How did Gianni Versace become a legend?
Alors que la série que lui consacre Ryan Murphy s’apprête à être diffusée en France, retour sur une personnalité hors du commun qui a révolutionné la mode de ces 40 dernières années.
Par Léa Zetlaoui.
Après le célèbre joueur de football américain O.J. Simpson dont le procès tumultueux défraya la chronique, Ryan Murphy a choisi le très médiatique assassinat du couturier italien Gianni Versace à Miami en 1997 pour la seconde saison de sa série d’anthologie American Crime Story, diffusée sur Canal + le 17 janvier. Ayant fait du glamour baroque sa marque de fabrique, Gianni Versace, accompagné de sa sœur Donatella et de son frère Santo, a construit un véritable empire de la mode. Supermodels et célébrités, luxe clinquant et campagne choc, refus du bon goût, images provocantes, sous l’ère de Gianni Versace, “trop” n’est jamais assez.
1. Glamour et décadence, la mode italienne selon Gianni Versace
Au moment où Gianni Versace fonde sa maison, la mode italienne est en plein essor. Souvent comparé à Giorgio Armani, qui lança sa maison en 1975, il propose pourtant une mode à l’opposé du minimalisme et du tailoring de son compatriote. Avec l’aide de sa sœur Donatella, qu’il considère également comme sa muse, il va construire un style glamour, over-sexy et coloré qui détourne les codes de la culture italienne, de l’art et des tendances de son époque. Véritable couturier, il construit ses créations en les drapant directement sur les mannequins sans patron ni dessin préalable. Inspiré tant par le théâtre, les ballets, l’architecture ou l’art moderne que par les prostitués qui bordaient les routes de Calabre durant son enfance où les night-clubs gays de New York, il mélange allègrement du cuir noir, des références bondage, des couleurs criardes, des imprimés baroques, des longueurs indécentes, des fentes, de l’ultra-moulant. Il maîtrise si bien le détournement des codes que, même lorsqu’il propose une collection grunge pour l’hiver 1993, celle-ci transpire de sensualité. Gianni Versace, encouragé par Donatella, va libérer la femme (et l’homme) des carcans du bon goût. Son style clinquant symbolisé par une tête de Méduse dorée, il l’applique également à la décoration avec sa villa de Milan ou sa demeure à Miami, la parfumerie, le linge ou la vaisselle. Désormais l’abondance de luxe et de richesse a un nom : Versace.
2. Gianni Versace, 50 ans de vie sulfureuse
Originaire d’un petit village de Calabre touché par la pauvreté et la corruption, Gianni Versace s’est bâti un destin aux antipodes de ses débuts. Une vie intense partagée entre richesse, opulence et célébrités. C’est en 1978, alors âgé de 32 ans, qu’il crée avec son frère aîné Santo ce qui deviendra le futur empire Versace. Rapidement rejoint par leur sœur Donatella Versace dont la personnalité flamboyante et la réputation de party-girl vont éclabousser le côté déjà très show-off de Versace. Malgré une vie finalement assez simple, Gianni Versace a le goût des belles choses associé à un caractère arrogant et rigide. Avec ses soirées extravagantes arrosées de célébrités, d’alcool et de cocaïne, ses mannequins ultra sexy (hommes comme femmes), ses déclarations fracassantes (“J’ai une relation fantastique à l’argent”), quelques affaires de corruption et une homosexualité mal assumée dans une époque encore frileuse… Gianni Versace et sa fratrie défraient régulièrement la chronique. Cependant, en 1997, un événement tragique vient frapper la famille Versace. Devant son extravagante demeure de Miami, Gianni Versace, 50 ans, est assassiné par le tueur en série Andrew Cunanan qui se suicidera avant d’être arrêté par la police. Par la suite, sa sœur et son frère continueront de faire vivre le nom de Versace, désormais entré dans la légende. Car au-delà de sa vie sulfureuse, Gianni Versace a véritablement révolutionné la mode.
3. La création des supermodels
En septembre dernier à Milan, Donatella Versace honorait la mémoire de son frère à l’occasion d’un défilé hommage qui reprenait les créations les plus iconiques de Versace. La directrice artistique offrit un show comme seul Versace sait le faire, conviant lors d’un final grandiose cinq des mannequins les plus célèbres de tous les temps : Carla Bruni, Claudia Schiffer, Naomi Campbell, Cindy Crawford et Helena Christensen, en robes lamées, firent renaitre un âge d’or de la mode. Avant 1986, ces mannequins aux formes sculpturales et au succès déjà bien établi, étaient plus habituées des pages de magazines qu’aux podiums des Fashion Weeks. Poussé par Donatella, Gianni décide pourtant de les faire défiler. Le succès sera énorme, l’ère des supermodels était née. Boostés par la présence de ces mannequins hors du commun, c’est également à cette époque que champagne, caviar et soirées inoubliables enflamment les Fashion Weeks. Un peu plus tard, c’est encore Donatella qui aura l’idée de montrer une jeune Kate Moss, quelques mois avant ses premiers défilés. À une époque où la mode démarre son processus de globalisation, les supermodels font étinceler la déjà très flamboyante maison Versace.
4. Actrices, rock stars et princesses, ces nouveaux mannequins
En plus d’être un créateur hors du commun, Gianni Versace était un businessman exceptionnel. Très vite, il utilise les célébrités comme publicité gratuite pour sa maison. C’est grâce à sa rencontre avec Elton John, dont le style théâtral s’adapte parfaitement à l’exubérance de ses créations que Gianni tisse des liens avec l’industrie de la musique. Véritable publicité vivante le chanteur anglais quarante fois n°1 au classement américain Billboard, contribua largement à promouvoir la maison en Europe et aux États-Unis. Parmi les artistes habillés par Versace, on comptera également Paul McCartney et Michael Jackson dans le clip Say, Say, Say, Bruce Springsteen sur sa tournée Born in the USA, ou le rappeur Tupac et son fameux collier à tête de Méduse à 45 000$. En 1991, c’est une toute d’autres personnalités qui vont porter aux nues le créateur italien. Shootée par Patrick Demarchelier en couverture du Harper’s Bazaar britannique, Lady Diana, toujours princesse à l’époque, offre une image plus sage du label. Enfin, Versace habille en 1994 Elizabeth Hurley, alors en couple avec le très célèbre Hugh Grant, d’une très suggestive robe noire aux fentes impudiques et décorée de larges épingles à nourrices. Cette nuit-là, Elizabeth Hurley et “That Dress” rentrent dans la légende. Par la suite, Gianni et Donatella Versace invitent des célébrités au premier rang de leurs défilés et sont parmi les premiers à transformer leurs shows en red carpet.
American Crime Story : The Assassination of Gianni Versace , à partir du 17 janvier sur Canal +