15 sept 2021

A l’Elysée, Daniel Buren transforme la verrière aux couleurs du drapeau français

Ce lundi 13 septembre, le président Emmanuel Macron inaugurait la verrière du jardin d’hiver de l’Elysée, récemment métamorphosée par l’artiste français Daniel Buren aux couleurs du drapeau français. L’œuvre in situ est prévue pour être temporaire et devrait être démontée en février 2022.

C’est une œuvre résolument patriotique”, déclare Emmanuel Macron ce lundi 13 septembre au matin en inaugurant l’installation de Daniel Buren à l’Elysée. Au dessus de lui, la grande verrière du jardin d’hiver scintille sous le soleil et les rayons, qui la traversent, projettent à l’intérieur du bâtiment les couleurs du drapeau français. Suite au retrait, en 2017, d’une grande tapisserie de Pierre Alechinsky qui décorait auparavant cet espace, le président de la République a souhaité rehausser son atmosphère paisible et invité l’artiste de 83 ans, présenté par un ami commun, à transformer son plafond. Résultat : 250 mètres carrés de fenêtres en verre recouvertes de filtres bleus, blancs et rouges, agrémentés parfois de rayures, en hommage aux couleurs du pays. Même le titre de l’œuvre choisi par Daniel Buren, Pavoisé, fait référence à l’action d’orner de drapeau un édifice à l’occasion d’une fête, et transforme ce projet en véritable symbole national.

Daniel Buren, Pavoisé, travail in situ, jardin d’hiver, Palais de l’Élysée, Paris, septembre 2021. Détails © DB-ADAGP Paris

Si Daniel Buren est devenu une figure si célèbre de l’art contemporain, c’est justement parce que son travail a souvent occupé l’espace public. Après mai 68, le peintre avide d’expérimentation invente l’idée de “création in situ”, des œuvres interagissant directement avec l’espace et l’architecture des lieux qu’elles transforment, pensées en fonction de leurs décors. Investissant les espaces publics comme les musées, Daniel Buren a notamment métamorphosé le Grand Palais en 2012 en occupant l’immense surface de sa nef par des disques en verre de couleurs vives qui créaient des jeux de lumière. De manière similaire, l’artiste a recouvert, en 2017, les toits en verre de la Fondation Louis Vuitton par des filtres de couleurs, modifiant radicalement l’architecture du bâtiment imaginé par Frank Gehry. En 1986, bien avant Emmanuel Macron, l’ancien président François Mitterrand avait déjà fait appel au plasticien pour réaliser des aménagements dans la cour d’honneur du Palais-Royal à Paris. Daniel Buren avait créé à l’époque une série de colonnes noires et blanches de différentes tailles devenues au fil des années un emblème du centre de Paris, jusqu’à être surnommée “les colonnes de Buren”.

 

En transformant la verrière du palais de l’Elysée, Daniel Buren rejoint ainsi la liste prestigieuse des artistes et designers présents dans ce lieu symbolique, à l’instar de Shepard Fairey – alias Obey –, Florence Knoll, Pierre Alechinsky ou encore Matali Crasset. Si le vestibule d’honneur est occupé depuis 1984 par une sculpture d’Arman, pensée comme une accumulation à la verticale de drapeaux en marbre sur un socle en bronze, le tapis représentant un soleil noir de Claude Levêque devrait en revanche être retiré prochainement selon les dires de la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, l’artiste étant actuellement visé par une enquête pour viols et agressions sexuelles sur mineurs. En attendant, dès ce week-end, les visiteurs pourront découvrir la nouvelle verrière à l’occasion des prochaines Journées du Patrimoine, les 18 et 19 septembre, à l’occasion desquelles le palais de l’Elysée ouvrira ses portes comme chaque année. Prévue pour être temporaire, l’installation de Daniel Buren devrait être démontée en février 2022.