2 mai 2025

Le jour où Vivienne Westwood a transformé le corset en œuvre d’art

Pour sa collection automne-hiver 1990, la créatrice anglaise Vivienne Westwood imprimait sur des corsets une toile de François Boucher, élevant ainsi cette pièce de lingerie au rang d’œuvre d’art. Une création à admirer au MAD, au sein de l’exposition “Rococo & Co. De Nicolas Pineau à Cindy Sherman”, jusqu’au 18 mai 2025.

  • par Léa Zetlaoui.

  • Vivienne Westwood, une vision punk de la mode

    Nous sommes en mars 1990. Suite au Lundi noir de 1987, l’excentricité et la sophistication des années 80, incarnées par Jean Paul Gaultier, Thierry Mugler ou Gianni et Donatella Versace, vont peu à peu disparaitre. À la place, émerge une mode sombre et minimaliste dictée par Helmut Lang, Jil Sander, Rei Kawakubo, Yohji Yamamoto. Et bien sûr, Martin Margiela, maître de l’Antifashion.

    En marge de ces designers confirmés et talents émergents, une créatrice anglaise reste fidèle à elle-même. Ainsi dans ses collections, Vivienne Westwood fait revivre l’histoire du costume et perpétue la tradition tailoring. Mais pas seulement ! Dans ses collections s’invitent également le punk, le trash et le fétichisme.

    Depuis ses débuts, Vivienne Westwood réfute l’establishment et les conventions. Ainsi, alors que la sobriété s’invite sur les podiums, la créatrice prend le contrepied de cette tendance. En témoigne son défilé automne-hiver 1990 : une vibrante déclaration d’amour au mouvement Rococo .

     

    Un corset en hommage au peintre François Boucher

    C’est à la Wallace Collection, musée londonien qui présente une large collection dédiée à cette période, que Vivienne Westwood vient chercher l’inspiration. Et entre les œuvres de Fragonard, les portraits de La Pompadour et le mobilier fastueux, les peintures de François Boucher. Le génie français du style ornementale fascine la créatrice punk.

    Et les pièces de la collection automne-hiver 1990 tels que les colliers de perles, les jupons colorées façon crinolines, les longs manteaux et les mitaines font directement référence aux toiles du peintre. 

    Je me disais qu’il manquait quelque chose : d’une certaine façon, les peintures elle-mêmes. J’ai choisi le peintre le plus représentatif du mouvement décoratif – Boucher – et la peinture la plus typique de Boucher “La Bergère endormie,” explique Vivienne Westwood dans une vidéo.

    C’est pourquoi elle décide d’imprimer le tableau sur une série de corsets. Le cadre idyllique de la scène ainsi que son extrême sensualité se voient exacerbés par le caractère hautement érotique du corset. A savoir également, le corset est une pièce emblématique du style Westwood depuis 1987.

    D’ailleurs, en 2023, la marque lui dédiait une exposition au sein de sa boutique de la rue Saint-Honorée. Son curateur, Alexander Fury, également historien d’art, journaliste et collectionneur, racontait dans une interview pour Numéro trois créations exceptionnelles.

    Le corset Vivienne Westwood exposé au MAD

    Iconoclaste pour l’époque, la collection “Portrait” automne-hiver 1990 de Vivienne Westwood entre dans les annales de l’histoires de la mode. À tel point qu’au début de la décennie ces corsets – aperçus sur FKA Twigs et Bella Hadid – s’arrachent à prix d’or dans les boutiques et e-shop vintage.

    Et si en 2020, la marque proposait déjà une réédition, ainsi qu’une collection capsule inspirée, voici que désormais le corset devient une œuvre d’art à part entière.

    C’est donc au MAD qu’il acquiert ses lettres de noblesse, au sein de son exposition Rococo & co., De Nicolas Pineau à Cindy Sherman. Ici, le corset Vivienne Westwood orné du tableau “Daphnis et Chloé” de François Boucher raconte l’influence du style Rococo à travers les époques et les disciplines.

    L’exposition Rococo & co. De Nicolas Pineau à Cindy Sherman, à découvrir jusqu’au 18 mai 2025 au MAD. Plus d’information sur madparis.fr.