6 sept 2020

Meeting with The Blaze, the duo that shines French electro abroad

En quelques titres et quelques clips dignes de courts-métrages, The Blaze est parvenu à s’imposer comme le grand espoir de la scène électronique en France et à l'étranger. Rencontre avec le duo qui sort son premier album, “Dancehall”.

Propos recueillis par Violaine Schütz.

Portrait Andrey Zouari.

Le groupe The Blaze, photographié avec une œuvre de Kenny Dunkan au sein de l’exposition “Le centre ne peut tenir” à Lafayette Anticipations (jusqu’au 9 septembre).

C’était en avril 2017. Le monde entier se passionne alors pour un mystérieux groupe français qui n’a sorti qu’un EP d’électro-house hantée par des voix autotunées. En seulement deux clips et deux titres vivifiants, The Blaze a réussi à proposer une nouvelle vision de la masculinité, fragile et forte. En 2016, il y a eu d’abord Virile, une ode vibrante à l’amitié, dans laquelle deux garçons en survêt’ dansent, s’étreignent et fument des joints dans une barre d’immeuble de banlieue… Un an plus tard, un autre choc esthétique se produit avec Territory. Le retour au “bled” d’un jeune homme qui retrouve sa famille et ses amis. On y voit des corps dévêtus courir sur une plage sous le soleil d’Alger ou entrer en transe sur un toit, bercés par l’aube. Une apologie tendre de la virilité, mais aussi de la diversité, qui, longtemps encore après visionnage, aimante par sa beauté. The Blaze cumule les millions de vues et les prix, devient un phénomène, et foule la scène de Coachella.

 

À propos des images hypnotiques par lesquelles tout a commencé, Guillaume Alric, l’une des deux moitiés du duo, nous confie : “Nous voulions effacer toutes les frontières. Aussi bien montrer des jeunes, parfois considérés comme marginaux par la société, que réfléchir sur la masculinité et la part de féminité qu’elle contient. Dans le clip de Virile, on ne sait pas si les deux garçons sont gay ou juste amis. Quant à Territory, le fait de déshabiller des hommes – plutôt que des femmes – sur la plage, avec sensibilité, ça nous paraissait normal. On naît comme ça, et nos potes se baladent ainsi.

 

Leur virtuosité visuelle s’explique par l’ADN de The Blaze, une histoire de famille. Pendant plus de dix ans Guillaume, 35 ans, a bourlingué comme producteur de musique, notamment dub. Alors qu’il fréquente une école de cinéma à Bruxelles, son cousin, le Franco-Péruvien Jonathan (28 ans), lui propose de réaliser une vidéo. De leur complémentarité va ainsi naître The Blaze, qui prend forme en 2015, avant que le duo ne s’installe finalement à Paris, où il a son studio. Fans des Valseuses et d’Amours chiennes, enfants de YouTube et contemporains de PNL, les deux garçons ont élevé les images au même rang que la musique dans un désir de faire passer l’art avant le reste. “La musique et nos clips disent tout, nous y exprimons nos émotions, avoue Jonathan. Et puis nous sommes plutôt timides, c’est pour ça que nous nous montrons très peu. Sur scène, nous sommes enveloppés dans de la lumière qui nous transforme en silhouettes. Le plus important c’est ce qu’on fait, pas qui on est.

 

 

“La jeunesse, dans toute sa mixité, nous inspire beaucoup. Elle est belle, forte, libre… c’est elle qui changera le monde.

Une attitude qui fait songer à Daft Punk, même si, malgré les voix filtrées et les nappes synthétiques, les membres de The Blaze n’ont rien de robots. “Nous essayons d’introduire de la poésie dans chacun de nos morceaux, explique Guillaume, en plus de créer une électronique capable de faire naître des images. Nous voulons atteindre une nostalgie planante avec quelque chose de plus dansant en même temps. Le titre de notre album, Dancehall, superposé à la photo d’une barre d’immeubles de la pochette, est une façon de signifier que la salle de danse peut se trouver n’importe où, dans un hall de bâtiment ou ailleurs.

 

L’amour, l’amitié, la famille reviennent en boucle dans leurs paroles. Jonathan explique : “Ce ne sont pas des concepts ni des messages, juste des sentiments qui nous ressemblent. Nous parlons beaucoup de la famille, simplement parce que ça compte pour nous et que ce sont des souvenirs d’étés passés ensemble qui nous lient. Nous sommes un peu fous, sensibles, nous aimons la vie et c’est ce qui vient naturellement quand nous écrivons. La jeunesse, dans toute sa mixité, nous inspire beaucoup. Elle est belle, forte, libre… c’est elle qui changera le monde.

 

 

Dancehall de The Blaze (Animal 63/Believe), sortie le 7 septembre.