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Qui est Luvcat, la pin-up rock qui a séduit The Last Dinner Party et Chappell Roan ?
Avec son univers à la croisée du rock, du cirque et du romantisme, la chanteuse britannique Luvcat nous captive. Alors qu’elle dévoile ce vendredi 31 octobre 2025 son premier album intitulé Vicious Delicious, Numéro revient sur sa rencontre avec une artiste déjà adoubée par les Libertines et The Last Dinner Party…
propos recueillis par Nathan Merchadier.
Luvcat, la chanteuse rock adoubée par The Libertines
Originaire de Liverpool, la chanteuse Luvcat (connue à la ville sous le nom de Sophie Morgan Howarth) s’impose comme l’une des voix les plus singulières de la scène rock alternative britannique du moment. Avec son allure de pin-up gothique, elle évoque dans ses textes des histoires d’amour désillusionnées.
Élevée au milieu des disques de Nick Cave et The Smiths collectionnés par son père, l’Anglaise rêve pendant un temps de devenir danseuse au Moulin Rouge avant de devenir l’assistante d’un magicien dans un cirque. Fascinée par The Cure et le Velvet Underground, elle mélange le rock gothique et une esthétique glamour au sein de son intrigante discographie naissante. Dans ses chansons, qu’il s’agisse de la ballade romantique Matador, inspirée d’une rencontre à Liverpool, ou de He’s My Man, où désir et obsession se confondent, elle explore la passion sous toutes ses formes, avec un mélange de mélancolie, d’ironie et de fantaisie.
Vicious Delicious, le premier album de Luvcat
D’abord remarquée sur TikTok puis en live lors des premières parties des groupes The Libertines et The Last Dinner Party, la chanteuse déploie sur scène une présence magnétique. Au cours des derniers mois, l’artiste presque trentenaire s’est produite au Festival Rock en Seine le 20 août 2025, aux côtés de la star de la pop Chappell Roan. Prochainement, elle sera en concert à la Maroquinerie, le 22 novembre. En attendant, elle nous parle de son tout premier album intitulé Vicious Delicious, désormais disponible…

L’interview de Luvcat
Numéro : He’s My Man, sorti en 2024, est l’un des premiers morceaux que vous avez partagé en ligne. Quelle a été sa genèse ?
Luvcat : Ce titre est né de quelques nuits étranges à Liverpool, ma ville natale. Au départ, je n’avais pas prévu qu’il deviendrait mon premier single. Mais des vidéos de mon groupe en train de le jouer dans un pub londonien ont commencé à circuler sur TikTok… Et c’est là que tout a vraiment pris son envol.
Comment décririez-vous les thèmes principaux de votre musique ?
L’amour est au cœur de tout ce que je fais, sous toutes ses nuances. J’y évoque ses moments lumineux comme ses aspects plus sombres, parfois liés à la dépendance ou aux excès qu’il peut provoquer. Et tout cas, cela est profondément marqué par mon enfance en Angleterre. À Liverpool tout le monde se connaît… Cette intimité a façonné la manière dont je vois le monde.
Vous sortez aujourd’hui un album intitulé Vicious Delicious. De quoi parle-t-il ?
Ce premier album continue d’explorer des thèmes que j’ai déjà abordés dans mes précédentes chansons : l’amour, la lumière et l’obscurité de la dépendance affective. J’y raconte aussi les dernières années de ma vie et tous les personnages que j’ai croisés entre Liverpool, Londres et Paris, où j’ai passé le plus de temps.
Vous avez été l’assistante d’un magicien dans un cirque…
Je dis toujours que le cirque ne vous quitte jamais. Je crois d’ailleurs que j’ai conservé une part de la magie de mon expérience en tant qu’assistante de magicienne. J’adore monter des spectacles, et j’espère qu’un jour mes concerts pourront ressembler davantage à un cirque, avec des productions plus grandes, plus théâtrales. Lorsque nous aurons les moyens de le faire… En tout cas, j’adore le chaos du cirque et j’aimerais que ma musique reflète ce côté imprévisible. Elle pourrait d’ailleurs être résumée par l’idée d’un “cirque grunge et désordonné”.
“C’est dans ce contraste entre tumulte et silence que ma musique naît”. Luvcat
Certains artistes affirment que les plus belles œuvres d’art naissent du chaos. Comment décririez-vous votre processus créatif ?
J’aime indéniablement absorber le chaos, m’y plonger, m’en imprégner. Et puis, quand le calme revient, c’est là que tout prend forme : je m’assois au piano et j’écris ce que j’ai ressenti. C’est dans ce contraste entre tumulte et silence que ma musique naît.
Vous avez rencontré un grand succès sur TikTok. Que pensez-vous de cette plateforme ?
TikTok a vraiment été une plateforme très positive pour moi. Je n’avais pas vraiment de contacts dans l’industrie ni de famille dans le milieu du spectacle, et grâce à TikTok, j’ai pu faire découvrir ma musique à des gens qui ne l’auraient jamais entendue autrement. Je me sens chanceuse que ma carrière ait pu passer de l’univers virtuel des réseaux sociaux à la réalité. Aujourd’hui, des gens achètent des billets pour venir voir mes concerts. Donc, je suis profondément reconnaissante.

“J’ai composé les titres Lipstick, et Dinner à Londres, avec un vieux piano que j’avais acheté pour 50 livres sur Facebook Marketplace”.
Pourriez-vous nous parler de vos morceaux Lipstick et Dinner ?
J’ai composé ces chansons à Londres, avec un vieux piano que j’avais acheté pour 50 livres sur Facebook Marketplace. Je me souviens de m’être assise un soir, après avoir rencontré quelqu’un. C’est là que j’ai imaginé la scène d’un dîner chic dans le quartier de Soho, et Dinner est née de ce rêve. Quant à Lipstick, je l’ai écrite avec deux de mes amis. Elle s’inspire d’une scène du film Chitty Chitty Bang Bang (1969), dans laquelle une poupée prend vie. Ce mélange d’émerveillement et d’étrangeté m’a beaucoup inspirée.
Quels sont les groupes qui vous ont influencée lorsque vous étiez adolescente ?
Mes premières influences viennent surtout de la collection musicale de mon père et de mon grand-père. Mon père écoutait The Smiths, The Cure, The Velvet Underground, The Doors, ou encore Nick Cave… Et mon grand-père, lui, écoutait Frank Sinatra et The Rat Pack, Barbra Streisand ou encore Édith Piaf. À cela s’ajoutent Tom Waits et Leonard Cohen, que j’ai découverts vers 19 ans. Toutes ces influences se sont mélangées pour façonner ma musique.
Écoutez-vous des groupes plus récents ?
Pas vraiment. Je crois que je suis encore un peu coincée dans le passé. Je n’écoute pas beaucoup de musique récente et j’ai toujours un faible pour le romantisme de la musique old school. Mon featuring rêvé ? J’adorerais chanter avec My Chemical Romance…
“Pour l’instant, nous n’avons pas de loges dignes de ce nom […] mais je travaille dur, et j’espère qu’un jour il y aura de vraies lumières autour du miroir”. Luvcat
Vous avez été remarquée en première partie des groupes The Libertines et The Last Dinner Party. Comment se sont déroulées ces expériences ?
La tournée avec The Last Dinner Party a été incroyable, surtout le concert à l’Olympia à Paris, car le public était absolument fantastique. C’était une expérience électrique, un peu comme les concerts avec The Libertines. Être accueillie par mes idoles et avoir l’occasion de chanter avec elles était quelque chose de formidable.
À ce sujet, parlez-nous de votre relation avec la ville lumière…
Je suis tout simplement amoureuse de Paris et j’ai toujours ressenti un lien profond avec cette ville, même si je ne parle pas vraiment français. Je ne sais pas si c’est l’architecture, la poésie, la littérature, le cinéma ou la musique… Mais chaque fois que je suis à Paris, je me sens enveloppée de poésie, et je suis irrésistiblement attirée par cette ville. J’aime tout chez ses habitants.
“Enfiler des escarpins ou des talons hauts avant de monter sur scène me donne cette sensation que le spectacle commence vraiment”. Luvcat
Quelle est, selon vous, la chose la plus difficile à vivre aujourd’hui dans l’industrie musicale ?
C’est le manque de glamour au quotidien. Pour l’instant, nous n’avons pas de loges dignes de ce nom, donc on se prépare dans les toilettes des salles de concert, dans un festival ou même dans le van. Ce n’est pas encore très rodé… Mais je travaille dur, et j’espère qu’un jour il y aura de vraies lumières autour du miroir.
À chacune de vos apparitions publiques, vous arborez un look de pin-up rock’n’roll. Vos vêtements vous permettent-ils de rentrer dans un personnage ?
Pas vraiment. Il n’y a pas de personnage, c’est juste moi, sur scène et ailleurs. Mais enfiler des escarpins ou des talons hauts avant de monter sur scène me donne cette sensation que le spectacle commence vraiment. Le rouge à lèvres et les talons me mettent dans l’état d’esprit idéal pour performer.
Vicious Delicious (2025) de Luvcat, disponible.