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Que nous réserve le prochain album de Florence + The Machine inspiré par la sorcellerie ?
La formation rock britannique indépendante Florence + The Machine est de retour avec Everybody Scream, un nouvel album prévu pour le 31 octobre 2025. Porté par la voix incandescente de Florence Welch, le disque nous plongera dans les méandres de la sorcellerie…
par Alexis Thibault.

Florence + The Machine, un groupe à l’univers baroque
La discographie du groupe de rock indépendant britannique Florence + The Machine se lit comme une suite de fresques gothiques. En 2009, le disque Lungs, porté par le morceau Dog Days Are Over, impose la chanteuse Florence Welch comme une prêtresse moderne de la musique.
Sa voix, tour à tour incantatoire et écorchée, se déploie en liturgie profane, charriant une ferveur dionysiaque. On y entrevoit les ombres tutélaires de Kate Bush, de Patti Smith ou encore du groupe Fleetwood Mac. La formation tisse des liens entre pop baroque, folk pastorale, art rock et nu-soul… Dans ce théâtre de textures et de crescendos phénoménaux séduit par son sens de l’excès.
Avec le disque Ceremonials (2011), ce sont plutôt des chœurs aquatiques qui se déploient comme les plis d’un tableau de John William Waterhouse, tandis que l’opus How Big, How Blue, How Beautiful (2015) adopte un dépouillement cinématographique, comme s’il cherchait à mettre en lumière une œuvre méditative du cinéaste Terrence Malick.
La reconnaissance institutionnelle accompagnera cette ascension. Lungs avait déjà remporté le Brit Award de l’album britannique de l’année (2010), et la carrière du groupe sera jalonnée d’une pluie de nominations aux Grammy Awards, sans que le précieux sésame soit jamais décroché…
Comment Florence Welch s’est imposée dans le paysage musical
Née le 28 août 1986, la chanteuse Florence Welch porte sur elle les stigmates d’une artiste qui n’a jamais su choisir entre l’ombre et la lumière. Grande silhouette diaphane, chevelure rousse flamboyante qui s’effondre en vagues… Sa présence incarne un paradoxe. Frêle et hiératique, mais traversée par une énergie tellurique. Son enfance fut marquée par les livres, les églises et les obsessions mystiques héritées d’une mère universitaire. Ses premières scènes, dans les clubs londoniens, avaient déjà quelque chose de cérémoniel : robes flottantes, danse convulsive, voix qui se déploie comme une marée.
Chacun de ses concerts deviendra rapidement un rituel. Florence Welch ordonne à des foules entières de se lever, de courir, parfois même de ranger leurs téléphones pour redevenir une communauté incarnée. Le chaos originel est devenu une esthétique. Sur scène, l’imaginaire gothique prime. Lors de l’une de ses prestations new-yorkaises, un fan lui lança une main ensanglantée factice qu’elle brandit alors avec jubilation, comme une offrande macabre aussitôt intégrée à sa liturgie.
Son univers grandiloquent s’inspire autant de la musique chorale que des structures pop. Et les ruptures dynamiques — un silence soudain suivi d’une explosion orchestrale — rappellent la logique du sacré, quand le silence prépare la révélation. Quant à ses textes, nourris de mythes et de visions, ils abordent l’amour, la mort, le sacrifice avec l’obsession d’un poète romantique. Ainsi, What the Water Gave Me (2011) puise autant dans l’imaginaire de Virginia Woolf que dans le pinceau de Frida Kahlo. L’eau devient métaphore de perte et de submersion.
Florence + The Machine de retour avec l’album Everybody Scream
L’influence du groupe britannique est manifeste. D’innombrables chanteuses de la scène alternative — de Lana Del Rey, à Lorde en passant par la jeune formation The Last Dinner Party — citent son théâtre intime comme une référence. Florence + The Machine a ouvert la voie à une pop qui ne craint pas la démesure.
Everybody Scream, prévu pour le 31 octobre 2025, s’annonce donc comme une nouvelle étape de ce parcours. Un album qui pourrait être à la fois confession et apocalypse, autoportrait et fresque universelle. Une œuvre folk-horror pensée comme un tableau de Francis Bacon, promesse d’une beauté convulsive, éclaboussée de douleur et de grâce. Inspiré par le mysticisme et la sorcellerie, ce disque de douze titres a été composé aux côtés de Mark Bowens (Idles), Mitski et Aaron Dessner de (The National). Reste à savoir s’il marquera l’accomplissement d’un cycle ou l’inflexion d’une œuvre en perpétuelle métamorphose.
Everybody Scream de Florence + The Machine, disponible le 31 octobre 2025. En concert à l’Accor Arena le 22 février 2026.