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16 nov 2024

5 films fascinants à découvrir aux Rencontres Internationales Paris/Berlin 2024

Rendez-vous des arts visuels, performatifs et du cinéma expérimental, les Rencontres Internationales Paris/Berlin investissent du 18 au 24 novembre 2024 une kyrielle de lieux éclectiques dans la capitale, pour y projeter quelques 142 œuvres, à la frontière du cinéma et de la performance artistique, signées Klonaris et Thomadaki, La Ribot ou encore Meg Stuart. Numéro retient 5 temps forts de sa programmation foisonnante.

Maria Klonaris & Katerina Thomadakii, "Sauro Bellini" (1982). © Klonaris Thomadaki et ADAGP Paris.
Maria Klonaris & Katerina Thomadakii, Sauro Bellini (1982). © Klonaris Thomadaki et ADAGP Paris.

Le “cinéma corporel” de Maria Klonaris et Katerina Thomadaki

Pendant que Bétonsalon – Centre d’art et de recherche leur consacre une exposition personnelle jusqu’au 14 décembre, les Rencontres Internationales Paris/Berlin célèbrent également le duo et couple formé par Maria Klonaris et Katerina Thomadaki avec deux soirées thématiques. Réalisés par les artistes depuis leurs débuts à Paris dans les années 70, les sept films qui y seront projetés témoignent de l’approche novatrice et expérimentale de leurs œuvres, à mi-chemin entre la performance et le cinéma.

Fil conducteur de leur réflexion, le corps devient dans leur travail un lieu d’exploration et de résistance, interrogeant à la fois l’identité féminine et, plus largement, le genre. À l’image de Le Cycle de l’Ange (1985), au sein duquel Klonaris et Thomadaki introduisent la figure transgressive de l’ange intersexe, abordant le sujet déjà épineux de la différence sexuelle. Un “cinéma corporel” novateur, qui laisse ses spectateurs désorientés.

Projections de Maria Klonaris et Katerina Thomadaki le vendredi 22 novembre à 18h au CWB Paris, Paris 4e, puis le dimanche 24 novembre à 14h30 au Jeu de Paume, Paris 8e.

La Ribot, "Differentness" (2022). © DR.
La Ribot, Differentness (2022). © DR.

Differentness de La Ribot

À l’occasion des Rencontres internationales Paris/Berlin, la chorégraphe, danseuse et artiste espagnole de renom La Ribot dévoile en avant-première mondiale son tout dernier court-métrage intitulé Differentness. Entre théâtre, performance collective, arts visuels, danse, cabaret et musique jazz, l’art expérimental de Maria Ribot connaît une grande résonance sur la scène contemporaine dès les années 1980.

Directement inspiré du spectacle Happy Island, qu’elle réalise en 2018, son dernier projet interprété par des personnes en situation de handicap raconte une histoire poétique. Encerclés par une forêt fantomatique et brumeuse, ses acteurs se déplacent parmi les arbres avec sensualité et sensibilité, dessinant une véritable chorégraphie de groupe tout en construisant un dialogue avec la nature qui les entoure.

S’ajoutant aux nombreuses œuvres captivantes de l’artiste, d’ailleurs récompensée par un Lion d’Or pour l’ensemble de sa carrière à la Biennale de la danse de Venise en 2020, Differentness s’inscrit comme une ode à l’individualité et au rêve.

Projection de “Differentness” de La Ribot, le jeudi 21 novembre à 20h à la Gaîté Lyrique, Paris 3e.

Meg Stuart, "Shelf Life" (2023). © DR.
Meg Stuart, Shelf Life (2023). © DR.

Shelf Life de Meg Stuart

Avec Shelf Life, signifiant en français “durée de vie”, la metteuse en scène, danseuse et chorégraphe avant-gardiste Meg Stuart, née à la Nouvelle-Orléans en 1962, poursuit son étude du corps en mouvement et de sa relation avec l’espace qui l’entoure. Nourrie de références propres au monde du théâtre, dont ses parents sont issus, ainsi que de ses études chorégraphiques et de danse, l’artiste imprègne son travail de morceaux dansés et répétés, prenant le pas sur le langage audible pour en façonner un nouveau, visuel et silencieux.

Avec pour unique décor les couloirs vides de la Vorklinik de Graz, un bâtiment autrichien anciennement destiné à l’enseignement médical, le court-métrage de Meg Stuart la dévoile aux côtés d’autres interprètes, déambulant à travers cet environnement aseptisé, avec lequel tous tentent de composer. Présenté pour la première fois en France, Shelf Life expose les marques invisibles et définitives laissée par un lieu sur notre mémoire corporelle.

Projection de “Shelf Life” de Meg Stuart, le jeudi 21 novembre à 20h à la Gaîté Lyrique, Paris 3e.

Dora García, "(Revolution, Fulfil Your Promise) Red Love" (2024).
Dora García, Revolution, Fulfil Your Promise (Red Love) (2024). © DR.

Revolution, Fulfil Your Promise (Red Love) de Dora García

Dans le documentaire de Dora García présenté pendant les Rencontres Internationales Paris/Berlin 2024, des images de sa vie intime dialoguent avec des archives historiques. Fruit de huit années de recherche, Revolution, fulfil your promise (Red Love) sonde les liens entre le féminisme européen du 20e siècle et le transféminisme latino-américain actuel, nouant des connexions entre le concept de féminité à travers les décennies, les mouvements contestataires, mais aussi l’avenir des ambitions révolutionnaires un demi-siècle plus tard. 

Puisant dans les écrits d’Alexandra Kollontaï (1872-1952), figure soviétique engagée dans les luttes féministes et marxistes, l’artiste espagnole regroupe ici ses thématiques de prédilection, l’individualité et la communauté, et livre un portrait des combats des femmes – tout en réévaluant l’impact réel des promesses autour de la condition féminine, hier comme aujourd’hui.

Projection de “Revolution, Fulfil Your Promise (Red Love)” de Dora García, le vendredi 22 novembre à 20h au CWB Paris, Paris 4e et à la Fondation Fiminco, Romainville (93).

Victor Missud et Marina Russo Villani, "Blooming A qui le monde" (2024). © DR.
Victor Missud et Marina Russo Villani, Blooming. À qui le monde (2024). © DR.

Blooming. À qui le monde de Victor Missud et Marina Russo Villani

Depuis ses débuts, Victor Missud tente de mettre en lumière et de donner la parole aux personnes marginalisées. Après avoir filmé des sans-abris dans les rues de Paris pour son premier moyen-métrage La forêt de l’espace (2019), le jeune réalisateur français s’intéresse cette fois-ci au Bénin, rongé par la reproduction massive et ultra rapide de la jacinthe d’eau, et rapporte le quotidien de ses habitants.

Co-réalisé avec la cinéaste italienne Marina Russo Villani, le documentaire Blooming. À qui le monde questionne la façon dont la population béninoise s’adapte à l’envahissement, qu’il s’agisse d’une colonisation par une plante ou par d’autres populations comme ce fut le cas par le passé.

Au gré d’images poétiques de fleurs, Victor Missud alarme sur une situation étouffante impactant les corps des ouvrières des usines de transformation de jacinthes, mais aussi tout l’écosystème qui les entoure. Le cinéaste traduit à la fois la résilience et l’espoir des habitants et rappelle les problématiques environnementales majeures qui sont les nôtres.

Projection de “Blooming. À qui le monde” de Victor Missud et Marina Russo Villani, le mercredi 20 novembre à 20h au CWB Paris, Paris 4e.

Les Rencontres Internationales Paris/Berlin, du 18 au 24 novembre 2024.