Pourquoi faut-il absolument visiter le Hangar Y, nouveau lieu culturel où l’art prend son envol
Fermé depuis quarante ans, le Hangar Y vient de rouvrir ses portes à Meudon (Hauts-de-Seine). Cet édifice insolite qui fut le premier hangar à dirigeables au monde profite de sa réhabilitation pour promouvoir sa riche histoire, entre exposition sur le thème des machines volantes, parc de sculptures de 9 hectares et restaurant étoilé…
Par Camille Bois-Martin.
Les machines volantes, objets de fascination pour les artistes
Marqué par le fer de l’histoire, le Hangar Y est pourtant abandonné à l’aube des années 80 et pendant près de quarante ans, jusqu’à sa récente campagne de restauration entamée en 2020 et financée à hauteur de 25 millions d’euros. Inauguré ce printemps, l’immense bâtiment de verre, de brique et de fer retrouve ses anciennes fonctions muséales en proposant en son sein deux expositions par an, dont la première (avec le commissariat de la fondation Art Explora) s’inspire de son rôle fondateur dans la conquête du ciel en France. Intitulée “Dans l’air, les machines volantes”, elle confronte artistes et ingénieurs en explorant l’imaginaire du vol dans la création artistique et brosse près de trois siècles d’histoire. Du dirigeable métallique de Lee Bull en passant par l’avion en plein voltige de Roman Signer suspendus dans la nef du hangar, des sculptures de pointures de l’art contemporain côtoient des trésors de l’Art brut (prêtés pour l’occasion par le LaM de Lille) mais aussi les fascinantes expérimentations de l’artiste Panamarenko ou encore des objets issus de la “balloon mania” de la fin du 18e siècle…
Au Hangar Y, une visite immersive surprenante
Après trois ans de travaux, le premier hangar à dirigeables au monde rouvre enfin les portes de son immense domaine. Dans sa nef, ni ballon ni avion mais des œuvres d’art suspendues au plafond ou sur les murs, telle cette monumentale sculpture argentée imitant la forme d’un dirigeable, signée de l’artiste contemporaine coréenne Lee Bull. Plus loin, un parachute semble avoir atterri au mauvais endroit, étendu parmi les nombreuses créations artistiques étonnantes exposées au Hangar Y, qui explorent l’imaginaire du vol. À peine l’entrée passée, tout un monde s’ouvre au visiteur qui peut par exemple s’aventurer dans les galeries du premier étage exposant les œuvres d’artistes du 18e siècle à aujourd’hui, risquer une tête au-dessus de la balustrade pour observer de plus près le dirigeable de Lee Bull ou l’avion de Roman Signer, ou encore se laisser guider par sa gourmandise vers le restaurant du chef étoilé Guillaume Sanchez – star de la saison 11 de Top Chef –, installé dès fin avril sur la terrasse et l’espace central du bâtiment.
Cette parenthèse artistique, qui ne coûte qu’un simple trajet en RER depuis Paris, se poursuit jusque dans la forêt de Meudon. À l’instar du gigantesque Parc des Ateliers d’Arles, la visite du Hangar Y se prolonge au sein d’un parc de neuf hectares – encore en friche – où une vingtaine de sculptures trônent dans la verdure, sur les vestiges d’un jardin imaginé par André Le Nôtre en 1680, dont il ne reste aujourd’hui que l’étang de Chalais et une longue percée de trois kilomètres qui reliait le domaine au château de Versailles. Climax de cette balade à ciel ouvert : un parcours sonore imaginé en collaboration avec l’IRCAM (l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique du Centre Pompidou), destiné à créer l’atmosphère d’une forêt enchantée.
Les machines volantes, objets de fascination pour les artistes
Marqué par le fer de l’histoire, le Hangar Y est pourtant abandonné à l’aube des années 80 et pendant près de quarante ans, jusqu’à sa récente campagne de restauration entamée en 2020 et financée à hauteur de 25 millions d’euros. Inauguré ce printemps, l’immense bâtiment de verre, de brique et de fer retrouve ses anciennes fonctions muséales en proposant en son sein deux expositions par an, dont la première (avec le commissariat de la fondation Art Explora) s’inspire de son rôle fondateur dans la conquête du ciel en France. Intitulée “Dans l’air, les machines volantes”, elle confronte artistes et ingénieurs en explorant l’imaginaire du vol dans la création artistique et brosse près de trois siècles d’histoire. Du dirigeable métallique de Lee Bull en passant par l’avion en plein voltige de Roman Signer suspendus dans la nef du hangar, des sculptures de pointures de l’art contemporain côtoient des trésors de l’Art brut (prêtés pour l’occasion par le LaM de Lille) mais aussi les fascinantes expérimentations de l’artiste Panamarenko ou encore des objets issus de la “balloon mania” de la fin du 18e siècle…
Flâner parmi les œuvres d’art contemporain du Hangar Y
Accrochées au plafond, clouées au mur, exposées à l’air libre… au Hangar Y, la scène artistique contemporaine se découvre au gré des déambulations du visiteur. S’il lève les yeux, il peut être surpris par l’avion de Roman Signer qui semble foncer droit sur lui ; s’il arpente les étages, il peut croiser les drôles de machines volantes de Panamarenko ou des inventions loufoques, tel un vélo à ailes créé au milieu du 20e siècle par l’inventeur allemand Gustav Mesmer. Inspirée par et reliée à l’histoire du lieu, cette nouvelle inauguration du Hangar Y lui offre ainsi une nouvelle vie. À l’image du peintre Marc Chagall qui y déploie en 1963 la grande fresque circulaire de 220 m2 qu’il réalise alors pour le palais Garnier de Paris, le bâtiment est un espace hors normes se prêtant à toutes les fantaisies des artistes contemporains susceptibles d’exploiter son espace intérieur de plus 1600 m2 et les quelque neuf hectares du parc attenant. C’est par exemple le choix de Subodh Gupta : avec des casseroles et autres ustensiles de cuisine en argent, l’artiste indien a construit une petite maison à l’entrée du hangar, première sculpture qui jalonne le parcours en plein air. Dans la verdure de Meudon, les promeneurs du parc encore en friche peuvent aussi bien croiser un arbre en émail blanc d’Ugo Rondinone qu’une empreinte de dinosaure de Laurent Le Deunff… tout ça juste aux portes de Paris.
Le Hangar Y, 9, avenue de Trivaux, 92190 Meudon. Ouvert tous les week-ends, jours fériés et tous les jours pendant les vacances scolaires, de 10h à 20h.
Parc ouvert tous les jours de 10h à 20h.
Vivre en direct la fascinante épopée de la conquête du ciel française
Garantie par la monumentalité du lieu et des œuvres, l’immersion est renforcée par l’expérience proposée via des casques de réalité mixte (à mi-chemin de la réalité virtuelle et réalité augmentée). Un voyage dans le temps qui nous propulse un siècle en arrière, aux origines du Hangar Y, où on découvre l’édifice environné des premiers ballons qui prenaient leur envol exactement à cet endroit. Construit pour servir de galerie des machines lors de l’Exposition universelle de 1878 sur le Champ-de-Mars, la structure du Hangar Y est déplacée, un an plus tard, à Meudon et devient, grâce à ses dimensions imposantes (70 mètres de long pour 23 de haut), un lieu central d’expérimentations aérotechniques. Sous nos yeux médusés, le ballon dirigeable argenté imaginé par Lee Bull s’élève ainsi dans les airs, aux côtés du premier ballon dirigeable en circuit fermé qui, en 1884, décolla et atterrit au Hangar Y. L’événement est, à cette époque, un véritable exploit pour la France (et une première dans le monde entier). Auréolé de cette histoire prestigieuse, l’édifice accueillera ensuite le musée de l’air et de l’espace (entre 1921 et 1973), avant que l’institution ne déménage au Bourget, entraînant l’abandon du hangar pendant près de 40 ans… Jusqu’à sa récente campagne de restauration, entamée en 2020 pour un montant de 25 millions d’euros. Héritage oblige, l’immense bâtiment de verre, de brique et de fer retrouve ses anciennes fonctions muséales et souhaite aujourd’hui proposer deux expositions par an. Organisée avec le commissariat de la fondation Art Explora, la première – intitulée “Dans l’air, les machines volantes” – fait écho à l’histoire du bâtiment, et confronte artistes et ingénieurs en brossant près de trois siècles d’histoire, du dirigeable métallique de l’artiste Lee Bull en passant par les sculptures de grandes pointures de l’art contemporain, par les trésors de l’Art brut (prêtés pour l’occasion par le LaM de Lille) mais aussi par les fascinants objets issus de la “balloon mania” qui a marqué la fin du 18e siècle…