La collection Yohji Yamamoto homme automne-hiver 2021-2022

Un tapis et des rideaux noirs déroulés dans une pièce faiblement éclairée : voilà tout le nécessaire au petit théâtre désormais familier, monté par Yohji Yamamoto il y a quelques mois pour dévoiler ses collections homme. Depuis la saison dernière, le créateur japonais présente en effet dans ce décor obscur des défilés sans public qu’il accompagne même, pour la collection automne-hiver 2021-2022, de sa propre voix chantée sur une ligne de guitare. Déjà amorcées pour le printemps-été 2021, les influences de cette nouvelle saison sont claires et se tournent du côté des modes punk et gothique, autant dans l’allure des silhouettes que dans les détails. Pour preuve, sur le noir d’une chemise, les laçages d’un corset se dessinent en coutures blanches et sont remplacés par des agrafes, tandis que les ceintures et sangles se voient multipliées sur veste et pantalon, ou des paires de mitaines en cuir apparaissent discrètement sous les manches.

Comme le reflet des observations du créateur, plusieurs modèles de masques noirs couvrent les visages pendant que les corps font la part belle au volume des manteaux et vestes, des longs pantalons et chemises, mais aussi des quelques manches nouées autour de la taille qui les dotent d’une certaine désinvolture. On retiendra particulièrement les premiers manteaux de la collection, coupés dans un néoprène parsemé de discrets points blancs et de quelques scratchs dont le volume enveloppant et l’aspect presque brillant sont, pour le label, une nouveauté autant qu’une véritable réussite. Mais au fil des 26 silhouettes de la collection, ce sont sans doute les nombreuses inscriptions que l’on retient le plus du sempiternel noir profond, dont le créateur a fait depuis quatre décennies sa couleur fétiche. Pendant que des visages, revolvers et dos nus blancs ou friandises colorées décorent certaines chemises, les textes agrémentent aussi bien les polos que les pantalons de quelques aphorismes et pensées signées Yohji Yamamoto lui-même. Dans l’avant-dernier ensemble, le titre du célèbre cantique chrétien “Amazing Grace” s’écrit notamment en orange sur noir et prend alors des airs d’incantation, tel l’hymne salvateur qui saurait à lui seul délivrer une communauté de sa torpeur.