Cannes 2025 : Mission: Impossible – The Final Reckoning, point final d’une saga mythique
Tom Cruise est de retour pour une dernière danse sous les traits de l’agent Ethan Hunt. Notre critique en direct du Festival de Cannes.
par Olivier Joyard.
Mission : Impossible – The Final Reckoning, le volet final de la saga d’action
Combien de temps peut-on sprinter dans les bois sans avoir l’air ridicule ? S’accrocher à un avion en marche sans provoquer des rires involontaires ? Il existe une date limite pour la plupart des êtres humains (acteurs et actrices compris), mais Tom Cruise appartient à une autre catégorie. S’il rempile pour la dernière fois (a priori) avec Mission : Impossible – The Final Reckoning, huitième volet de la saga débutée en 1996 sous les auspices de Brian de Palma, c’est pour interroger en creux l’idée toute simple d’être et d’avoir été.
Rien que pour cela, le film – présenté Hors-Compétition – mérite le détour. Cela ne l’empêche pas d’être trop long, 2h50 bien tassées. Comme s’il fallait à tout prix signifier au public contemporain, biberonné aux vidéos courtes sur les réseaux sociaux, que la vérité du cinéma se niche dans la durée, interminables séquences de dialogues techniques comprises. On n’y comprend pas toujours grand-chose.
Entre action et nostalgie, la dernière valse
Ce volet, dans la droite ligne du précédent, raconte comment une IA maléfique et invisible, ennemi ultime tapi partout et nulle part à la fois, menace de provoquer rien moins que la destruction du monde, en prenant le contrôle de l’arme atomique. Les grandes nations en sont réduites à contempler le désastre. L’agent Hunt doit une fois de plus passer sous les radars pour aller récupérer, tel l’amant de Britney Spears dans sa chanson Oops!… I Did It Again, un objet précieux au fond de l’océan. Et changer notre destin.
Tout cela n’aurait aucun sens si l’art de la nostalgie ne venait s’immiscer dans le programme du film d’action à 400 millions de dollars. Durant les premières minutes, un montage capte des moments marquants de la saga, trente ans de cascades et de deuils, de danger et de vitesse. Ethan Hunt ne s’attarde pas sur la question, mais les images sont comme réimprimées en nous. Le film poursuit sa course vers l’avant, intégrant au récit d’autres références au passé – le retour d’un personnage annexe du premier film, notamment – et posant par petites touches la question purement cinématographique de ce que peut encore faire Tom Cruise.
Tom Cruise en héros défiant les effets spéciaux
Cela passe notamment par cette séquence aquatique prenante, où Hunt plonge en grande profondeur dans des eaux glacées. L’occasion d’un coup de force figuratif. On ne voit quasiment que son visage, sous un masque transparent et rétroéclairé. Le minimalisme, proche de la pantomime et du cinéma muet, serait-il son seul avenir ? L’effet est superbe, mais légèrement contredit quelques minutes plus tard par un exploit physique un peu fou, qui replace l’acteur parmi les surhommes. Le réalisateur (Christopher Mc Quarrie) filme ensuite Cruise sur de vieux avions à hélices, lancé dans une bataille des airs où on se demande qui est le plus vintage, entre le vieux coucou et lui. L’effort est visible, palpable, ses jambes ont du mal à se dresser, on touche aux limites d’un homme refusant que les effets spéciaux prennent sa place à 62 ans.
Mission : Impossible – The Final Reckoning ne va pas jusqu’à déboulonner Tom Cruise / Ethan Hunt en le mettant franchement en position de faiblesse. C’était plutôt le sujet du dernier James Bond, Mourir peut attendre, qui tuait son héros incarné par Daniel Craig. Ici, le choix est tout autre : il se pourrait bien que Hunt disparaisse dans la foule pour devenir un homme comme les autres, un véritable mister nobody. Presque trente ans pour en arriver là, c’est assez beau.
Mission: Impossible – The Final Reckoning, de Christopher Mc Quarrie au cinéma le 21 mai 2025. Présenté Hors Compétition au Festival de Cannes.