21 jan 2021

Virgil Abloh redéfinit les codes pour la collection Louis Vuitton homme automne-hiver 2021-2022

En 70 looks, le créateur américain Virgil Abloh déconstruit pour Louis Vuitton des archétypes obsolètes pour proposer une nouvelle interprétation du vestiaire masculin. Le formel, le bling, l’arty et l’excentrique se rencontrent ainsi au sein d’une collection qui s’impose déjà comme avant-gardiste.

À l’origine de cette collection Louis Vuitton homme automne-hiver 2021-2022, Virgil Abloh a exploré les préjugés inconscients inculqués dans notre psychisme collectif qui tendent à accoler à certains styles vestimentaires une profession et inversement. Une fois de plus, le créateur américain conserve les codes et change les valeurs en transformant des archétypes et leurs uniformes, selon sa perception d’homme afro-américain. Présentée au sein d’un espace minimaliste composé de morceaux de murs en marbre vert qui évoquent le Pavillon Barcelona de Mies van der Rohe, cette collection hétéroclite témoigne du génie Virgil Abloh, qui semble parfaitement y saisir l’air du temps. 

 

Les archétypes choisis par le créateur sont avant tout ceux issus de son enfance : l’écrivain, l’artiste, l’architecte, le vagabond, le vendeur, l’hôtelier et le galeriste, qui lui permettent tous de couvrir un très large spectre de styles. Ainsi, la collection fait la part belle à une série de looks très formels entre costumes et manteaux droits, parfois twistés de boutons en forme d’avion ou de faux plis faussement négligés, avant de s’engager sur des silhouettes plus audacieuses où s’invitent vestes de bobbys, kilts et jupes plissés avec un stylisme particulièrement réussi. Certaines créations maximalistes, comme les manteaux à traîne, les looks monogrammés – en point d’orgue le look 45 et son manteau miroir argenté frappé du logo Louis Vuitton – ou encore des ensembles à motifs qui évoquent la mode japonaise contemporaine, raviront certainement les aficionados d’une mode excentrique. Des propositions comme le look 48 en jean brut, le look 50 et son manteau en fourrure ou encore le look 70 avec son manteau XXL en velours côtelé convoquent directement les stars du hip hop, adeptes d’un certain bling maitrisé. Santiags, chapeaux de cow-boys, casquettes, baskets à scratch et une série de sacs et serviettes complètent cette collection aux coupes impeccables, que l’on devine réalisée dans de très belles matières.

 

En parallèle du défilé, Louis Vuitton et Virgil Abloh ont également réalisé une vidéo inspirée de Stranger in the Villageun ouvrage de James Baldwin paru en 1953 au sein duquel il décrit son expérience en tant que personne afro-américaine débarquée dans le village de montagne suisse de Loèche-les-Bains dans les années 1950. À travers cette performance qui met en scène les artistes Kandis Williams et Tosh Basco, le poète Saul Williams, le rappeur Yasiin Bey (Mos Def), le musicien Black Cracker et l’acteur Steven Sowah, Virgil Abloh décrit un sentiment bien précis qu’il a lui-même ressenti : celui d’être regardé différemment lorsque l’on est la seule personne noire au sein d’une société, d’une communauté ou même d’une industrie majoritairement blanche.