Jodie Foster en 5 rôles inoubliables, de Taxi Driver à Inside Man

Alors que Désigné coupable, le dernier long-métrage de Kevin Macdonald dans lequel elle donne la réplique à Tahar Rahim, s’apprête à sortir le 14 juillet prochain, Jodie Foster se verra bientôt récompensée d’une Palme d’or d’honneur au Festival de Cannes. Le 6 juillet, c’est donc à elle qu’il reviendra de donner le coup d’envoi de la cérémonie incontournable du cinéma mondial, consacrant une carrière exceptionnelle de plus de cinquante ans. Légende vivante du grand écran, l’actrice de 58 ans a grandi sur les plateaux de tournage, enchaînant les rôles depuis l’âge de 6 ans. Francophone et francophile, la comédienne a tourné trois longs-métrages en France, et réalise elle-même le doublage en français de la plupart de ses films. Unanimement saluée pour ses multiples performances, qui lui vaudront deux Oscars de la meilleure actrice pour Les Accusés (1988), puis pour Le Silence des agneaux (1991), Jodie Foster s’est aussi illustrée en tant que réalisatrice et productrice. Elle met en scène plusieurs longs-métrages, dont Le Complexe du Castor en 2011, et un certain nombre d’épisodes de séries emblématiques, d’Orange is the New Black (2013) à Black Mirror (2017). Alors qu’Arte consacre une soirée entière à l’actrice le 13 juin prochain, Numéro revient sur 5 des plus grands films de son incroyable carrière, de Taxi Driver à Inside Man. 

1. Jodie Foster dans le rôle d’une jeune prostituée dans Taxi Driver à 12 ans

 

Quand Jodie Foster tourne Taxi Driver de Martin Scorsese, l’actrice a à peine 12 ans et n’en est pourtant pas à son coup d’essai. Née à Los Angeles, la comédienne a le 7e art dans le sang et entame sa carrière dès l’âge de 6 ans. C’est à 10 ans qu’elle rencontre pour la première fois Martin Scorsese, en interprétant la jeune Audrey dans Alice n’est plus ici (1974). Dans Taxi Driver, Jodie Foster partage l’affiche avec Robert de Niro, qui vient de remporter l’Oscar du “meilleur acteur dans un second rôle” pour sa performance dans Le Parrain 2 (1974). Elle y incarne une jeune prostituée, Iris, qui devient le réceptacle des obsessions d’un chauffeur de taxi à la dérive, traumatisé par son expérience au Vietnam. Dans certaines scènes, jugées trop explicites pour être jouées par une enfant, c’est la grande sœur de la comédienne qui est appelée pour faire sa doublure. Inoubliable dans son look de poupée seventies, c’est avec ce film que Jodie Foster monte pour la première fois les marches du Festival de Cannes. Le film remportera la Palme d’or. Sa performance lui vaut également une première nomination aux Oscars, en tant que “meilleure actrice dans un second rôle”. 

2. Jodie Foster dans le rôle d’une couturière amoureuse d’un soldat communiste dans Le sang des autres 

 

À 22 ans, Jodie Foster tourne avec l’un des piliers de la Nouvelle Vague, le génie balzacien du cinéma français, Claude Chabrol. L’actrice, qui parle un français impeccable grâce à son éducation au Lycée Français de Los Angeles, avait déjà joué dans un film français, Moi, fleur bleue (1977), d’Éric Le Hung, mais c’est avec Le sang des autres qu’elle séduit définitivement l’Hexagone. Film d’époque mettant en scène une histoire d’amour pendant l’Occupation, Le Sang des autres est adapté d’un roman de Simone de Beauvoir, écrit au crépuscule de la Seconde Guerre mondiale, en 1944. Avec ce film, c’est la première fois que la romancière et philosophe accepte qu’une de ses histoires soit adaptée au grand écran. Dans le long-métrage, Jodie Foster incarne une jeune couturière française, Hélène Bertrand, amoureuse d’un jeune soldat communiste, Jean Blomart, interprété par Michael Ontkean. Féministe affirmée et diplômée d’une maîtrise en littérature obtenue à Yale, Jodie Foster est alors une grande admiratrice de l’œuvre de Simone de Beauvoir, et l’écrivaine le lui rend bien. Dans une interview de 1986 avec Hélène V. Wenzel pour le journal universitaire Yale French Studies, Simone de Beauvoir salue en effet la performance de Jodie Foster dans le film.

3. Jodie Foster dans le rôle d’une recrue du FBI dans Le Silence des agneaux 

 

En 1991, Jodie Foster est au sommet de son art et connaît la consécration grâce à son rôle dans Le Silence des agneaux, réalisé par Jonathan Demme. Grande admiratrice du roman éponyme de Thomas Harris, l’actrice avait déjà tenté d’obtenir ses droits au moment où le réalisateur s’en empare. C’est d’abord Michelle Pfeiffer qui est pressentie pour le premier rôle, mais Jodie Foster fait tout pour l’obtenir, avec succès. Dans le film, elle interprète Claire Starling, jeune recrue du FBI qui se voit accorder la mission délicate d’aller interroger le tueur en série et cannibale Hannibal Lecter, incarné par Anthony Hopkins, alors qu’elle est encore en formation. Monument incontesté du cinéma, le thriller connaît un succès immédiat à l’international. Avec ce film, l’actrice rafle tous les prix les plus prestigieux du cinéma mondial : le Golden Globe de la meilleur actrice dans un film dramatique, un BAFTA, et l’Oscar de la meilleure actrice. La même année, elle réalise son premier long-métrage, Le Petit Homme, dans lequel elle joue le rôle d’une mère célibataire qui décide de confier son fils surdoué à une institution spécialisée. 

4. Jodie Foster dans le rôle d’une mère divorcée 

 

Dans Panic Room, de David Fincher, Jodie Foster joue une mère divorcée qui s’installe dans un immense appartement d’un quartier huppé de Manhattan avec sa fille, interprétée par une toute jeune Kristen Stewart. Huis clos haletant, le thriller raconte la nuit d’horreur vécue par Meg Altman et sa fille, qui se retrouvent enfermée dans une “panic room”, pièce inviolable où elles se réfugient quand trois hommes pénètrent illégalement l’appartement pour le cambrioler. Avec ce film, David Fincher offre aux deux actrices des rôles féminins forts et bouleversants, qu’elles interprètent à la perfection, faisant vivre leur angoisse au spectateur tout en l’impressionnant par leur bravoure. Pour pouvoir jouer dans ce film, Jodie Foster renonce à présider le 54e Festival de Cannes, où elle avait alors été demandée. Sur le tournage, elle apprend qu’elle est enceinte de son deuxième enfant, Kit, ce qui ne l’empêche pas d’aller jusqu’au bout du projet après avoir accouché. Grand succès commercial, le film prend très vite la tête du box-office américain, et signe le meilleur week-end d’ouverture de la carrière de l’actrice, avec 30 millions de dollars de recettes. 

5. Jodie Foster dans le rôle d’une négociatrice

 

Après Panic Room, Jodie Foster est à l’affiche d’un nouveau blockbuster en 2006. Réalisé par Spike Lee (Do the right thing, Malcom X), Inside Man est l’un des plus grands succès du cinéaste afro-américain connu pour son fort engagement politique. Le film met en scène l’ingénieux braquage d’une grande banque new-yorkaise, et la longue prise d’otage qui en découle. Jodie Foster entre en jeu lorsque le directeur de la banque fait appel à elle en tant que négociatrice ; elle donne la réplique à Denzel Washington (Malcom X, He got game), qui joue un inspecteur zélé. Avec son scénario complexe et déstructuré, Inside Man est l’un des plus abouti du genre, et l’un des derniers grands moments de cinéma avec Jodie Foster, l’actrice s’étant depuis consacrée à la mise en scène en réalisant 4 longs-métrages en moins de dix ans, et un nombre important d’épisodes de série. 

 

Soirée Jodie Foster, le 13 juin sur Arte.