Pamela Anderson, symptôme du sort réservé aux bimbos à Hollywood et icône de la résilience
Après la série Disney+ Pam & Tommy, consacrée à sa sextape avec Tommy Lee, l’icône de la pop culture Pamela Anderson a voulu reprendre les rênes de son storytelling. Dans le documentaire Netflix Pamela, a love story, diffusé ce 31 janvier 2023, elle raconte ses vérités. Et ses blessures.
par Violaine Schütz.
Pamela Anderson a souffert de son image de sex-symbol
« Je ne savais pas mentir en interview, donc quand on m’a demandé si j’avais fait de la chirurgie esthétique, j’ai répondu et c’est comme ça que tout a commencé. Mes seins ont fait carrière, je les ai seulement suivis. » C’est ainsi que se confie, sans filtre, l’actrice Pamela Anderson dans un documentaire réalisé par Ryan White (The Keepers), diffusé sur Netflix depuis le mois de janvier 2023 sur Netflix.
Intitulé Pamela, a love story, le film de presque deux heures, riche en images d’archives, en lectures de journaux intimes et en interviews, est un moyen pour la bimbo au célèbre maillot rouge d’Alerte à Malibu (1989-2001) de reprendre les rênes de son storytelling. En effet, celle qui a souffert de ne pas être prise au sérieux en tant qu’actrice, et qui s’est sentie humiliée par la série Pam & Tommy, diffusée en 2002 sur Disney+ et centrée sur sa sextape, ne veut plus être considérée comme un objet sexuel.
Comme Britney Spears, Jennifer Lopez et Janet Jackson avant elle, qui ont toutes les trois fait l’objet d’un documentaire expliquant le traitement médiatique misogyne (et très sexualité) dont elles ont fait l’objet, la star y rétablit sa vérité. Et se confie sur les blessures.
Le sort cruel réservé aux bimbos à Hollywood
« J’espérais toujours que je ferais quelque chose qui intéresserait les gens et qu’ils arrêteraient de se concentrer sur mon corps. » Mais malgré son engagement envers les animaux, son amour pour Proust et Walt Whitman et ses apparitions au cinéma (Barb Wire, Scooby-Doo, Scary Movie 3, Borat…), on n’a pas cessé, tout au long de sa carrière, de lui poser des questions sur ses seins et sur son recours à la chirurgie pour les augmenter.
Pamela Anderson explique avoir eu du mal à sortir de la caricature de l’objet sexualisé aux formes cartoonesques prisé par les médias. Tout comme d’autres actrices sexualisées d’Hollywood réduites à leur physique et à leur sex appeal qui ont eu du mal à trouver d’autres rôles par la suite, à l’instar d’Elizabeth Berkley, star de Showgirls (1995). C’est via son engagement envers les animaux que Pamela Anderson va montrer un autre visage et se servir de sa célébrité à des fins utiles.
L’enfance difficile de Pamela Anderson
L’ex-playmate a beaucoup dévoilé son corps dans sa carrière. Mais dans Pamela, a love story, c’est son passé douloureux et son âme qu’elle met à nu. Comme pour appuyer sur ce côté « mise à nu » émotionnelle, Pamela Anderson, 55 ans, s’adresse à la caméra pas maquillée, vêtue d’une robe simple et virginale. Et les aveux de celle qui a vécu au Canada dans une famille modeste, élevée notamment par un père alcoolique et violent, sont déchirants. La star revient notamment les abus sexuels que sa baby-sitter lui aurait fait subir dans son enfance. « Mes parents la trouvaient géniale parce qu’elle m’offrait des cadeaux, mais elle abusait de moi. Cela a duré deux ou trois ans. Elle me disait de ne rien dire. Pendant ces moments traumatisants, je quittais mon corps et flottais dans mon propre monde. Je creusais un tunnel vers la Chine et je me disais : « Je déteste ça. Je veux partir d’ici. » Je pensais qu’il me fallait quitter l’île (c’est-à-dire l’île de Vancouver, au Canada, ndlr)« .
L’actrice évoque aussi la fois où elle a tenté de tuer celle qui abusait d’elle, de peur qu’elle s’en prenne à son frère, dans un geste désespéré. La petite fille tenta en effet de « la poignarder en plein cœur avec un stylo. Je lui ai dit que je voulais qu’elle meure, et elle est décédée dans un accident de voiture le lendemain. » Pamela Anderson culpabilisera ensuite d’avoir souhaité sa mort, voyant la réalisation de ses désirs comme un acte de magie proche de la sorcellerie. Autre moment poignant du documentaire Netflix ? Celui où l’actrice raconte le viol qu’elle aurait vécu à l’âge de 12 ans, perpétré par un garçon de 25 ans. L’héroïne d’Alerte à Malibu explique également que ses premiers shootings sexy, pour Playboy, en 1989, seront un moyen de se sentir plus puissante et libre, en se débarrassant de ses complexes et de son sentiment de honte, lié aux abus.
Des histoires d’amour contrariées et une sextape (trop) médiatisée
Sylvester Stallone lui avait offert « un appartement et une Porsche pour être sa petite amie numéro 1 » et on ne compte plus le nombre de ses maris et petits amis (l’acteur David Charvet, le footballeur Adil Rami ou le surfeur Kelly Slater). Pourtant, Pamela Anderson parle du rockeur Tommy Lee comme du seul véritable amour de sa vie. Elle l’a épousé quelques jours après un voyage à Cancún et a eu deux enfants avec lui. Pourtant, leur histoire a été entachée par la violence de son époux, ses accès de colère, ses addictions et sa jalousie maladive. L’actrice raconte dans le documentaire comment Tommy Lee s’est emporté après qu’elle ait embrassé un acteur dans Alerte à Malibu.
L’affaire de la sextape n’a rien arrangé. La VHS, volée et la vidéo de leurs ébats, diffusée sans le consentement des deux stars sur Internet, a traumatisé Pamela Anderson. Et causé un déferlement de slut-shaming et un creux dans sa carrière. « J’ai bloqué cette cassette volée hors de ma vie afin de survivre, et maintenant que tout cela revient, ça me rend malade » confie la star, à propos de la diffusion de la série Pam & Tommy sur Disney+ en 2022.
Une nouvelle Marilyn Monroe ?
Avec le documentaire diffusé sur Netflix, Pamela Anderson, qui apparaît sincère, drôle, romantique et souvent attendrissante, dévoile l’esprit, très naïf, qui se cache derrière la chair de la poupée médiatisée. Mais le documentaire laisse un goût amer, en s’attardant sur les malheurs et les désillusions d’une célébrité qui semble ne jamais vraiment réussir, malgré de nombreux efforts, à se libérer d’un cycle de relations toxiques et de violences.
Elle avoue que les hommes de sa vie ont toujours voulu la contrôler et s’en sont prises à elle dès qu’elle n’a plus été en adéquation avec leurs fantasmes de « petite chose fragile » et sexy. La star a ainsi payé cher l’image de la bimbo siliconée renvoyée dès le début de sa carrière, quand elle monnayait ses charmes à Playboy pour sortir d’une vie difficile dans une petite ville de Vancouver. Pamela, a love story dévoile l’anatomie d’un schéma victimaire, pavé de sexisme, qui rappelle celui dans lequel fut piégée Marilyn Monroe, et bien d’autres femmes, avant elle.
Pamela, a love story (2023) de Ryan White, disponible sur Netflix le 31 janvier.