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Duran Lantink
Duran Lantink s’impose comme l’un des créateurs les plus singuliers de sa génération. Né à Amsterdam, formé à la Gerrit Rietveld Academie puis au Sandberg Instituut, il transforme très tôt le vêtement en manifeste. En 2025, sa nomination à la tête de la maison Jean Paul Gaultier consacre une vision puissante : celle d’une mode qui recycle, dérange et émeut.
Publié le 27 juin 2025. Modifié le 11 août 2025.

Les débuts de Duran Lantink
Depuis ses débuts, Duran Lantink brouille les pistes. Il s’illustre en 2018 avec un pantalon en forme de vulve porté par Janelle Monáe dans le clip PYNK, devenu pièce manifeste de l’upcycling militant. Par la suite, il développe une démarche unique : reconstruire des vêtements à partir de pièces invendues ou de stocks dormants. Chaque collection devient ainsi un collage surréaliste, un jeu de mémoire textile où le luxe trouve un second souffle.
Un style manifeste : volume, engagement et audace
Volontiers sculpturales, ses créations arborent des épaules exagérées, des drapés détournés, des combinaisons graphiques. Il travaille les contrastes — entre raffinement et brutalité, artisanat et futurisme. Son vestiaire évoque autant la haute couture que l’installation contemporaine. Derrière chaque silhouette se cache un message : dénoncer le gaspillage, valoriser la main, réconcilier l’individu et le monde.
Une reconnaissance internationale
Lauréat de plusieurs prix prestigieux, Duran Lantink reçoit notamment l’ANDAM Special Prize, le Karl Lagerfeld Prize du LVMH Prize, et le Woolmark Prize. Il figure aussi dans les collections du Victoria and Albert Museum à Londres. Cette reconnaissance salue une œuvre à la fois esthétique, éthique et profondément contemporaine.
2025 : chez Jean Paul Gaultier, un nouveau souffle
En avril 2025, sa nomination comme directeur artistique de Jean Paul Gaultier marque un tournant. Il supervise à la fois le prêt-à-porter et la haute couture. Son univers hybride, ancré dans le recyclage et l’expression libre, entre en résonance avec l’héritage de Gaultier. Une première collection est attendue en septembre, suivie d’une ligne couture en janvier 2026.
Un créateur qui raconte des histoires

Si l’univers de Duran Lantink fascine autant, c’est qu’il dépasse la simple idée de vêtement pour proposer une expérience immersive. Avant même de tracer ses premières lignes, il se plonge dans les archives des maisons, fouille les dépôts d’invendus, explore les marchés aux puces et les friperies. Chaque pièce qu’il déniche porte déjà en elle une histoire, un passé qu’il s’attache à réactiver.
L’upcycling comme acte politique
Lantink revendique cette approche comme un acte politique. Pour lui, l’upcycling n’est pas un effet de mode, mais une nécessité face à une industrie textile saturée. Il milite pour un rapport plus sensuel et plus respectueux au vêtement, où la valeur réside dans la rareté et la singularité plutôt que dans la production de masse.
Une formation transversale
Sa formation, à la fois technique et conceptuelle, explique cette liberté créative. Passé par la Gerrit Rietveld Academie et le Sandberg Instituut d’Amsterdam, il y développe un regard transversal où la mode dialogue avec les arts plastiques et la performance. Ses défilés ne sont jamais de simples présentations de collection : ce sont de véritables narrations visuelles, où la musique, la scénographie et le mouvement du corps participent à la construction d’un univers.
Des collaborations inspirantes
Au fil des années, son travail a trouvé un écho auprès de figures artistiques et culturelles influentes. De Janelle Monáe à Lizzo, en passant par des artistes visuels contemporains, tous reconnaissent dans ses créations une forme de liberté radicale, capable de s’affranchir des codes tout en dialoguant avec eux. Les institutions elles-mêmes, telles que le Victoria and Albert Museum ou le Stedelijk Museum, n’hésitent pas à exposer ses pièces, les inscrivant dans une histoire plus large du design vestimentaire.
L’héritage de Gaultier revisité
La nomination chez Jean Paul Gaultier, en 2025, est la consécration de cette trajectoire singulière. L’héritage de Gaultier — humour, irrévérence, audace — trouve un prolongement naturel dans l’univers de Lantink. En fusionnant l’esprit transgressif du couturier français avec son propre engagement écologique et social, il promet de redéfinir la maison pour la décennie à venir. Les premiers croquis laissent entrevoir un dialogue entre archives et recyclage créatif, où le passé iconique sert de tremplin à un futur plus conscient et plus libre.
Un langage transversal
Duran Lantink conçoit la mode comme un langage transversal, capable de traverser les disciplines et de brouiller les frontières. Ainsi, il collabore avec des artistes visuels, des musiciens mais aussi des performeurs, tout en intégrant des références issues du cinéma ou encore de la littérature. De plus, il tourne des vidéos expérimentales et imagine des performances immersives où les vêtements dialoguent avec le corps, l’espace et même le public. Dès lors, chaque défilé devient un récit vivant, dans lequel les matières racontent autant que les silhouettes. Par conséquent, chaque pièce est pensée comme l’écho d’une histoire intime ou collective, inscrivant la mode dans un patrimoine à la fois émotionnel et culturel.
Une figure de la mode future
En réalité, plus qu’un créateur, Duran Lantink incarne une pensée et une posture. En effet, son approche radicale, nourrie d’éthique et de poésie, interroge les rouages d’une industrie en mutation. De surcroît, il repense la chaîne de production, impose un rythme créatif en dehors des diktats saisonniers et affirme la mode comme un art total. En 2025, il cristallise ainsi les attentes d’une génération en quête de sens, de réinvention et de beauté engagée. Finalement, pour lui, chaque vêtement est à la fois un objet esthétique et un manifeste, un lien entre passé et futur, capable d’inspirer autant qu’il questionne.