Le rêve russe de Chanel magnifié par une nouvelle collection de haute joaillerie
Pour sa nouvelle collection de haute joaillerie, la maison Chanel rend hommage aux liens que Coco Chanel nouait avec l'intelligentsia russe parisienne du début du XXe siècle. Sublime et mémorielle, elle présente près de 70 modèles richement ornementés, inspirés par l’artisanat, les oeuvres d’art et les symboles d’une Russie exilée à l'autre bout de l'Europe.
Par Yasmine Lahrichi.
Paris, 1920. Tandis que l'ordre de la Russie est bouleversé par une révolution et une guerre civile entre bolchéviques et monarchistes, les artistes et aristocrates s’exilent et s'installent au sein de la capitale française — en pleine ébullition culturelle. Parmi ces derniers figurent des compositeurs, peintres, imprésarios, ducs et duchesses ; Coco Chanel, alors créatrice en vogue amorcant une transition révolutionnaire dans le monde de la mode, noue avec certains de solides relations, parfois amicales, parfois amoureuses, mais toujours fécondes en termes d’échanges artistiques. Ces figures pionnières du Paris des années folles se prénomment Igor Stravinsky, Serge Diaghilev ou encore Dimitri Pavlovitch de Russie, et, bien que leurs impacts sur l'oeuvre de la couturière, ils seront finalement peu cités.
À l’occasion de sa nouvelle collection de haute joaillerie, la maison Chanel rend aujourd’hui hommage à cette histoire particulière. Livrant la vision d'une Russie rêvée et sublimée “Le Paris russe de Chanel” célèbre ces affinités et présente 63 modèles conçus par le directeur du studio Patrice Leguérand. Selon 10 thèmes se déploient, la vision d'une Russie parisienne vue par Chanel : rêveuse, riche en ornements parant bagues, manchettes, boucles d’oreilles, colliers ou tiares.
Sur l’une des tiares en or, des motifs naturalistes de roses et feuillages en diamants, saphirs jaunes, émeraudes ou grenats rappellent ainsi les multiples pierres colorées déployées par le costumier Léon Bakst, à l’occasion des Ballets Russes de Serge Diaghilev — imprésario proche de la créatrice durant les années 1920. Sublimant l’héritage artisanal du pays, la collection recèle également des pièces exceptionnelles à l'image d'un collier en forme d'ogive sur lequel sont superposés, tels des fils brodés, plusieurs rangées de diamants et saphirs, rappelant ainsi les motifs de col de la roubachka, un costume russe aux broderies riches dont s’inspirait la créatrice elle-même au milieu des 20.
En hommage à sa passion amoureuse pour le duc Dimitri Pavlovitch — cousin du Tsar Nicolas II, dernier Tsar de l’Empire de Russie, déchu de ses titres de noblesse au moment où la famille Romanov fut décimée — la collection décline le motif de ses armoiries, un aigle à deux têtes et l’appose sur une manchette en or ou sur des boucles d’oreilles d’apparat en diamant révélant les deux oiseaux, symboles d'une époque révolue.