Festival d’Hyères : qui est Igor Dieryck, lauréat du Grand Prix en 2023 ?

Après Paris, Hyères est en passe de devenir une nouvelle capitale de la mode. Loin du froid automnal de la capitale, c’est dans le sud de la France qu’il fallait se trouver ce week-end. Sur les hauteurs d’Hyères, avec en toile de fond une vue dégagée sur la mer Méditerranée, la Villa Noailles, un bâtiment moderniste de l’architecte français Robert Mallet-Stevens — qui fête ses 100 ans cette année — accueillait du 12 au 15 octobre 2023, la 38e édition du Festival international de mode, de photographie et d’accessoires de mode. Plus communément appelé Festival d’Hyères, la célèbre manifestation lancée par Jean-Pierre Blanc en 1986, continue de voir grand, attirant de plus en plus de mécènes et de visiteurs curieux de découvrir les nouveaux talents de la mode. 

Igor Dieryck, grand gagnant de le 38e édition du Festival d’Hyères

C’est une réussite. Le Belge Igor Dieryck a fait l’unanimité auprès du public et des jurys avec une collection intitulée Yessir, inspirée des personnages présents dans le hall des hôtels. Diplômé de l’Académie Royale de Beaux-Arts d’Anvers, le créateur, qui a fait un stage chez Acne Studios complété par une expérience chez Hermès homme, imagine un défilé unisexe composé de pièces en denim, de pantalons de costumes, de vestes aux coupes rigoureuses rehaussées de clochettes de réception. 

Le président du jury, Charles de Vilmorin, lui décerne le Grand Prix du jury Première Vision. Avec cette récompense il obtient une bourse de création de 20 000 euros, un projet de collaboration avec les Métiers d’art ainsi que la création d’une collection capsule autour de l’inclusivité. Il décroche aussi le prix du 19M des métiers d’art (grand partenaire du festival d’Hyères depuis 2014, Chanel inaugure en 2019 un nouveau prix dédié à l’artisanat en collaboration avec le 19M, la maison qui regroupe ses onze maisons dédiées aux métiers d’art et de mode) accompagné d’une dotation de 20 000 euros pour la réalisation d’un nouveau projet de création, qui sera dévoilé l’an prochain lors de la 39e édition du festival. Et comme un deuxième prix n’arrive jamais sans un troisième, il rafle aussi le prix du public. 

Petra Fagerstrom remporte le prix atelier des matières et le prix de la collection éco-responsable Mercedes-Benz 

Deuxième grande gagnante de ce 38e Festival d’Hyères, la Suédoise Petra Fagerstrom remporte les deux autres prix de la catégorie mode. Le prix de l’atelier des matières et celui de la collection éco-responsable Mercedes-Benz. Avec ces deux récompenses, la créatrice reçoit une sélection de matières endormies et recyclées d’une valeur de 10 000 euros ainsi qu’une dotation de Mercedes-Benz. 

Inspirée par sa grand-mère qui était par le passé, parachutiste soviétique, la collection de Petra Fagerstrom fait la part belle aux plissés, aux imprimés et au layering avec des tissus provenant de dead-stocks militaire. Diplômée de l’école Parsons Paris, et après avoir réalisé des stages chez Acne Studios et Balenciaga, la designer originaire de Göteborg travaille déjà activement sur le développement de son propre label.

Gabrielle Huguenot décroche le grand prix du jury accessoires 

Présidé cette année par Alan Crocetti, fondateur de son label de bijoux, le jury du prix accessoires de mode a choisi la jeune créatrice suisse Gabrielle Huguenot. Avec ses objets à la fois punk et glamour, elle compose un univers intriguant inspiré d’une femme serpent. L’accessoire incontournable de sa collection : une paire d’escarpins, à l’essence fétichiste, au bout très pointu et aux talons à la forme surréaliste. Ces souliers sont rehaussés de clous qui ne permettent pas d’y poser ses pieds. 

Victor Salinier rafle le prix Hermès des accessoires de mode et le prix du public 

Le prix Hermès des accessoires, initié par le célèbre sellier depuis 2020, a été remis cette année au Français Victor Salinier pour son fichu 2.0 composé de tresses en cuir qui s’étirent vers le visage pour former deux étriers. Aussi récompensée du prix du public, cette pièce étonnante a été pensée pour qu’un enfant puisse y poser ses pieds lorsqu’il s’assoit sur l’épaule d’un de ses parents. Avec ce couvre-chef, Victor Salinier, qui travaille actuellement dans les studios accessoires de Balenciaga, obtient une dotation de 20 000 euros. 

Thaddé Comar, lauréat du grand prix de la photographie 7L et Souleymane Bachir Diaw, lauréat du prix de la photographie American Vintage 

Cette année, le grand prix du jury de la photographie devient le grand prix du jury de la photographie 7L. Acquis en 2021 par Chanel, le 7L, une librairie fondée en 1999 par Karl Lagerfeld à Paris, célèbre l’amour inconditionnel de son fondateur pour le livre et la photographie. Pour cette 38e édition, c’est le Français-suisse Thaddé Comar qui décroche ce titre avec ses photographies réveillées par des éléments surréalistes. Il lui offre la réalisation d’un livre édité par la librairie, la création d’un évènement de lancement du livre avec la production d’une exposition et la mise en place d’une exposition à la villa Noailles lors du prochain Festival d’Hyères.

Le label American Vintage a également décerné son prix à l’un des dix finalistes pour des clichés inspirés par une sélection de pièces du label. Originaire du Sénégal, Souleymane Bachir Diaw remporte cette année ce prix avec ces clichés poétique où les corps se mélangent aux tissus. La dotation, d’une valeur totale de 15 000 euros (dont 5 000 euros destinés au photographe lauréat), consiste en une commande d’une série mode

Norman Mabire Larguier, le coup de cœur de Numéro 

Des corps enserrés dans des tissus plissés somptueux, un jeu de transparence affolant et le noir comme seule couleur… La collection du créateur français Norman Mabire Larguier n’a rien a envier des plus grands. Avec pour thème, la découverte de l’identité queer, ses réjouissances et ses nombreuses restrictions, cette collection fait la part belle aux courbes du corps, le plus souvent androgyne. 

Au sein de son défilé présenté lors de la 38e édition du Festival d’Hyères, il dévoile notamment une longue robe tube dont le plissé régulier recouvre le modèle de la tête aux pieds. Plus loin, un trench en drap de laine est porté à l’envers offrant de nouvelles perspectives à ce vêtement. Une chose est sûre, le jeune créateur qui a fait ses armes chez Chloé et Hermès maîtrise à merveille le travail de la coupe.