Maison de luxe

Courrèges

En 1961, André et Coqueline Courrèges fondent leur maison à Paris, avec une énergie avant-gardiste.

Les débuts de Courrèges

Très vite, ils bousculent les codes en proposant la minijupe, les pantalons pour femmes, les bottes blanches et les bottines plates. Dès lors, la mode féminine change : elle devient mobile, pragmatique, libre. Ainsi, Courrèges incarne un style nouveau, plus adapté aux femmes actives. Et cette audace marque durablement l’esprit de la maison.

Space Age : minimalisme futuriste

En 1964, la collection « Couture Future » décline le minimalisme en exploitant le blanc, les lignes géométriques et les matières innovantes comme le PVC et le vinyle. Non seulement ces pièces modernisent le vestiaire, mais elles flirtent aussi avec l’architecture. La suppression des chapeaux et la restriction des accessoires accentuent ce minimalisme radical. Ainsi, Courrèges réinvente la mode comme un manifeste spatial et optimiste.

Un rayonnement mondial durable

Entre 1965 et 1975, la marque s’exporte massivement. Twiggy, Bardot ou Deneuve adoptent ses silhouettes. Ensuite, des boutiques ouvrent à Paris, New York et Rodeo Drive. Le succès du parfum « Empreinte » renforce cette influence internationale. En outre, une ligne homme voit le jour en 1973, avant de s’effacer en 1986 avec l’évolution du marché.

Des décennies de défis

Dans les années 1980, la maison connaît des remaniements : L’Oréal, puis le japonais Itokin, en prennent le contrôle. Par la suite, plusieurs propriétaires se succèdent, entraînant un certain émiettement de l’identité. Coqueline Courrèges reprend la barre dans les années 90 pour les parfums et le design.

Renaissance numérique et archives

En 2011, Jacques Bungert et Frédéric Torloting relancent Courrèges. Ils misent sur le numérique, la valorisation des archives iconiques et une présence renforcée en ligne. Par la suite, la marque se modernise sans renoncer à son ADN : les codes graphiques, l’optimisme spatial, la modernité assumée. Aujourd’hui, cet ancrage digital permet de parler à la génération Y et Z.

Un nouvel élan avec Artémis et Di Felice

En 2018, le groupe Artémis acquiert la marque. Par la suite, en 2020, Nicolas Di Felice devient directeur artistique. Formé à La Cambre et passé chez Balenciaga, Dior et Louis Vuitton, il incarne à la fois rigueur et modernité. Rapidement, il redéfinit l’épure, joue sur les proportions graphiques et propose une démarche écoresponsable. Ainsi, la mode devient plus consciencieuse, sans trahir le message d’origine.

Collection capsule et ligne homme

En 2021, la première collection virtuelle de Di Felice voit le jour. Elle mélange codes historiques et modernité, tout en s’ancrant dans l’ère numérique. Par ailleurs, la ligne masculine renaît. En parallèle, plusieurs modèles épurés sont réédités avec des coupes ajustées. Ainsi, l’offre s’élargit, tout en restant cohérente.

Matériaux durables et innovation

Depuis 2021, Courrèges utilise des matières certifiées GOTS et du vinyle recyclé à 70 % de bio‑polyuréthane. La marque intègre ces tissus dans différentes lignes, sans augmenter les prix. Grâce à cette stratégie, l’éthique devient accessible. En outre, les procédés de teinture respectueux de l’environnement s’installent durablement. Par là même, Courrèges prouve que le luxe peut être inclusif.

Colorama : parfum du renouveau

En 2024, Courrèges lance Colorama, une collection olfactive unisexe autour de l’Ambroxan. Ainsi, la maison propose une véritable expérience sensorielle. Chaque fragrance incarne l’esprit futuriste, optimiste et inclusif. De plus, ce lancement renforce la cohérence entre style, parfum et image.

Retail repensé : design et présence

Sous l’impulsion de Di Felice et d’Artémis, la boutique historique rue François‑Premier est repensée. En outre, des espaces à Paris (Marais, Rive Gauche), à New York (Soho), en Californie et en Corée ouvrent. Courrèges intensifie sa présence globale. Toutefois, l’expansion reste contrôlée afin de préserver une rareté précieuse.

Une esthétique ouverte et fluide

Di Felice construit un pont entre héritage spatial et modernité responsable. Il reprend le blanc, la géométrie, le minimalisme, mais ajoute des volumes modernes. Les silhouettes deviennent unisexes sans neutraliser les identités. De plus, elles restent accessibles sans sacrifier la sophistication.

Entre héritage et innovation

Aujourd’hui, Courrèges offre du prêt-à-porter, des parfums et des accessoires. En outre, la marque maintient un discours cohérent entre produits, image et engagement durable. Elle mise sur la qualité, la technique, le luxe discret. De plus, elle s’adresse à un public intergénérationnel.

Enjeux et défis

À présent, Courrèges doit concilier conservation de son ADN et séduction de nouveaux publics. Par conséquent, l’innovation, la responsabilisation et l’élargissement stratégique restent essentiels. Ainsi, la marque doit rester pionnière tout en restant accessible.

Un avenir dans le concret

L’histoire de Courrèges, marquée par plus de cinquante ans d’audace, témoigne d’une résilience admirable. Héritière d’un patrimoine iconique, la maison aurait pu se contenter d’un passé glorieux. Pourtant, sous l’impulsion de Nicolas Di Felice, elle choisit d’inventer, de renouveler, d’agir. Plutôt que de céder aux effets de mode, elle explore les questions profondes qui traversent notre époque. Ainsi, Courrèges incarne une modernité lucide, sensible aux enjeux du climat, de la matière, du rythme.

Les collections actuelles refusent l’anecdote. Elles pensent le vêtement dans sa fonction, dans son impact, dans sa durée. Chaque pièce, taillée avec rigueur, porte une vision claire : celle d’un luxe responsable, sensoriel, désirable. Ici, la science-fiction devient tangible. L’utopie devient vêtement.

Dans un monde saturé de promesses abstraites, la maison propose du concret. Elle relie l’esthétique à l’éthique, le style à l’esprit. Et ce lien, rare, signe sa singularité. En redéfinissant l’idée même de modernité, Courrèges dessine un avenir crédible. Un avenir fait de gestes justes, de formes durables et de présence assumée.

En somme, elle démontre que le futur ne se pense pas uniquement en images. Il s’habite, il se porte, il se construit — couture après couture.