Chanteuse

Clara Luciani

Née le 10 juillet 1992 à Martigues, Clara Luciani grandit dans une famille d’origine corse et italienne.

Les débuts de Clara Luciani 

Dès l’enfance, Clara Luciani développe une sensibilité exacerbée, teintée d’une mélancolie profonde. Sa voix grave, presque masculine, devient rapidement un motif de moquerie. Pourtant, ce qui la marginalise finira par la distinguer. Avant de se lancer dans la musique, elle étudie l’histoire de l’art à Aix-en-Provence et multiplie les petits boulots : pizzaïolo, professeur d’anglais, baby-sitter. Rien ne détourne cette autodidacte de son désir tenace de créer.

Une première apparition dans l’ombre

En 2011, elle rejoint le groupe La Femme. Elle prête sa voix à quelques morceaux de l’album Psycho Tropical Berlin. Même si l’expérience reste brève, elle lui offre une première immersion scénique. De surcroît, elle lui permet d’éprouver sa nécessité d’indépendance artistique. Clara pressent qu’elle a ses propres histoires à raconter, avec ses mots à elle, son ton, sa blessure.

La révélation Sainte-Victoire

L’année 2018 marque un tournant décisif. Avec Sainte-Victoire, son premier album solo, elle impose une pop française hybride, élégante et affirmée. Les titres La grenade, Nue ou Drôle d’époque séduisent par leur justesse émotionnelle et leur force féminine. Tandis que les critiques la comparent à Françoise Hardy ou Véronique Sanson, Clara s’affirme déjà comme une autrice singulière. Les mélodies sont limpides, les textes précis. Sous l’épure sonore, une femme se reconstruit après l’échec amoureux. Elle transforme ses failles en force et assume enfin la puissance de sa voix.

Un cœur qui danse

Trois ans plus tard, Cœur (2021) opère un virage plus lumineux. Clara y explore des sonorités disco, des rythmes seventies, des paillettes assumées. Cependant, elle ne renie pas la mélancolie. Au contraire, elle l’habille de lumière. Respire encore et Le reste transforment la douleur en élan vital. L’album, écoulé à plus de 300 000 exemplaires, la propulse parmi les artistes majeures de sa génération. Ce succès ne l’éloigne pas de l’essentiel : dire quelque chose de vrai.

Un style visuel affirmé

Parallèlement à sa musique, Clara soigne son image avec rigueur. Sur scène comme dans ses clips, elle adopte un style androgyne et sophistiqué : pantalons larges, blazers, bottines vintage. Elle cultive une silhouette élancée, entre élégance rétro et force contemporaine. Inspirée aussi bien par Gainsbourg que par Patti Smith, elle brouille les codes sans provocation. Sa voix grave tranche avec la délicatesse de son port. Ce contraste devient sa signature.

Clara Luciani se positionne clairement du côté des femmes. Sans slogan ni posture, elle défend leur complexité, leur force intérieure, leurs fragilités. La grenade s’impose comme un hymne générationnel, appelant à une forme de révolte douce. Elle chante la vulnérabilité, l’égalité, le désir, la sensualité. Son féminisme, loin d’être théorique, s’incarne dans le quotidien, dans les émotions, dans le droit à être multiple.

Une vie intime discrète

Depuis plusieurs années, elle partage sa vie avec Alex Kapranos, le chanteur de Franz Ferdinand. Leur relation, protégée des projecteurs, repose sur l’admiration mutuelle et une complicité créative. Ensemble, ils composent, voyagent, se retirent pour créer. En 2023, la naissance de leur enfant bouleverse l’équilibre de Clara, qui prend un moment pour se recentrer.

Mon sang, l’album de la maturité

À la fin 2024, Clara revient avec Mon sang, un troisième opus plus introspectif. Écrit pendant sa grossesse et les premiers mois de maternité, il dévoile une facette plus nue, plus frontale. Moins dansant que le précédent, l’album gagne en intensité. Le titre Courage, qui aborde la charge mentale, marque une bascule vers un propos plus politique, plus adulte. Malgré le confort que pourrait offrir le succès, elle choisit l’exploration, le vertige de la sincérité.

Une tournée au plus près

L’album s’accompagne d’une tournée à guichets fermés. Olympia, Accor Arena, grandes salles de Belgique et de Suisse : partout, elle fait salle comble. Pourtant, elle ne cherche pas l’effet spectaculaire. Ce qui compte, c’est la proximité, l’échange avec le public. Chaque concert est conçu comme une conversation sensible, un moment de vérité partagée. Elle reste fidèle à cette ligne de force : faire de l’art un geste d’intimité.

Une icône de sa génération

Clara Luciani incarne une nouvelle forme d’icône. Elle ne cherche ni le scandale ni l’hypervisibilité. Sa force tient à sa discrétion, à la profondeur tranquille de sa parole. Elle représente une génération qui veut penser et danser, aimer et exister pleinement, sans compromis ni caricature. Sa musique, son apparence et sa voix composent une présence singulière, immédiatement reconnaissable.

Grave et solaire, Clara Luciani avance à contre-courant. Elle transforme ses blessures en lumière, ses doutes en chansons. Chaque album marque une étape de son chemin intérieur. À travers elle, c’est une époque qui se raconte : celle des femmes qui refusent de choisir entre douceur et puissance, entre silence et affirmation. Fidèle à elle-même, elle continue de chanter pour les autres. C’est sans doute pour cela qu’elle touche si juste.