7 nov 2025

Rosalía : 5 choses que nous ne savez (peut-être) pas sur la tornade espagnole

Que ce soit dans ses clips cinématographiques, sur scène ou sur son nouvel album sidérant, Lux, la chanteuse espagnole Rosalía fascine et impressionne. Retour sur les différentes facettes d’une artiste totale.

  • par Violaine Schütz.

  • Publié le 7 novembre 2025. Modifié le 10 novembre 2025.

    Rosalía a une longue carrière derrière elle 

    Une vieille âme. C’est ainsi que l’on pourrait décrire l’auteure-compositrice-interprète espagnole Rosalía, née en 1992 en Catalogne, en entendant pour la première fois sa voix déchirante. Celle qui vit aujourd’hui à Los Angeles après avoir passé du temps à Barcelone a d’abord été une star en Espagne.

    Le clip de son tube Malamente (2018), visionné plus de 169 millions de fois, l’a érigée en phénomène international. Mais adolescente, elle chantait dans des mariages et des bars, pour lesquels elle était payée 80 euros environ. Quand elle n’était pas rétribuée en nourriture…

    À 15 ans, elle participe à l’émission de télévision Tú Sí Que Vales, et elle n’est pas sélectionnée. Un comble… Deux ans plus tard, elle a un accident de cordes vocales. En 2012, elle devient la chanteuse d’un groupe de musique flamenco, Kejaleo. Elle participe aussi à de nombreux spectacles et festivals, devenant peu à peu une célébrité locale. Et à 20 ans, elle est professeur de flamenco et coach vocal. Poutant, personne ne pourrait alors prédire la destinée étincelante de Rosalía

    ROSALÍA – MALAMENTE (Cap.1: Augurio) (2018).

    Ses premiers albums valent le détour

    De nombreuses personnes ont découvert la chanteuse en 2022 avec l’album rutilant et expérimental Motomami. Mais avant ça, Rosalía avait sorti un premier disque réussi de flamenco-folk, Los Ángeles, en 2017. S’inscrivant dans la mouvance du “nouveau flamenco”, elle troublait le public traditionnel du genre en mâtinant cette musique primale de rock indé. Et reprenait avec brio le très beau I See a Darkness de l’auteur-compositeur-interprète et acteur américain Will Oldham. Vocalement, la chanteuse était alors comparée à un croisement entre Rihanna, pour le falsetto, et à Janis Joplin pour le côté écorché.

    Avec son second album, le puissant El mal querer (2018), son charme hybride et son timbre qui vient des tripes explosent. L’album, produit par El Guincho (souvenez-vous du tube électro Bombay qu’on entendait partout en club l’été 2014) réussit même le pari de réconcilier les générations en mêlant l’âme du flamenco à des sonorités R’n’B, pop et trap. Pour frapper du pied sur la piste de danse, même sans castagnettes. À chaque claquement de doigts, on frissonne.

    Sous les nappes synthétiques et festives, se révèle un disque concept sur l’amour et la passion dans ce qu’elle a de plus fatale. El mal querer est en effet inspiré de Flamenca (“flamboyante”), un roman courtois du XIIIe siècle. L’histoire ? Celle d’une jeune femme dont le fiancé est si jaloux qu’il l’enferme pour ne plus qu’on la regarde. Ambitieuse, elle décrit ainsi le disque dans une vidéo postée sur ses réseaux sociaux : “Je laisse tout ce que j’ai ici ; Je suis dans le rouge ; Je risque beaucoup. Ce projet est ce que j’ai toujours voulu faire. L’inspiration flamenco est encore là mais, en même temps, c’est quelque chose d’autre.

    ROSALÍA – De Plata (2017).

    Ses clips ont toujours été fougueux 

    Avant même qu’elle éblouisse le monde entier en 2025 avec la vidéo baroque, sublime et grandiloquente de Berghain, Rosalía était déjà adepte des vidéos léchées. Pendant un temps, elles étaient réalisées par le collectif barcelonais Canada (auquel on doit des publicités pour Adidas, Nike et Stella McCartney). Et elles ont joué un rôle important dans sa course vers le succès.

    On y voit notamment la chanteuse danser le flamenco sur fond urbain (béton, parkings et grosses cylindrées). Le coup de foudre provient de ce choc des cultures. C’est l’œuvre d’une auteure-compositrice-interprète qui a digéré YouTube, les années 2000 et l’hégémonie de la culture hip-hop, mais qui voue depuis l’adolescence un culte à des sonorités ancestrales (elle a même écrit une thèse sur le flamenco).

    L’artiste recèle, dès ses débuts, derrière ses crop tops et ses joggings taille basse, l’aura mystique d’une sorcière ibérique. Sur scène et dans ses vidéos, Rosalía dégage le côté tragique d’une Isabelle Adjani dans Possession. Difficile de ne pas la regarder droit dans les yeux. Et difficile de ne pas tomber amoureux. 

    Mélange vibrant d’attachement aux racines et d’ouverture sur le monde, de tradition et de futurisme, de sex-appeal et d’attitude badass, Rosalía est une héroïne ancrée dans son temps. Et elle se métamorphose au fil de ses vidéos, de la femme fatale de La Fama (2021) à la lolita en perruque rose de Candy (2022).

    Rosalía dans le film Douleur et Gloire (2019).

    Une artiste totale qui a tourné dans un film d’Almodóvar

    En 2019, la magnétique Rosalía tournait dans le film de Pedro Almodóvar, Dolor y gloria (Douleur et Gloire) aux côtés de Penélope Cruz et Antonio Banderas. Le cinéaste aimanté par les femmes de caractère” est tombé amoureux de son charisme, de sa verve et de son style haut en couleur. Il a déclaré à son sujet : Elle a la voix d’une ancienne chanteuse de flamenco et une sagesse qui ne correspond pas à son âge. [Elle] devrait être fière d’être indéfinissable.” 

    La jeune fille, qui semble toujours au bord de la crise de nerf, comme toutes les héroïnes d’Almodóvar, a également fait chavirer Pharrell Williams, Charli xcx, Dua Lipa, Madonna, Angèle, Kiddy Smile, Emily Ratajkowski, Björk, Patti Smith et Arca. Et bientôt, on la verra dans la saison 3 de la série Euphoria aux côtés de Zendaya et Sharon Stone.

    Elle est aussi sensuelle que spirituelle

    Tout au long de sa carrière, la chanteuse a oscillé entre esthétique sensuelle et looks sexy et imagerie pieuse. Si elle se déhanche sur scène et dans ses vidéo de manière à faire se damner un Saint, elle apparaît en nonne sur la pochette de son nouvel album, Lux (2025).

    Très croyante, elle explique en novembre 2025 à Billboard : “Quand Dieu décidera que le moment est venu, il sera venu. J’ai le sentiment d’accomplir ce que je suis venue faire ici ; quand je devrai partir, je partirai. C’est ainsi que j’essaie de vivre. J’aimerais savoir ce que ça fait d’avoir 100 ans, mais ce n’est pas à moi d’en décider. J’aimerais continuer à écrire, à composer de la musique, à perfectionner mes talents culinaires, à étudier – j’aimerais un jour reprendre mes études et étudier la philosophie ou la théologie – et à voyager.” En attendant, la star nous fait croire au pouvoir transcendantal de la musique.

    Lux (2025) de Rosalía, disponible.