Après sa Palme d’or, les premiers films de Sean Baker ressortent au cinéma

Anora : le conte des temps modernes couronné à Cannes

Depuis ses débuts, Sean Baker, 53 ans, se plaît à filmer les marginaux. Des travailleurs du sexe aux personnes qui frôlent le niveau de pauvreté : le réalisateur et scénariste américain passé par les bancs de la NYU incarne une nouvelle garde du cinéma indépendant, qui n’a pas peur de s’attaquer aux recoins sombres de l’american dream. 

Un statut que Sean Baker a confirmé en remportant, en mai 2024, la Palme d’or du Festival de Cannes pour Anora : une fable moderne à mi-chemin entre Cendrillon et Pretty Woman.

La fabuleuse Mikey Madison y incarne une danseuse qui fait la rencontre de Vanya, fils d’un oligarque russe (Mark Eidelstein), sous les lueurs tamisées d’un strip-club. Les jeunes amants se disent oui à Las Vegas au bout d’une semaine de romance. Mais lorsque la famille de Vanya décide de s’opposer à l’union, débute alors un étrange conte de fées sur une jeune femme qui essaie défier les déterminismes sociaux. 

Les premiers films du réalisateur Sean Baker ressortent au cinéma

En attendant l’arrivée d’Anora au cinéma ce 30 octobre prochain, les quatre premiers films de Sean Baker sont désormais disponibles dans les salles obscures, sous l’impulsion de la société de distribution The Jokers. Une première pour ces longs-métrages qui n’ont jamais été diffusés sur grand écran dans l’Hexagone. 

Four Letter Words (2000) est le premier film de Sean Baker, dans lequel il suit une volée de jeunes hommes issus des banlieues américaines. Take Out (2004), co-réalisé avec la productrice Shih-Ching Tsou, est une immersion dans la journée d’un homme sans-papiers d’origine chinoise qui doit impérativement réunir une somme d’ici la tombée de la nuit. Quant à Prince of Broadway (2008), on plonge dans la vie d’un immigré ghanéen, vendeur à la sauvette de contrefaçons, dont le destin change lorsqu’il doit élever un enfant. Enfin, Starlet (2012) retrace l’amitié inopinée entre deux femmes âgées de 21 et 85 ans. 

Habilement nommée Les oubliés de l’Amérique, cette rétrospective permet de cerner le génie créatif de Sean Baker. Tantôt directeur de la photographie, tantôt monteur de ses propres films : le réalisateur file avec dextérité des récits qui flirtent avec le documentaire, tout en les teintant de subtiles touches d’humour. Genèse d’un cinéaste à absolument garder à l’œil ces prochaines années. 

Anora (2024) de Sean Baker, avec Mikey Madison, au cinéma le 30 octobre 2024. De nombreux films du réalisateur sont ressortis en salle lors de la rétrospective Sean Baker, Les oubliés de l’Amérique.