Paris 2024 : une cérémonie qui met à l’honneur les jeunes créateurs
De l’armure signée Jeanne Friot aux acrobates en Charles de Vilmorin en passant par le défilé sur la passerelle Debilly avec des ensembles Germanier, Alphonse Maitrepierre, C.R.É.O.L.E, Asquin… Mémorable pour ses performances sensationnelles, la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024 a aussi été l’occasion de célébrer les avant-gardes de la mode, fleurons de la création française.
Par Camille Bois-Martin.
L’envol des créations de Charles de Vilmorin, du pont Neuf à la BnF de Richelieu
À peine entamée depuis une petite demi-heure, la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024 met déjà à l’honneur les jeunes créateurs de mode français. Perchés sur le Pont Neuf, des acrobates enchaînent les pyramides humaines, les danses sur des échasses et les performances de funambulisme au sein d’un spectacle hypnotique où leurs costumes se déploient de manière dramatique, sous les assauts du vent et de la pluie.
Signés Charles de Vilmorin, les dessins expressifs et la palette chamarrée de ces robes et de ces ensembles cristallisent la poésie de ce moment suspendu, poursuivi au sein des allées de la BnF de Richelieu, où un trouple succombe à sa passion amoureuse… Climax de cette séquence ? La patrouille de France conclut le tableau en dessinant dans le ciel un cœur, motif décliné à l’infini sur les costumes théâtraux de Charles de Vilmorin.
Weinsanto, Germanier, Maitrepierre : le défilé de mode sur la passerelle Debilly
Alors que les bateaux des délégations de chaque pays se succèdent sur la Seine, le parcours de la cérémonie d’ouverture de Paris 2024 atteint à la nuit tombée la passerelle Debilly, où débute une performance électrique pour ouvrir le tableau “Festivité”. Reproduisant une bacchanale dionysiaque (et non La Cène, contrairement à ce qu’ont pensé certains commentateurs sur les réseaux sociaux), les drag queens Piche, Nicky Doll ou encore Paloma accompagnent la DJ Barbara Butch au rythme d’un défilé de mode mettant à l’honneur la jeune scène française.
Ainsi la célèbre mannequin Farida Khelfa ouvre le bal dans une robe en satin rose façonnée des mains du jeune Alphonse Maitrepierre, suivie par Raya Martigny qui s’élance sur le podium dans une combinaison à strass tricolore signée du créateur Gilles Asquin.
Des tenues audacieuses et pointues, à l’image de l’avant-garde française, complétée également par des looks issus des derniers défilés de Victor Weinsanto pour la top Ildjima Masrangar, et d’autres puisés dans les dernières collections du talentueux Kevin Germanier (qui signera également les costumes de la cérémonie de clôture des JO 2024) pour la danseuse Josépha Madoki et l’escrimeuse Beatrice Vio. Sans oublier la présence des labels Ouest Paris et C.R.E.O.L.E… Bref, une célébration vibrante de la mode et des cultures queer françaises.
L’armure 2.0 de Jeanne d’Arc signée Jeanne Friot
Mais la plus belle surprise mode de cette cérémonie d’ouverture reste probablement la fascinante armure en cuir argenté conçue par Jeanne Friot. Une fois les ultimes performances achevées et les derniers bateaux amarrés au pied de la tour Eiffel, une Jeanne d’Arc des temps modernes remonte le cours de la Seine à cheval, longeant les plus beaux monuments de la capitale. Sur son dos, le drapeau olympique flotte, accompagnant la cavalière dans sa course vers le Trocadéro…
Dans ce costume, Floriane Isser, sous-officier de gendarmerie, rejoint les athlètes et figures politiques, à qui elle remet enfin le fameux drapeau. Inspiration de toujours de la créatrice française, la figure de Jeanne d’Arc peuple nombres de ses collections, dont la veste en cuir miroir présentée lors de son dernier défilé semble faire écho à cette armure 2.0. Conçue en collaboration avec l’artisan Robert Mercier, le costume orné de ceintures – signature de la marque de Jeanne Friot – clôture cette cérémonie avec brio, et consacre l’une des créatrices les plus prometteuses de sa génération.