Les confessions de Baptiste Giabiconi : “Pour survivre dans la mode, il faut avoir un certain détachement”
Beauté du Sud, Baptiste Giabiconi a conquis le monde de la mode dans les années 2010, devenant le top model masculin numéro un pendant plusieurs années d’affilée. Révélé par l’immense et regretté Karl Lagerfeld, il entretenait avec le couturier une relation d’ordre quasi filial. Aujourd’hui, le jeune homme continue de nous éblouir lors de ses apparitions au premier rang des défilés et sur la scène médiatique.
Texte par Sidonie Valjean.
Portraits par P.A Hüe de Fontenay.
Les débuts du petit prince du mannequinat
Son histoire a tout d’un conte de fées, à ceci près que Baptiste Giabiconi n’est pas né prince, il l’est devenu. Celui qui lui fera intégrer le monde merveilleux des happy few a, lui, tout d’un roi : directeur artistique de Chanel et de Fendi, couturier adulé et iconique, Karl Lagerfeld opérera à la façon d’une fabuleuse marraine en faisant passer, d’un coup de baguette magique, le jeune homme du rang de mannequin anonyme à celui de star.
Né à Marignane, dans les Bouches-du-Rhône, le jeune Baptiste passe son enfance en Corse avant de s’établir dans la cité phocéenne. C’est là qu’un talent scout le repère et lui suggère de s’essayer au mannequinat. Il faut dire que son visage aux proportions idéales, son corps parfaitement sculpté par des heures de sport et sa crinière domestiquée au gel ou à la brillantine font de lui une figure immédiatement séduisante, un adonis des rives françaises de la Méditerranée.
Son destin suit alors la courbe ascendante de nombreux provinciaux : montée à Paris avec son book de mannequin à la main, premiers essais. En 2008, le miracle se produit : Karl Lagerfeld le choisit pour égérie de sa propre ligne, puis le fait défiler pour Chanel. Le mannequin américain Brad Kroenig foulera parfois les podiums de la maison, mais c’est bien le jeune Marignanais qui deviendra le visage masculin de l’enseigne de la rue Cambon, et un ami proche de l’immense couturier.
La rencontre avec Karl Lagerfeld
Au fil de ses apparitions marquantes sur les podiums, on le découvrira affublé d’un arrosoir et d’un chapeau de paille, ou steward de luxe. À la façon d’un acteur, Baptiste Giabiconi adapte sa démarche, revoit ses attitudes et ses expressions faciales, ou invente une dégaine unique, tout en morgue sexy, à mi-chemin entre le rockeur et le torero, pour emmener la petite veste Chanel là où on ne l’attend pas, sur le terrain des archétypes de la virilité.
Peu après la disparition de Karl Lagerfeld en 2019, Baptiste Giabiconi sort de son silence et publie le livre Karl et moi (2020), où il met fin aux rumeurs qui ont entouré sa relation avec le couturier. Il y évoque un lien quasi filial, qui fera de lui son premier héritier : “Avec Karl, je pouvais discuter pendant des heures sur tout type de sujet, nous explique le bel apollon. Il m’a enseigné énormément de choses, dont la rigueur et la loyauté. C’était un homme très fidèle dans ses relations, qui ne trahissait personne. Je ne pense pas que je rencontrerai un jour quelqu’un de plus inspirant.”
Baptiste Giabiconi inspire les plus grands photographes
Dans l’univers impitoyable de la mode et de la hype, Baptiste Giabiconi excelle vite : photographié par Mert Alas et Marcus Piggott, il défile pour Fendi, Armani, Just Cavalli ou encore Frankie Morello. À l’âge de 21 ans, en 2010, il devient le top model masculin numéro un mondial, et le reste plusieurs années consécutives.
Le jeune homme se sent pousser des ailes et tente sa chance dans la musique, avec deux albums de style eurodance ou “électro-glam-rock”, mariant, à son image, l’art de briller avec la pose ténébreuse du rockeur. On se souvient également de lui dans l’émission Danse avec les stars, où il virevolte superbement avec la danseuse et chorégraphe Fauve Hautot, parvenant même aux portes de la finale !
“Comment ai-je fait pour ne pas péter les plombs ? Je suis resté intègre. Je n’ai jamais trahi personne”.
Baptiste Giabiconi.
Aujourd’hui, le it-boy français poursuit un parcours remarqué dans le monde de la mode : alors que son charmant minois sublime le premier rang des défilés masculins et féminins, il planche sur un projet personnel très prometteur, encore secret, tout en continuant d’être l’égérie de marques telles que L’Oréal Paris ou APM Monaco.
À l’âge désormais vénérable de 34 ans, père d’un petit Baptiste junior, il nous livre au passage sa philosophie de la vie, ou comment surnager au milieu des requins et des hyènes : “Comment ai-je fait pour ne pas péter les plombs ? Je suis resté intègre. Je n’ai jamais trahi personne. Il est vrai qu’au début, je ne faisais pas l’unanimité… Les gens faisaient un effort parce que j’étais ‘bien accompagné’, mais quelques années plus tard, beaucoup ont dévoilé leur vrai visage. Pour survivre dans la mode, il faut avoir un certain détachement… sinon vous vous envolez au moindre coup de vent.”