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Rencontre avec Kozaburo, lauréat du prix spécial LVMH 2017
Fraîchement lauréat du prix spécial du jury LVMH, remporté en 2016 par Véjas, Kozaburo Akasaka a appris l'art du tailoring auprès du créateur new-yorkais Thom Browne, qu'il mixe avec une esthétique inspirée des sous-cultures urbaines et de l'underground 90's. Numéro a rencontré le créateur à la suite de sa récompense.
Par Delphine Roche.
Numéro : Après votre formation à l’école Central Saint Martins, vous avez commencé à travailler pour Thom Browne. Travaillez-vous toujours pour lui aujourd’hui, ou pour d’autres marques ?
Kozaburo : Je ne travaille plus pour Thom Browne, mais je travaille toujours en freelance pour des maisons afin de financer ma marque.
Le style et la qualité de vos vêtements tranchent dans le paysage de la mode new-yorkaise. Que vous apporte cette ville ?
En grandissant dans les années 90, j’ai été exposé à des mouvements musicaux underground, à des films et à des subcultures urbaines qui provenaient toutes de New York. Je reste encore nostalgique de cette époque, et c’est ce qui nourrit ma créativité.
Votre label fusionne les subcultures avec un tailoring très chic et une qualité extrême. Diriez-vous que cette approche est naturelle pour notre époque ?
C’est naturel pour moi : cette fusion découle de mon éducation, et de ce que j’ai appris lors de ma formation à Central Saint Martins.
Pourquoi avez-vous choisi de vous focaliser sur le prêt-à-porter masculin ?
Parce que je me considère comme un homme, c’était évident pour moi de commencer par le prêt-à-porter masculin . Cependant, je tiens à souligner que pour moi, le concept de « menswear » n’est rien de plus qu’une étiquette qui permet de situer ma création dans le contexte de l’histoire de la mode et du vêtement.
Qu’avez-vous retenu de votre passage chez Thom Browne ?
La principale leçon que j’en ai tiré est aussi la plus simple : il faut être fidèle à soi-même. Dans ce domaine, on peut dire que Thom montre l’exemple. Je respecte la façon dont il a développé sa marque tout en conservant une signature très reconnaissable. Nous partageons également une passion pour la qualité du vêtement, mais plus que tout, j’ai été impressionné par la façon dont il a construit sa marque. Lorsque j’ai commencé à m’intéresser à Thom Browne, autour de 2007, il avait été invité à montrer son travail lors de la fashion week de Milan, où il avait fait défiler quarante mannequins portant le même costume. Pour moi, ce geste était très punk. Il ne proposait pas seulement des vêtements, mais aussi un message. J’étais très impressionné par cette attitude, et je m’efforce d’avoir cette même approche au quotidien, dans tout ce que je fais.
Vous travaillez vos textiles de façon à leur donner une certaine patine, quels procédés utilisez-vous ?
J’aime que les objets s’inscrivent dans le temps et dans l’histoire. Je crois que c’est cela qui les rend uniques. Je pense même que ce raisonnement s’applique aux personnes, et je dirais que c’est ma définition personnelle de la beauté. C’est pourquoi j’ai travaillé avec cette patine, qui est une oxydation de cuivre.