Le maître iranien Y.Z Kami expose ses portraits troublants à la galerie Gagosian
Jusqu'au 5 mai, Gagosian présente Geometry of Light, la première exposition personnelle à Paris du peintre Y.Z Kami.
Par La rédaction.
Les yeux fermés ou le regard au loin… les visages peints par Y.Z Kami sont loin de répondre aux attentes d'un portrait classique : révéler au premier coup d'oeil les personnalités qu'elles représentent. Bien au contraire, la peinture est même troublée comme par un effet de brouillard. Ces présences fantômatiques appellent en réalité le regard à aller plus loin, au-delà des apparences premières, et à se plonger dans leur esprit et leur âme qui semble être les véritables sujets du peintre.
L’éclat de ses toiles fait d'ailleurs souvent écho au soufisme, tendance mystique de l’islam sunnite qui évoque l’élévation spirituelle. Des peintures qui peuvent également se limiter à des structures géométriques et qui puisent dans l'architecture islamique traditionnelle. On pense par exemple à ses séries de cercles concentriques faits de légères touches de peinture ou à sa toile Daya’s Hands II (2015-16), deux mains jointes paume contre paume dans un geste de prière, exposées à la galerie Gagosian. Kami parle d’un “un frisson qui évoque le sentiment d'une présence” et répond quand on lui demande à quel moment considérer une peinture comme achevée : “Quand l'image commence à respirer.”
Célébré internationalement, l'artiste aujourd'hui installé aux Etats-Unis s'est fait connaître dans les années 90 avec des portraits délicats des victimes du sida. Dans les années 2000, il réalise sa série la plus connue, In Jerusalem, découvert à la Biennale de Venise : des portraits de religieux catholiques, orthodoxes, musulmans ou juifs qui s'opposaient tous à une Gay Pride organisée à Jerusalem mais dont les visages peints ne laissaient pas transparaître l'intolérance…
A la galerie Gagosian, Kami juxtapose notamment deux peintures de sa série Dome, composées de cercles concentriques en mosaïque blancs ou noirs qui semblent rayonner dans tout l'espace, avec la représentation menaçante du masque mortuaire en plâtre de Blaise Pascal, le mathématicien, écrivain et théologien français du XVIIe siècle qui a passé la majeure partie de son existence à questionner la définition de la “vérité”. Y.Z Kami en est le digne héritier.
Y. Z. Kami, Geometry of Light, du 16 mars au 5 mai, Gagosian, Paris VIIIe.