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Damiano David
Damiano David, né le 8 janvier 1999 à Rome, chanteur incandescent et figure magnétique du groupe Måneskin, a surgi comme un éclair sur la scène de l’Eurovision 2021. Ce soir-là, l’Europe entière découvre un regard charbonneux et une voix rauque. Il ne chante pas, il brûle. Il ne joue pas, il incarne. En quelques années, Damiano est devenu bien plus qu’un chanteur : un symbole générationnel. Celui d’une jeunesse qui cri sans s’excuser, qui aime, qui trouble encore plus fort. Une génération avide de liberté. Portrait d’un artiste flamboyant.
Publié le 5 juin 2025. Modifié le 6 août 2025.
Les débuts de Damiano David
Rome ne donne naissance qu’à des êtres romanesques. Entre vestiges antiques et échos de scooters dans les ruelles, Damiano David s’y forge une identité plurielle. Très jeune, il écoute du Nirvana, du Led Zeppelin, des voix usées par la rage et le temps. À quinze ans, il rejoint Måneskin. Ensemble, ils réinventent un rock sensuel et théâtral.
Mais avant les strass, il y a la sueur. Les débuts sont faits de petits concerts, de répétitions dans des caves, de doutes criés à l’unisson. Damiano, adolescent à la voix rauque, compose avec l’instinct et la révolte. Chaque chanson devient un exutoire, chaque riff une échappée. Rome, la ville aux mille visages, nourrit sa dramaturgie intérieure : celle d’un garçon à fleur de peau, dont la colère se mue en style.
Ce mélange d’ombre et de flamboyance devient sa signature. Au fil du temps, il sculpte son personnage public comme on sculpte un totem — fait d’impulsions, de fêlures, d’allure. Ce n’est pas un hasard s’il séduit toutes les générations. Il porte en lui une mémoire musicale et une modernité urgente. Son Rome n’est pas carte postale, mais chaos fertile. Et lui, enfant du bruit et du désir, continue d’en faire une scène vivante.
L’Eurovision, scène de la métamorphose
Mai 2021. Sur la scène de Rotterdam, le monde découvre un fauve en talons. Avec “Zitti e Buoni”, Måneskin explose les codes et remporte l’Eurovision. Ce n’est pas un simple concours que Damiano gagne ce soir-là, c’est un statut : celui d’icône pop-rock. Il ne chante pas, il incarne. Sa voix est animale, elle convoque les fantômes du rock, de Jim Morrison à Kurt Cobain, tout en affirmant une identité propre, singulière. Chez lui, le chant est une nécessité.
Damiano ne joue pas à être rock : il l’est, dans sa chair, dans sa gestuelle, dans son regard perçant. Ce soir-là, l’Europe entière assiste à une mue. Le concours devient rituel, et Damiano, chaman moderne. La scène devient un autel, et la chanson, un exorcisme. Ce moment, gravé en direct, n’est pas une performance, mais une naissance.
L’esthétique du rock glam revisité
Damiano David se regarde autant qu’il s’écoute. Combinaisons en latex, corsets victorieux, bottes hautes et smokings : il transforme son corps en manifeste. Chaque apparition publique devient performance. À l’instar de David Bowie, il floute les genres et défie les normes, incarnant une masculinité fluide, flamboyante et affranchie. Gucci l’a bien compris, le consacrant muse et icône, miroir d’un temps où le vêtement devient armure. Si Damiano David attire les regards, c’est bien avec Victoria De Angelis, Thomas Raggi et Ethan Torchio qu’il fait corps. Måneskin, c’est un bloc, une énergie organique. Un cri collectif. Ensemble, ils signent des tubes bilingues aux riffs ravageurs, dans une esthétique qui mêle années 70, pop culture et urgence adolescente.
Une voix générationnelle
Damiano ne joue pas un rôle. Il parle, il revendique, il questionne. Sa voix, aussi, s’élève sur les réseaux pour défendre la liberté de genre. Il appartient à cette génération qui déconstruit les « normes ». Mais derrière l’image maîtrisée, il y a aussi une vulnérabilité assumée. Damiano évoque sans détour les doutes, la pression, la santé mentale. Il refuse l’image du rockeur invincible et préfère celle, plus trouble, de l’humain traversé par ses contradictions.
L’après-Måneskin : une icône en devenir
Aujourd’hui, Damiano David évolue sous les projecteurs comme sur un fil tendu. Il explore, bifurque, avance. S’il incarne une époque, il s’en méfie aussi. Car pour lui, le rock ne meurt pas. Il mue. Et dans cette mue, Damiano est à la fois le cri, la cicatrice et l’éclat.

Une trajectoire en expansion

Une icône contemporaine entre rage et vulnérabilité
Depuis leur victoire à l’Eurovision, les concerts s’enchaînent, les festivals s’embrasent, les fans hurlent. Et pourtant, Damiano reste insaisissable. À la fois star et garçon des rues, héros de mode et âme grunge, il avance sans calcul apparent, porté par une flamme toujours vive. Le prochain album du groupe est déjà très attendu.
Il est cette silhouette noire, entre ciel et scène, qui renverse tout sur son passage. Damiano David incarne une tension rare : celle entre la rage et la beauté. Il chante comme on vit : à vif, sans détour. À mesure que le monde cherche des repères, lui choisit le vertige. Et si le rock avait encore une âme aujourd’hui, elle porterait sûrement ses yeux noirs.
Car Damiano ne cherche pas la perfection, mais l’impact. Il préfère la faille à la façade, le cri à la pose. Son charisme ne repose pas sur une construction marketing : il jaillit. Même dans la démesure, il conserve cette part de gravité, presque mélancolique, qui le rend unique. En interview, il cite Baudelaire autant que Nirvana. En concert, il embrasse l’instant, comme si chaque note pouvait être la dernière. Il est l’écho d’une génération qui doute, mais avance, à fleur de peau.