Anamaria Vartolomei et Diane Kruger nous racontent l’excellente série Merteuil

par Violaine Schütz, 

et Nathan Merchadier.

Publié le 10 novembre 2025. Modifié le 13 novembre 2025.

Merteuil, une adaptation réussie des Liaisons dangereuses

Connue pour avoir signé la réalisation du drame familial Revenir (2020) porté par Niels Schneider et Adèle Exarchopoulos et plus récemment du film Maria (2024) avec Anamaria Vartolomei, Jessica Palud reviendra sur le devant de la scène pour la fin de l’année 2025 avec un nouveau projet ambitieux, sexy et palpitant.

Avec la série Merteuil, diffusée sur l’exigeante plateforme HBO Max dès le 14 novembre 2026, elle offre une nouvelle vie à l’un des romans les plus fascinants et érotiques de la littérature française. L’ouvrage explorant les jeux de pouvoir et les intrigues amoureuses de l’aristocratie Les Liaisons dangereuses (1782) de Choderlos de Laclos.

Épaulé par Jean-Baptiste Delafon, à qui l’on doit les scénarios de quelques-unes des meilleures séries françaises de la dernière décennie (B.R.I, Tapie, Baron noir…) ainsi que la réalisation de l’excellent programme Une amie dévouée (2024) avec Laure Calamy, cette adaptation s’avère être l’une des productions sérielles les plus réussies de 2025.

Diane Kruger et Anamaria Vartolomei en héroïnes sulfureuses

Le pouvoir de séduction de Merteuil tient – au-delà des dialogues enlevés, et des décors et des costumes somptueux – en très grande partie à son casting 5 étoiles. Dans des seconds rôles, on retrouve Lucas Bravo, l’acteur star de la série Emily in Paris, qui interpréte le vicieux, puissant et dangereux Comte de Gercourt. L’acteur césarisé Vincent Lacoste crève l’écran en Comte de Valmont aussi manipulateur que détestable. Autres bonnes surprises ? Julien De Saint Jean, révélation magnétique du film Le Comte de Monte-Cristo (2024) et Noée Abita, actrice en pleine ascension déjà repérée dans Les Cinq Diables (2022) et dans Le Roman de Jim (2024), compétent ce tableau aussi raffiné que sensuel.

Mais surtout, on est happé par le duo d’actrices principales dont l’alchimie est saisissante. La brillante actrice franco-roumaine Anamaria Vartolomei (Le Comte de Monte-Cristo), qui figurait déjà à l’affiche du biopic Maria (2024), dans lequel elle incarnait Maria Schneider, reconduit alors sa collaboration avec Jessica Palud avec Merteuil. Elle incarne l’héroïne, Isabelle de Merteuil, une orpheline sans fortune qui va se venger de l’homme qui l’a piégée avec ses fausses promesses : le vicomte de Valmont.

“Cela m’intéressait de m’atteler à ce personnage qui est la plus grande libertine de la littérature française.” Anamaria Vartolomei

L’actrice n’a pas hésité longtemps avant d’accepter ce rôle troublant : “Il y a eu plusieurs facteurs qui ont déterminé mon envie de faire partie du projet. Premièrement, l’envie de retravailler avec Jessica Palud, que j’ai rencontrée sur le film Maria. Cela m’intéressait aussi de m’atteler à ce personnage qui est la plus grande libertine de la littérature française. Et sur six épisodes en plus… Je me suis dit que ça allait être un moyen pour moi de nuancer, de complexifier un peu et d’aller encore plus dans la profondeur. Mais aussi, peut-être, de m’autoriser des choses que je m’autoriserais moins au cinéma. Et j’ai été servie (rires).”

Anamaria Vartolomei fait face à une héroïne à sa hauteur : Madame de Rosemonde, incarnée par l’excellente Diane Kruger. L’actrice allemande insuffle beaucoup d’humanité à un personnage sulfureux qui ouvre à la future marquise de Merteuil les portes d’un monde fait de plaisirs et de manipulations. La star raconte avoir été aimantée par ce projet et cette personnalité pour de multiples raisons. “J’ai été attirée par le fait que la série adapte Les Liaisons dangereuses, un grand classique qui m’a toujours fascinée. L’idée d’avancer un peu le récit dans le temps et de découvrir comment madame de Merteuil devient la marquise de Merteuil m’a beaucoup plu.”

Des relations complexes, entre sororité et rivalité

Diane Kruger ajoute : “C’est une lecture du roman différente de celles qu’on a pu voir. Je trouve qu’il y avait des choses à découvrir qui étaient assez nouvelles, qu’on n’avait pas d’habitude de voir dans ce genre d’adaptations classiques qui restent toujours un peu dans les codes connus. Et je trouvais une modernité là-dedans qui était unique. Et puis, j’ai aimé jouer madame de Rosemonde, qui est l’une des premières femmes qui a choisi la liberté. Enfin, jusqu’à un certain point. Car les femmes de cette époque n’étaient pas tout à fait libres. J’aimais aussi beaucoup la solidarité unissant ces deux femmes.”

La relation entre ces deux femmes s’avère complexe. D’abord rivales, elles font ensuite unir leurs forces. Madame de Rosemonde va lui servir de guide dans les bas-fonds parisiens libertins et la cour, cruelle et intimidante, de Louis XV pour l’aider à se venger et à conquérir sa liberté. Anamaria Vartolomei explique : “J’ai beaucoup aimé la transmission entre le personnage de Rosemonde incarné par Diane, et le mien. C’est une femme qui a vécu et qui a une certaine expérience, mais qui a été blessée dans son passé. Et elle essaie de donner à cette jeune femme des armes qui vont la protéger pour qu’elle ne souffre pas de la manière dont elle a souffert dans le passé. Mais elle le fait de manière très académique. Elle lui apprend les choses avec beaucoup de maîtrise.”

Mais très rapidement, les deux mondaines vont s’amadouer. “Il y a beaucoup de tendresse entre elles, précise Anamaria Vartolomei, parce que même si au départ, elle étaient un peu rivales, Rosemonde voit en Isabelle quelque chose d’elle, de la Rosemonde du passé. Il y a une certaine forme de bienveillance qu’on décèle parfois, parce que le jeu de Diane apporte énormément de subtilité. Et bien que son personnage ne le montre pas, on sent toute l’affection qu’elle lui porte. Ce que je trouvais assez fort.”

“J’aime beaucoup les histoires entre femmes dans lesquelles on ne sent pas que de la rivalité.” Diane Kruger

Diane Kruger a aussi été émue par cette relation ente deux femmes issues par la condition féminine, difficile, de l’époque. Elle note : “J’aime beaucoup les histoires entre femmes dans lesquelles on ne sent pas que de la rivalité. Où les deux se disent : “ll faut qu’on essaie de lutter ensemble contre un système qui n’est pas fait pour les femmes.” Rosemonde a résisté à l’idée de se laisser définir par les hommes. Elle a essayé, parmi les premières, de s’attaquer à ce système et de choisir ce qu’elle aimait pour elle-même. Elle a choisi de ne pas se marier. Certes, elle pouvait faire ce choix, car elle avait des moyens, donc forcément pas toutes les femmes avaient cette possibilité-là. Mais, très tôt, elle a lutté contre ce système de classes. Et elle voit dans la jeune Merteuil quelque chose de similaire.

Sur fond de luxure et de complots, l’amitié entre les deux femmes va s’avérer être un phare dans la nuit. “Au début, elle se dit qu’elle va se servir d’elle parce qu’elle n’a plus cet âge-là et que c’est un système qui marchait pour la jeunesse. Ces deux femme-là se retrouvent et Merteuil va finalement aller plus loin qu’elle a pu le faire et qu’elle ne l’aurait imaginé. C’est une histoire de générations aussi. Et c’est ça aussi qui est touchant dans cette histoire-là. Malheureusement, très vite, elle va être confrontée à la réalité. Madame de Rosemonde ne peut pas aller plus loin. Je trouve que c’est beau et tendre.“

Merteuil (2025) créée par Jean-Baptiste Delafon et réalisée par Jessica Palud, disponible sur HBO Max le 14 novembre 2025.