Qui est Domingo Mariani, musicien surdoué qui secoue le jazz parisien ?
Le groupe Madone a présenté le 2 février son premier album Reconstructing the Universe. Cet opus solaire aux sonorités jazz, pop, latino et afrobeat met en avant l’univers de huit artistes parisiens aux styles différents. Rencontre avec son jeune leader de 25 ans, Domingo Mariani.
Par Marie Solvignon.
« Lorsque je travaillais sur les harmonies de cet album, j’ai commencé à leur donner le nom des couleurs qu’elles m’évoquaient à ce moment-là : rose, turquoise, pêche, violette, verte. C’est ce qui a enclenché le processus d’écriture des morceaux », confie Domingo Mariani, à propos de l’écriture de Reconstructing the Universe, premier album du groupe Madone. Un groupe né de l’envie de Domingo – qui en parallèle travaille aussi en solo – de collaborer avec d’autres musiciens : « Madone, c’est un groupe qui ne sera jamais fermé : les gens peuvent arriver et partir quand ils le souhaitent. » C’est en 2020, alors que la pandémie de Covid-19 met la totalité du monde à l’arrêt que Domingo compose les premières mélodies de Reconstructing the Universe. Alors que l’isolement frappe l’ensemble de la population, chaque jour, à son piano, le musicien laisse surgir ses mélodies. Puis, à mesure que les les morceaux s’ébauchent, Domingo pense, pour chacun, à un ami musicien dont il a envie d’ajouter la patte à la sienne : les accords et les paroles naissent alors grâce aux talents conjugués de huit artistes réunis. Leur œuvre collective, Reconstructing the Universe sonne comme le parfait album de jazz, sensuel et langoureux, aux notes minimalistes de funk, d’afrobeat et de musique latino-américaine. Du côté de ses coéquipiers : Justus Raim apporte son savoir-faire au piano électrique, Joseph Sainderichim – alias Amour Courtois –, ses talents de bassiste, tandis que Matthieu Fabre s’impose en maître du saxophone. Max Dindinaud, quant à lui, s’occupe de la guitare électrique, aux côtés de Domingo, qui joue aussi à la guitare acoustique et au synthétiseur. Au chant, ils sont trois : Domingo, associé à Joseph Sainderichim et Ingvild, qui orchestrent une harmonie de voix captivante. Tantôt en espagnol, tantôt en français ou en anglais, les grains de voix solaires et lyriques se mélangent à la perfection. Une alchimie magique que Domingo résume par ces mots : « Finalement, ce projet représente la liberté ainsi qu’une énergie jaillissante. On y pioche des énergies et des émotions provenant de chaque artiste. » Le charme des onze morceaux de Reconstructing the Universe est tel qu’il s’impose comme l’album idéal à écouter sur platine vinyle.
Élevé à Paris par une mère vénézuélienne et un beau-père camerounais, Domingo Mariani baigne depuis toujours dans un mélange de cultures. Bercé par le jazz, le hip-hop, le R’n’B, le rock ou encore l’afrobeat, l’artiste Domingo Mariani a commencé à écrire et composer très jeune. Il a d’abord joué ses compositions mêlant funk et afrobeat dans un groupe formé avec ses amis au collège et au lycée. Puis à l’âge de 19 ans, il rencontre de jeunes musiciens australiens en vadrouille à Paris, qui, intéressés par sa patte, lui proposent de les suivre en Australie afin d’apporter son aide pour les arrangements musicaux de leur groupe de rock psychédélique Babe Rainbow. Au départ, simplement venu les aider, il est finalement devenu un membre du groupe à part entière. « Nous avons sorti 3 albums ensemble et, durant cette période, j’ai continué d’apprendre de nouvelles choses sur la musique autant que sur moi-même », confie-il. C’est à son retour à Paris que sa riche palette d’influences musicales va s’épanouir, à travers les projets solo qui ont longuement mûri en lui pendant sa période australienne. « Ça me tenait vraiment à cœur d’exploiter ces deux facettes musicales, le travail en solitaire d’une part et le collectif d’autre part », confie-t-il. L’artiste est si prolifique qu’en plus du groupe Madone, il travaille, en solo, sous deux identités différentes. Sous son propre nom, Domingo Mariani, il a lancé en 2019 son premier album, Astroromantico, naviguant entre les sons smooth, la pop, la musique psychédélique et la nostalgie qu’offre la musique lo-fi. Mais il a aussi produit, sous le pseudonyme Maria Benz, plusieurs singles au début de la pandémie en 2020, aux sonorités plus synthétiques à la touche hip-hop et R’n’B. En marge de ces projets, il a aussi collaboré avec son ami de longue date Amour Courtois et l’artiste Lonely Band sur le titre Toujours Amoureux, sorti il y a quelques mois.
Du côté de Madone, un deuxième album est déjà sur les rails dont l’enregistrement est programmé dans le courant de ce mois de février. Le temps de laisser s’installer Reconstructing the Universe, disponible sur les plateformes de téléchargement. Il sera aussi commercialisé en physique, des vinyles pourront être fabriqué à la demande. Du côté des projets solo, un second album est en cours de préparation sous l’identité Domingo Mariani. Quant à Maria Benz, Domingo est déjà en cours de composition, mais attend de retrouver son ami percussionniste australien pour finaliser ses nouveaux morceaux.
Reconstructing the Universe (2022) du groupe Madone, disponible.