Rencontre avec Alexandre Mattiussi, le créateur qui rêvait de cinéma

NUMÉRO : Quel est votre premier souvenir lié au cinéma ?

ALEXANDRE MATTIUSSI : Il date de mes très jeunes années. J’ai grandi à la campagne dans un petit village, et, à l’époque, nous nous réunissions, tous les gamins du quartier chez ma voisine pour aller regarder Blanche-Neige et les Sept Nains. J’en garde un souvenir absolument mémorable. Les films Disney ont bercé mon enfance, à tel point que je voulais même en faire mon métier quand j’étais plus jeune.  J’étais aussi complètement fasciné par Disneyland Paris. Je me rappelle parfaitement de la date d’ouverture –  le 12 avril 1992 – et j’ai dû y aller une quinzaine de fois. Bien avant la danse et la mode, c’était une vraie passion.

 

Quel(s) film(s) pouvez-vous regarder en boucle ?

 J’ai en tête deux films du réalisateur italien Luca Guadagnino que je pourrais regarder sans modération car ils font écho à nos vies et à nos émotions. D’abord Call me by your name, qui me procure toujours les mêmes frissons et les mêmes émotions, les mêmes larmes à la fin. Et Amore, avec une Tilda Swinton magistrale, un film que je re-regarde toujours en découvrant des choses complètement nouvelles. Chez ce réalisateur, je trouve qu’il y a un art de la mise en scène, de la lumière, du costume et de la musique qui sublime la réalité.

 

Qu’est-ce qui vous plaît dans le cinéma?

Je suis sidéré par la beauté et la capacité à raconter une histoire qui dépasse la vie qui n’est possible qu’au cinéma. Il y a cette phrase inscrite en introduction du livre “L’Anomalie” d’Hervé Le Tellier, qui fait écho à ce sentiment : « Il est une chose admirable qui surpasse toujours la connaissance, l’intelligence, et même le génie, c’est l’incompréhension.”

Vous envisagez déjà vos collections et vos défilés comme des saynètes.

Je dis toujours au moment du défilé qu’AMI c’est la réalité, mais la réalité augmentée. Dans le sens où les émotions sont exacerbées, de la même façon qu’un acteur de théâtre pousse toujours un peu le trait quand il est sur scène. 

 

Quel film vous a récemment marqué et pourquoi ?

Récemment, alors que j’étais dans l’avion, j’ai enfin pu voir Aline de et avec Valérie Lemercier.  J’aime Valérie Lemercier, presque comme si elle était un membre de ma famille, et j’adore Celine Dion, je l’admire et je la trouve extrêmement attachante. C’est intéressant car dans l’avion, à cause de la pression atmosphérique, nos réactions sont plus intenses. j’ai passé un moment génial devant le film.

 

Quel(le) acteur ou actrice rêveriez-vous d’habiller?

Ce n’est pas un but en soi d’habiller une star, cela dépend plutôt des rencontres. J’ai récemment fait la connaissance de Fanny Ardant, que je vais habiller au festival de Cabourg, et je vivrai mon rêve en partageant un moment avec elle lors des essayages. Je l’admire beaucoup en tant que que femme et tant qu’actrice.

 

Pour vous, quels rapports entretiennent la mode et le cinéma ?

Je dirai des rapoprts intimes très forts. La mode et le cinéma s’entendent comme des copains de classe au dernier rang qui s’amusent depuis des années. Les actrices et acteurs ont besoin d’un vêtement pour rentrer dans leurs personnages, et la mode s’inspire beaucoup du cinéma.

 

Ça vous plairait de faire des costumes de cinéma?

Alors ça oui j’en rêve! Mais encore une fois ce n’est pas quelque chose que je vais aller chercher. Ça arrivera au moment venu. Bien sûr, si je réalise mon film un jour, je serai naturellement amené à dessiner les costumes. Je rêve de faire un jour du cinéma, et j’ai d’ailleurs déjà commencé à écrire. 

 

Comment envisagez-vous de renforcer la relation entre AMI et le cinéma ?

Je commence seulement à exprimer à haute voix mon amour pour le cinéma. Je le proclame, je co-produis des films comme le court-métrage de Yann Demange, avec Isabelle Adjani, Riz Ahmed, Sandor Funtek, et Souheila Yacoub dont la bande-annonce a été dévoilée à Cannes, il y a quelques jours. Et puis d’autres projets sont en cours. Le monde du cinéma est peuplé de personnalités très intéressantes, bien sûr, les acteurs.trices, les réalisateurs.trices mais également tous les artistes comme les chef.fes-opérateurs.trices, décorateurs.trices… C’est un monde fourmillant de personnalités créatives.