Le décor du défilé haute couture Dior au musée Rodin est à visiter jusqu’à dimanche
Pour son défilé haute couture automne-hiver 2021-2022, Dior a présenté ses créations d’exception dans un somptueux écrin de soie et de lin, entièrement brodé à la main. Imaginée par l’artiste française Eva Jospin, l’œuvre textile de 350 mètres carrés qui habille les murs du pavillon Dior au musée Rodin est à découvrir jusqu’au 11 juillet.
Par Alix Leridon.
Il y a un an, alors que le monde de la mode était contraint au digital en raison de la pandémie mondiale, Dior présentait sa collection haute couture automne-hiver 2020 à travers une vidéo signée du réalisteur italien Matteo Garrone. Cette année, pour célébrer le retour aux shows physiques, la maison voit les choses en grand en installant son traditionnel pavillon dans le jardin du musée Rodin, habillé d’une œuvre monumentale réalisée par Eva Jospin.
Diplômée de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris en 2002 et pensionnaire de la Villa Médicis en 2017, Eva Jospin développe un art à la croisée de la sculpture et de l’installation. Jusqu’à présent, l’artiste française installée à Paris s’est principalement illustrée avec ses paysages et forêts, souvent réalisés en carton, qu’elle cisèle, coupe et sculpte à la manière d’un orfèvre. Pour le défilé Dior haute couture automne-hiver 2021-2022, présenté lundi 5 juillet 2021, c’est une scénographie entièrement textile, faisant directement écho aux créations de la maison, qu’elle déploie dans le pavillon du musée Rodin. Sur une toile de fond en soie, des fils de coton, de lin et de soie, mêlés à quelques fils d’or métallisés, se mêlent et s’emmêlent sur près de 350 mètres carrés. Pour réaliser cette œuvre, plus de 150 points de couture différents ont été utilisés, renvoyant aussi bien à des techniques ancestrales indiennes qu’européennes, créant un effet bigarré de textures contrastées. D’une précision incroyable, les détails du décor emportent le visiteur dans un paysage utopique, composé de lianes, de châteaux et de montagnes.
L’idée de cette toile monumentale est venue à Eva Jospin suite à sa visite du palais Colonna, à Rome, et, tout particulièrement, de sa sublime salle aux broderies habillées de précieuses tentures “à l’indienne”, tissées de fils d’or et de soie. Pour mener à bien son projet, l’artiste et la maison Dior se sont associées aux élèves de la Chanakya School, école d’artisanat basée à Mumbai, en Inde. 320 étudiants ont ainsi participé à la réalisation de l’œuvre pendant plusieurs mois, à partir des dessins d’Eva Jospin. Un travail d’orfèvre, conjuguant des techniques et savoir-faire remarquables, à l’image des créations haute couture élaborées par Maria Grazia Chiuri, nécessitant elles aussi des heures de travail et des années d’expertise.
Jusqu’au 11 juillet, le décor à inspiration impressionniste du défilé, qui rappelle les paysages oniriques d’un Paul Sérusier (peintre de la fin du XIXe siècle, associé au mouvement Nabi), est ouvert au public. Deux robes (parmi les 75 pièces qui ont défilé) sont aussi exposées. Pièces phares de la collection automne-hiver 2021, elles se fondent à merveille dans cet écrin aux couleurs automnales. Avec leurs soigneux effets de torsion et de drapés vaporeux, elles s’inscrivent elles aussi dans l’esthétique impressionniste qui se dégage de la “Chambre de Soie” imaginée par Eva Jospin. De la mousseline toute en transparence de la première robe à la brillance éclatante de la robe de soirée en soie lamée, c’est le travail et la matérialité du tissu qui sont mis en avant par Dior cette année.
Eva Jospin pour Dior, automne-hiver 2021, au musée Rodin du 6 au 11 juillet 2021.