16 juil 2025

Où dormir à Formentera ? Dans les dunes de la Playa Migjorn

Ensemble de villas des années 1960, réhabilité en éco-resort de luxe par l’architecte Antonio Obrador, l’hôtel Dunas de Formentera, dernier-né de la marque Marugal dans les Baléares, offre un accès direct à une plage mythique de l’île.

  • par Éric Dahan.

  • Publié le 16 juillet 2025. Modifié le 17 juillet 2025.

    Un hôtel niché sur la mythique Playa Migjorn

    Lancée avec le confidentiel mais non moins impressionnant Cap Rocat, en 2010 à Majorque, la collection d’hôtels Marugal n’a pas tardé à s’imposer dans la péninsule ibérique avec Torralbenc, à Minorque, Urso et Tótem, à Madrid, mais également en France et en Suisse avec l’acquisition du Relais de Chambord, dans la Loire, et du Beau Rivage, à Genève.

    Au printemps 2024, la société dirigée par Pablo Carrington, fondateur, et Arnaud Laporte-Weywada, a ouvert le Dunas de Formentera. Un éco-resort au luxe discret avec lequel elle a assis sa prééminence sur la mythique Playa Migjorn où trône, depuis 2017, son superbe Gecko Hotel & Beach Club.

    Belle vie insulaire à Formentera

    L’emplacement. L’hôtel se situe sur la côte sud de Formentera baptisée Migjorn, qui offre cinq kilomètres de plages. Pour le rallier, il faut compter environ 30 minutes de ferry, depuis le port d’Ibiza, puis vingt minutes de voiture ou de taxi. À noter que l’établissement dispose également d’une flottille de vans et de chauffeurs récupérant généralement les clients à la descente du bateau.

    La suite. L’une des marques de fabrique de Marugal étant le respect du site et de l’architecture d’origine, le cabinet Antonio Obrador, à qui le projet a été confié, s’est attelé à exalter le modernisme et le fonctionnalisme des villas disséminées dans les dunes mais également la simplicité du mode de vie insulaire qui fit le succès d’Ibiza et de Formentera dans les années 60 et 70. Pour être spartiates et paraître banales en photo, les suites, chambres, et salles de bains maçonnées en béton ciré, avec double lavabo, douche à l’italienne, et robinetterie design, ne sont pas moins confortables.

    Le luxe —on est tout de même dans un 5 étoiles avec des tarifs en rapport— s’exprime de la literie, très confortable, aux produits de douche, à base d’ingrédients naturels fleurant l’ambre et le patchouli. En passant également par l’absence de téléviseur ! Un bonheur que de siroter, au réveil, son café sur sa terrasse, les pieds dans le sable, en regardant la mer, par-delà les buissons de myrte et les genévriers. Avant de procéder à ses ablutions et de rejoindre le restaurant pour le petit-déjeuner…

    Cocktails et cuisine raffinés

    Le bar. Attenant au restaurant et à la piscine, et accessible en buggy pour les moins athlétiques ou ceux qui ne veulent pas ruiner leurs mocassins Hermès, le bar propose quelques cocktails classiques mais également des créations comme le Formentera Spring, mariant liqueur d’herbes de Formentera, citron vert, miel de Romarin et menthe poivrée, et le tout aussi rafraichissant Flor de Dunas à base de gin Eva, distillé à Majorque, de liqueur de figues de Formentera, de citron vert, de miel de romarin, et de cristaux de sel des salines voisines.

    Le restaurant. La table du Dunas de Formentera jouant les reines de la côte avec ses faux-airs d’Eden-Roc du Cap d’Antibes, osons égratigner le tartare de thon rouge dont les pointes de vinaigre de framboise envoient une gifle aux sens apaisés, quand un zeste de citron vert ou de lait de coco aurait transporté au paradis de l’exotisme et, à l’opposé, le sashimi de sériole couronnée, à l’intitulé yuzuesque alléchant mais au rendu bien fade quand une émulsion de gingembre et de wasabi aurait fait la blague.

    Pour le reste, le chef tente de ravir tous les publics. Des clams grillés au filet mignon en passant par la pizza aux anchois, il y parvient largement. Le meilleur, pour nous, restant les croquettes diverses à tremper dans des sauces délicieuses ; les poissons entiers grillés, servis le soir, avec des légumes potagers à peine sautés ; et les desserts, comme la tarte citron-meringuée particulièrement réussie.

    Piscine avec vue sur la Méditerranée

    La salle de sport. Y en a-t-il une ? Avec tous ces allers-retours dans les dunes, sous un soleil de plomb, force est d’avouer que l’on n’a pas songé à demander.

    Le spa. Le site web de l’hôtel mentionne des massages ayurvédiques mais, obnubilé, là encore, par les kilomètres de plages et de criques à explorer, on a oublié de se renseigner.

    La piscine. Elle est un peu courte pour faire des longueurs mais s’avère bien agréable pour buller au couchant, au son d’instrumentaux que l’on jurerait échappés du Café Del Mar, de feu José Padilla. Ou alors pour relire, au réveil, l’Antéchrist de Nietszche, ou Si dure est la nuit, si tendre est la vie de Loana, première star de la téléréalité française qui, à croire le mensuel français Pleine vie, destiné aux seniors, survivrait désormais “grâce aux aides de l’état”. Ce qui ne doit pas être votre cas si vous séjournez au Dunas de Formentera.

    L’hôtel Dunas, point de chute idéal pour buller au soleil

    La plage. Lors de notre dernière visite en 2004, la playa Migjorn était encore le rendez-vous d’une jeunesse internationale fumant de la marijuana, dans le plus simple appareil, avant de s’ébrouer dans ses eaux turquoises dignes des îles Vierges. Quelques sexagénaires continuent à y pratiquer le naturisme, autorisé dans toute l’île, mais les adolescents et jeunes couples d’aujourd’hui préfèrent nager en maillot de bains dans les plages de Llevant et Ses Illetes situées à la pointe nord, face à S’Espalmador. Reste que la mer, à la Playa Migjorn, est toujours aussi belle. Et, que, siroter des margaritas au son du Planet Funk de the Switch, craché par les enceintes de la chiringuita locale, fait vite oublier que l’on est à seulement deux heures d’avion de Paris.

    Bilan. Formentera n’est hélas plus ce secret bien gardé des Baléares où l’on se rendit il y a quatre décennies, aimanté par la pochette de More, la B.O du film de Barbet Schroeder signée Pink Floyd, groupe-phare du psychédélisme anglais photographié, en août 1967, sur la Playa Migjorn. Il n’en demeure pas moins que, contrairement à sa voisine Ibiza, cette île a su se protéger des promoteurs immobiliers et autres limonadiers techno ayant tenté de la coloniser et que le Dunas de Formentera est un point de chute idéal pour découvrir ou revisiter ce joyau des Baléares. Regarder le ciel virer du bleu au fuschia en passant par l’orange. Dormir bercé par le bruit des vagues… et méditer sur ses amours perdues et ses rêves oubliés.

    Dunas de Formentera, Lugar Venda De Ses Clotades, 4449, 07872 Formentera, Balearic Islands, Espagne.