4 nov 2022

Rencontre avec Joyce Wrice, la sensation du R’n’B qui marche sur les pas des Destiny’s Child

Un an après un premier album soyeux et dansant, l’excellent Overgrown, des clips soignés aux chorégraphies feel good et une collaboration remarquée avec le rappeur Freddie Gibbsla nouvelle sensation du R’n’B américain Joyce Wrice, 30 ans, confirme son talent. L’artiste originaire de Chula Vista, une ville au sud de San Diego – installée à Los Angeles -,a en effet récemment publié un EP sensuel et énergique intitulé Motive. Très influencé par les années 2000, notamment par Mariah Carey et par les Destiny’s Child, le disque célèbre l’empowerment féminin et les multiples origines (japonaise et afro-américaine) de la jeune fille en baggy et crop top. En exclusivité française, la chanteuse nous parle de bouddhisme, de Kill Bill et d’Aaliyah.

propos recueillis par Violaine Schütz.

Joyce Wrice par Mark Peaced

Numéro : Vous avez sorti il y a peu en single la chanson « Iced Tea”, comprenant un featuring du musicien haïtien canado-haïtien Kaytranada qui a aussi travaillé sur la production du titre. Comment ce titre est-il né ?

Joyce Wrice : Kaytranada a commencé notre première session de travail en jouant différentes pistes sonores différentes et lorsque le beat de la chanson Iced Tea a débuté, nous n’avons même pas continué à écouter plus de morceaux. Nous savions que c’était sur celui-ci qu’il fallait que l’on se concentre. Avec ce titre, je voulais créer une chanson joyeuse et audacieuse d’empowerment féminin. Je l’ai écrite avec le musicien Mack Keane et le processus a été très organique et fluide. Nous avons échangé des paroles et des mélodies en faisant de notre mieux pour que le morceau reste accrocheur et donne envie de danser du début à la fin. La chanson était terminée en quelques heures seulement…

 

Dans la vidéo d’Iced Tea, vous incarnez une héroïne vengeresse évoquant Uma Thurman dans Kill Bill. On vous voit également dans un restaurant asiatique… 

Ce clip est une célébration de mon héritage japonais et de mon héritage noir. Mon père (un militaire souvent mobilisé à l’étranger, ndlr) est afro-américain, et ma mère, japonaise. Il y est question de se venger de quelqu’un qui a profité de vous et a essayé de tester vos limites. La vidéo multiplie les allusions à des films que j’aime comme Lady Snowblood (1973) et Kill Bill (2003) ainsi que des références aux clips de deux de mes chansons préférées : Try Again (2000) d’Aaliyah et He Wasn’t Man Enough (2000) de Toni Braxton. Cette vidéo a été un réalisée avec beaucoup d’amour et elle nous a pris un certain temps afin de tout assembler correctement.

 

Quelles émotions voulez-vous transmettre avec votre nouvel EP, Motive ?

Le son et les thèmes principaux de Motive sont à la fois ludiques, dansants, nerveux et accrocheurs. C’était mon humeur pendant l’écriture et l’enregistrement du EP. J’espère que les gens se sentiront confiants, séduisants, sexy et « spicy » en l’écoutant. Ceux qui l’ont déjà entendu semblent en tout cas ressentir exactement ce que j’espérais qu’ils ressentent au moment de sa confection, si j’en crois les réactions sur les réseaux sociaux. Alors j’ai l’impression d’avoir rempli le contrat (rires).

Joyce Wrice par Mike Orquia

Comment voyez-vous votre évolution musicale depuis votre premier album, Overgrown, sorti l’an dernier ? 

Je me sens plus confiante et à l’aise avec qui je suis et je sais plus où je vais aujourd’hui. Je suis déterminée à faire en sorte que ma carrière évolue de la meilleure façon possible. En même temps, je suis plus vulnérable et ouverte à essayer de nouvelles choses, ce qui, je pense, sont des qualités très importantes à posséder en tant qu’artiste. Je raconte des histoires tirées de mes expériences personnelles et je chante sur des mélodies qui me font me sentir bien. J’essaie d’être honnête envers moi-même et dans ma musique. Quand je crée, je dois faire ce qui me semble authentique et j’ai la chance de travailler avec des producteurs et des songwriteurs qui sont si talentueux qu’ils m’aident à y parvenir. 

 

Dans votre musique, on sent des influences nineties et on pense au R’n’B des années 2000 mais vous y ajoutez votre touche personnelle…

Je suis fortement influencée par les années 90 et 2000. J’adore Mariah Carey, Janet Jackson, Missy Elliott, Aaliyah, Toni Braxton, Brandy et les producteurs The Neptunes. J’ai adoré grandir dans cette période-là, donc ça m’a façonné, ce qui explique pourquoi les gens ressentent de la nostalgie en écoutant ma musique. Cependant, je ne veux pas juste répéter et recréer à l’identique le son de cette époque. 

Vous avez défilé, en septembre dernier, pour le label Tombogo, qui présentait sa collection printemps-été 2023 à la Fashion Week de New York. Quel est l’importance de la mode dans votre univers ?

C’est tellement amusant et important pour moi de pouvoir m’exprimer dans d’autres domaines créatifs que le chant et les chorégraphies. Parmi les labels que j’apprécie particulièrement, il y a S.k. Manor Hill, Kim Shui et Christopher Esber. Le confort reste essentiel pour moi, donc j’aime porter des baskets et des jeans amples. Même si je peux me sentir sexy dans des hauts et des vestes oversize, soit des looks très inspirés par Missy Elliott et Aaliyah. Je peux aussi être super féminine avec une mini-jupe ou une robe moulante dans le style de celles que portaient Mariah Carey et Toni Braxton. Tout dépend de mon humeur. 

 

Vous avez parlé plusieurs fois, en interview, de votre croyance bouddhiste. Comment cette religion vous aide à naviguer dans l’industrie musicale ?

L’industrie est très féroce et je me suis fixée de grands objectifs. Du coup, ma pratique bouddhiste m’aide à rester ancrée dans la gratitude et dans ces objectifs. Quand je chante tous les jours, matin et soir, les chants bouddhistes, je me souviens de mon but et je me rends compte que pouvoir chanter est un don, une bénédiction. Cette pratique m’aide à ne pas me laisser impressionner par les défis qui se présentent à moi et à créer de la valeur à partir de tout, y compris des moments plus difficiles.

 

« Motive » (2022) de Joyce Wrice, disponible sur toutes les plateformes.
Joyce Wrice par Le3ay Studio
Joyce Wrice par Le3ay Studio