silences. C’est un travail d’épure, un minimalisme expressif qui dit la mélancolie de l’époque.

Beetlejuice 2 et les liens sacrés du baroque

Prochain arrêt : Beetlejuice 2. Tim Burton, une fois encore, convoque Jenna comme muse délicate et intense. Le retour de cet univers baroque et spectral devrait asseoir l’actrice comme l’épine dorsale d’un esthétisme en pleine réinvention.

Par ailleurs, sa participation à la série You confirme une volonté de brouiller les lignes, d’habiter des rôles à l’écart des archétypes.

Une icône en devenir

Il faut dire aussi que Jenna Ortega incarne plus qu’une actrice américaine montante. Elle est la figure d’une mutation : celle d’un Hollywood qui intègre la nuance, la mémoire et l’audace dans ses figures féminines. En témoignent ses choix artistiques, à la fois affûtés et accessibles. Sans doute est-ce pour cela qu’elle fascine, en dépit de son jeune âge.

Et si son regard nous semble si familier, c’est peut-être parce qu’il reflète une part de nous : cette volonté d’être à la fois dans le monde et ailleurs, éprise de beauté noire, d’intelligence émotionnelle et de désirs contrariés.