Comment Bon Iver a révolutionné l’image du chanteur folk
Alors qu’il vient de sortir un nouvel EP, Sable, ce vendredi 18 octobre et qu’il a collaboré à l’album de remix de Charli xcx, retour sur la façon dont Justin Vernon, alias Bon Iver, a changé l’image du chanteur folk.
par Violaine Schütz.
Bon Iver repousse sans cesse les limites
L’Américain Justin Vernon alias Bon Iver, 43 ans, s’était enfermé pendant trois mois dans une cabane retirée du Wisconsin, après une déception amoureuse, pour accoucher de son premier album. Mais il ne s’est jamais enfermé dans une case, celle du folk dépressif. L’autoproduit For Emma, Forever Ago (2008) flirtait déjà avec quelque chose de plus grand et complexe qu’une musique à guitares neurasthénique.
Son deuxième disque, Bon Iver, Bon Iver (sorti en 2011) convoquait d’ambitieux arrangements de cordes, des percussions entêtantes, un saxo et des notes électroniques. Avec le splendide 22, A million (2016), c’est un milliard d’idées par minute qui se bousculent.
Souvent expérimental, l’inventivité de sa folk pop futuriste évoque par moments Frank Ocean, Daft Punk, Animal Collective, Pink Floyd et Kanye West (avec lequel Bon Iver a collaboré). Une bromance unit d’ailleurs ce dernier à Justin Vernon, depuis que l’ex-mari de Kim Kardashian l’a samplé. “Je l’aime autant que Kanye aime Kanye”, a-t-il déclamé.
Il accorde une grande importance à l’aspect visuel de sa musique
Ça ne se voit pas à ses chemises blanches ou à carreaux lessivées, sa barbe laissée à l’abandon et ses bonnets/casquettes, mais Bon Iver aime les belles choses. À l’image de ses tatouages sur les bras et le torse, très graphiques, il a soigné l’esthétique de son album, 22, A Million. Outre la pochette magnifique, il a dévoilé au compte-goutte des lyrics videos, des clips où l’on peut lire les paroles de chacun des titres de l’opus sur fond de formes géométriques colorées ou de visuels étranges assez hypnotiques. Pour la pochette de son nouvel EP, Sable, il se cache dans la pénombre, laissant simplement apparaître les fameux tatouages.
Le chanteur s’est réconcilié avec le monde
Bon Iver s’est toujours montré discret et a toujours cultivé un certain mystère. Entre chacun de ses projets et de ses rares lives, on se demandait bien ce qu’il avait pu tramer durant ses pauses. Des tatouages dédiés à des amours contrariées ? En fait sa notoriété a causé chez lui de graves crises d’anxiété, des attaques de panique et des remises en question en partie responsable de la belle mélancolie de l’opus 22, A Million. Avec un voyage en Grèce (à Santorin) et une nouvelle histoire d’amour, ses récentes compositions l’auraient aidé à “guérir”, a-t-il confié au New York Times. Mais avant d’accouche de EP Sable, publié ce vendredi 18 octobre 2024, il a traversé de nouveau une dépression. Il fait donc partie de ces artistes pour lesquels la musique est bel et bien une question de vie ou de mort.
Des collaborations avec Charli xcx et Taylor Swift
Bon Iver a transformé l’image du folkeux à barbe neurasthénique à guitare fuyant devant les beats tapageurs du Berghain. Il s’est d’ailleurs produit à Berlin, a collaboré avec le prodige électronique James Blake (fan de Justin Vernon), Taylor Swift et Charli xcx et s’est lancé dans un set techno ainsi qu’une production avec Woodkid, filmée par la Blogothèque. Heureusement qu’il continue également de faire appel à une chorale pour ne pas perdre les fans de la première heure.
Un jour férié lui est dédié
L’auteur du tube Skinny Love qui a gagné un Grammy Award et a vu ses chansons illustrer de nombreuses séries américaines, déteste la célébrité. Mais le maire de la ville de Milwaukee n’est pas de cet avis. Ce dernier a déclaré le 22 juillet 2011 férié, en hommage à Bon Iver, parce qu’il considère que ses chansons célèbrent “l’héritage du Wisconsin, le plaçant en parfait ambassadeur international pour le Milwaukee et le Wisconsin.” Pas sûr que le maire ait apprécié l’utilisation de l’auto-tune à la place du falsetto sur l’un des disques de la fierté nationale.
Sable (2024) de Bon Iver, disponible.