Pourquoi les sacs Gucci vendus chez Christie’s sont-ils exceptionnels ?
Imaginé en 1947, le sac Bamboo est l’un des accessoires les plus iconiques et historiques de Gucci. À l’occasion d’une exceptionnelle vente Christie’s, la maison italienne le réinterprète en trois versions audacieuses, qui puisent dans son héritage.
Par Camille Bois-Martin.
Christie’s propose aux enchères trois sac Bamboo Gucci inédits
À la fin des années 20 comme des années 40, l’Europe d’après-guerre est marquée par une pénurie de matières premières. À Paris, Londres et Milan, les créateurs de mode redoublent alors d’inventivité pour réinventer leurs créations : ainsi, alors que Gabrielle Chanel inventait en 1916 le le premier tailleur en jersey inspiré par les tissus extensibles utilisés par les soldats, Guccio Gucci remplace quant à lui en 1947 les détails en cuir de ses sacs par… du bambou.
Ce nouveau matériau surprenant importé du Japon intègre ainsi pour la première fois les ateliers de la grande maison italienne, qui l’utilisent pour le fermoir et la poignée de son nouveau sac dit Bamboo, au corps vêtu d’étoffe. Très moderne pour l’époque, l’accessoire connaît ses premiers succès outre-atlantique, et est aperçu aux poignets des actrices hollywoodiennes Ingrid Bergman et Elizabeth Taylor. Décliné en de nombreuses versions, le sac traverse les tendances : version cabas, il devient le modèle fétiche de la princesse Diana, avant de se réinventer au début des années 2010 entre les mains du créateur Alessandro Michele, qui l’orne d’une bandoulière aux couleurs de Gucci, rouge et vert.
Revenus sur le devant de la scène, le sac Bamboo est depuis collectionné par les stars et férues de mode du monde entier, qui se l’offrent dans toutes ses couleurs et toutes ses versions. L’annonce de trois nouveaux modèles uniques, exceptionnellement imaginés par la maison italienne à l’occasion d’une vente aux enchères Christie’s, promet ainsi de faire trembler la fashion sphere. Exposés jusqu’au 2 novembre dans le fleuron parisien de la maison d’enchères et mis en vente en ligne du 31 octobre au 14 novembre 2023, ces trois versions du sac Bamboo explorent chacune à leur manière l’héritage de Gucci. Décryptage.
L’artisanat unique des ateliers Gucci : du bambou à l’or
En cuir noir, cette première version du sac Bamboo peut paraître, au premier regard, la plus simple des trois. Mais c’est à s’y méprendre : véritable bijou d’artisanat, le bambou constituant habituellement l’anse et le fermoir a été ici remplacé par de l’or 18 carats, incrusté de quelques 927 diamants. Encore plus chic qu’un bracelet, ce sac Bamboo à porter sur son poignet fera assurément son effet en société.
Estimation : 150 000 à 200 000 €.
Le motif herbier, emblématique de Gucci
À l’image du sac Bamboo, le motif herbier est un des emblématiques de la maison Gucci. Il faut remonter en 1966 pour retracer l’origine de ce motif, dessiné pour un foulard destiné à la princesse Grace Kelly. Inspiré par la célébrissime peinture Le Printemps (1477-1482) du maître italien Botticelli, le motif mêle une quarantaine de fleurs et insectes déclinés en autant de couleurs. En 2005, sous l’impulsion de la directeur artistique de l’époque Frida Giannini, l’imprimé ressort enfin des archives et envahit foulards, manteaux, accessoires, et vaisselles, pour devenir un incontournable de la maison. Bref, chez Gucci, les feuilles et les fleurs font fureur : et l’anse de ce modèle en verre de Murano soufflé à la main et orné du fameux motif herbier ne fait que l’entériner.
Estimation : 20 000 à 30 000 €.
La toile Diamante : morceau de l’histoire de Gucci
De la même manière que Guccio Gucci s’est emparé du bambou pour palier à une pénurie de cuir, ce dernier invente quelques décennies plus tôt la toile Diamante. Permettant un coût de production moindre, ce tissu orné de diamants brun foncé entrecroisés sur fond beige recouvre la plupart des sacs lancés par la maison italienne dans les années 30, avant d’être à nouveau remplacé par des modèles en cuir au milieu du 20 siècle. Redécouvert par la créatrice Frida Giannini au début des années 2000, le motif se réinvente et s’orne du logo GG, lancé dans les sixties, et revêt alors chaussures, accessoires et vêtement – et s’impose comme une signature visuelle de la maison italienne. Ainsi ce troisième et dernier modèle concentre-t-il en lui seul toute l’essence de Gucci, combinant son logo, sa toile Diamante et ses détails en bambou qui ont participé à sa renommée.
Estimation : 6 000 à 8000 €.
Vente en ligne Christie’s “Handbags: the Paris Edit”; du 31 octobre au 14 novembre 2023.
Exposition Gucci, jusqu’au 2 novembre 2023 chez Christie’s, Paris 8e.