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From Renaissance paintings to JW Anderson’s clothes, a major exhibition explores the evolution of menswear
Riche d’une centaine de pièces de mode et d’une centaine d’œuvres d’art, la magistrale exposition “Fashioning Masculinities” présentée jusqu’au 6 novembre au Victoria and Albert Museum à Londres explore en vêtements et accessoires comme en peintures, photographies et sculptures les notions de masculinité et de menswear telles qu’elles se sont construites depuis la Renaissance. Un sujet captivant.
Par Matthieu Jacquet.
Des roses brodées et imprimées recouvrent un costume vert pastel, porté avec un nœud papillon rose poudré. Cet ensemble Gucci trône désormais pour quelques mois au Victoria and Albert Museum, prestigieux musée de la mode et des arts décoratifs à Londres, où il rencontre pour la première fois un gilet français du XVIIIe siècle. Coupé dans un brocart de soie vert émeraude et intégralement brodé de fleurs, l’opulent vêtement d’époque partage avec son voisin des similitudes déconcertantes, auxquelles répond un jeune homme en pourpoint entouré de rosiers grimpants, dépeint à l’aquarelle par le Britannique Nicholas Hilliard. Ce triple dialogue le confirme : la mode est un éternel recommencement. Articulée autour de ces résonances autant que de ces transformations, la nouvelle exposition de l’institution londonienne explore les évolutions et révolutions des masculinités depuis la Renaissance en mettant à l’honneur les grands mouvements, icônes et créateurs qui ont façonné la mode pour hommes en Occident.
Riche d’une centaine de vêtements et accessoires et d’une centaine d’œuvres d’art, “Fashioning Masculinities: The Art of Menswear”, événement parrainé par Gucci, n’est pas seulement la plus grande exposition de mode masculine dans l’histoire de l’institution, elle est aussi l’une des plus vastes jamais consacrées à la relation entre art et vêtement. Une double approche que défendent ses curatrices Claire Wilcox, conservatrice de mode, et Rosalind McKever, commissaire spécialisée en peinture et dessin. “Nous sommes très intéressées par la manière dont le vêtement, qu’il soit sous forme textile, peint ou sculpté, peut définir un personnage et lui donner du pouvoir”, commente la première.
Si l’exposition s’affranchit du parcours chronologique, son corpus s’étend de pièces des années 1560 aux créations de designers contemporains comme Thom Browne ou Craig Green, réalisées ces deux dernières années. À travers le vêtement, des connexions émergent ainsi entre figures historiques et personnalités contemporaines. Sublimée dans un tableau de Joshua Reynolds, la cape en taffetas rose arborée par le comte irlandais Charles Coote au 18e siècle rencontre celle portée par l’acteur Billy Porter en 2019, doublée d’un satin fuchsia et signée Randi Rahm. En dépit des siècles qui séparent ces vêtements, leur rapprochement favorise l’émergence de nouvelles clés de lecture.
Organisée en trois volets “Underdressed”, “Overdressed” et “Redressed” (“Peu vêtu”, “Trop vêtu” et “Revêtu”), l’exposition décrypte la construction des masculinités par l’ajout d’un vêtement mais aussi par son retrait. De l’Hermès Farnèse – dont le pan de tissu sculpté dans le marbre accentue la musculature – à l’ensemble transparent signé du jeune créateur Ludovic de Saint Sernin, en passant par les sous-vêtements Calvin Klein apparus dans les années 80, le parcours s’ouvre avec des hommes presque intégralement dénudés, rappelant que l’idéal du corps varie aussi au gré des modes. Pièce centrale du vestiaire masculin, le costume occupe à lui seul le dernier chapitre de l’exposition. Entre l’art du tailleur qui a su le singulariser au xixe siècle par touches subtiles, et ses réinterprétations récentes par Comme des Garçons ou encore JW Anderson, le vêtement s’est montré de plus en plus versatile au fil des époques, tout en restant un inébranlable symbole de pouvoir.
“Fashioning Masculinities: The Art of Menswear” jusqu’au 6 novembre au Victoria and Albert Museum, Londres.